Lectures en survol et autres bizarreries

Tout comme mes camarades de blog, je reçois en sus du vin quelques ouvrages à lire… parfois modérément. Je vais de ce pas tenter pour vous un exercice des plus difficiles qui consiste à dire de chacun d’eux le plus grand mal comme, parfois, le plus grand bien. J’irai même jusqu’à vous signaler si les auteurs sont des connaissances. Je réclame donc par avance vos indulgences.

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Histoire de la Vigne et du Vin en Roussillon, de Pierre Torrès (20 €, Trabucaire)

Précis, pédagogue, historique comme son titre l’indique, riche en anecdotes, à l’instar de cette petite histoire du Jaoumet, un cépage local qui mûrit pour la Saint Jacques (Juillet), le livre de Pierre, un copain par ailleurs éminent ingénieur agronome bien connu du côté de Perpignan, fourmille de récits évoquant les riches heures de ce pays qui compte de nombreuses appellations aux fortunes diverses. Pour « spécialiste débutant ».

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Les Vins de Bourgogne, de Florence Kennel (15 €, Collection Les Livrets du Vin, Hachette Pratique)

Agrémenté pour chaque AOP d’une « sélection du Guide Hachette » et d’une fiche technique, d’un format agréable et d’une lecture à la fois simple et pratique, le livre de cette spécialiste reconnue, consacre aussi quelques pages au Mâconnais. Plus un survol qu’un examen profond et détaillé. Existe aussi en une version « Les Vins de Bordeaux » (par Antoine Lebègue). Pour « débutant vraiment débutant ».

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Sortie de Route, de Jean-Marie Lignères (19, 50 €, Éditions Baudelaire)

Nous sommes à l’époque où le rallye Paris-Dakar s’achevait bien sur les plages océanes de la banlieue dakaroise. C’était aussi une époque (années 80) où le Languedoc amorçait un début de renouveau. Pilote handicapé suite à un accident, directeur d’un Centre d’Aide au Travail qui exploitait le Château Lastours dans les Corbières, l’auteur raconte ces moments palpitants où il accueillait les journalistes du monde entier, les pilotes les plus chevronnés et les premières éoliennes… Pour « oenophile, corbiériste, aventurier, routard et mécano ».

La Vigne, collectif (15 € par an, Groupe ATC)

Le dernier numéro (Septembre) ne faillit pas à la règle qui veut que la plupart des enquêtes publiées dans ce magazine mini format ne dépassent pas une double page. Résultat, les infos les plus intéressantes sont rassemblées en quelques lignes. Un best of ? Les vignerons des rives de la Moselle unissent leurs forces, un vin aromatisé au cola, une pub pour un medium capable de « résoudre tous vos problèmes ». Pour « vigneron lecteur à l’heure du déjeuner juste avant la sieste ».

Recettes de ma Vigne, de Catherine Bernard et Anne-Sophie Thérond (18 €, Rouergue)

Lecture charmante et gourmande où quelques pages colorées sont consacrées aux sarments, aux feuilles de vigne, aux vrilles, au raisin, au marc, le tout agrémenté de recettes (une quarantaine) du genre de celles que l’on se transmet de mères en filles. Point de raisiné, mais un granité de vin doux à la gelée de vin facile à commettre. Comme toujours avec Catherine, on devine le soleil dans ses yeux. Pour « écolo, papapoule et campagnard ».

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Le Guide Bettane & Desseauve des Vins de France (24,90 €, Éditions de La Martinière)

Toujours aussi lourd, copieux (plus de mille pages et 7.400 coups bus !), peu oublieux des vins connus et archi connus, par la force des choses peu soucieux de découvertes, hormis celles de domaines reconnus depuis plus d’une décennie, spécialisés dans les GCC auprès desquels on a recueilli un prix « environ », « HT » ou « NC » (non communiqué), parfois un peu poussif et déjà vu dans le style « défense et illustration » quand, par exemple, Michel Bettane consacre un édito aux « chefs d’œuvre en péril » que sont les VDN. Certes, il est bon de se répéter et comme tous les marronniers se ressemblent… Un bon point : en achetant le guide on obtient le droit d’accéder au site des auteurs pour une année. Diantre ! Pour « vigneron en mal de reconnaissance ou simple amateur d’expertise ».

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Les Vins du Rhône, de Jean Serroy (39,50 €, Glénat)

Visiblement édité  « avec le soutien d’Inter Rhône », c’est un livre à ranger dans la catégorie « de prestige ». Donc, un bel ouvrage avec de belles photos et de jolis textes qui vous font descendre le Rhône en douceur jusqu’à son delta (les Costières) avec d’inévitables pages sur les grands chefs du secteur qui nous offrent leurs coups de cœur parmi lesquels, heureusement, quelques belles découvertes. Pour « l’amateur éclairé qui aime avoir une bibliothèque bien garnie ».

Catalogue Vins & Spiritueux (Gratuit, Caves Augé)

C’est un catalogue qui ressemble à un livre et cela fait des lustres (depuis 1850) que la très haussmannienne maison Augé, à Paris, l’édite. Son éclectique directeur, Marc Sibard, amoureux de Jerez, de vins de Champagne, aussi bien que de vins de Hongrie ou du Languedoc, met un point d’honneur à faire de ce catalogue un objet que l’on garde. Des portraits bien torchés émaillent l’ouvrage où la tendance « vin nature » a nettement la cote du moins dans les vignobles à la mode du Roussillon à la Loire en passant par le Jura. Ce qui n’empêche pas la présence de très chers vins « normalement » soufrés en Champagne, Bourgogne, Bordeaux et ailleurs… Pour « l’amateur, tout court ».

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Registre de Déclaration Récapitulative Mensuelle (Gratuit, Direction des Douanes)

Pour la bonne bouche, le livre que tous les vignerons dévorent chaque année dès sa sortie avec ses multiples cases à cocher ou à remplir, ses feuillets détachables à renvoyer, son stock à déclarer en hectolitre et en litre, ses paiements à assurer, ses capsules sous CRD à comptabiliser et tout un tas d’autres rubriques mensuelles aussi palpitantes les unes que les autres. Pour le « vigneron amateur de paperasseries ».

Michel Smith

13 réflexions sur “Lectures en survol et autres bizarreries

  1. Louis Barruol

    Diantre, David a sorti un bouquin sur « le goût des cépages »??? Miam, je vais de ce pas l’acheter et le lire. Quand tu vois l’ailier victime de la course en travers de toute la ligne de trois-quarts, tu sais qu’en rabotant, tu vas le découper aux abords de la ligne de touche. C’est avec cet état d’esprit détestable que je vais lire ce livre très courageux j’en conviens, et non moins original. Ca nous changera de tous ces ouvrages sur les régions viticoles, tous les mêmes, et tous remplis d’approximations et même d’erreurs. Mais David, les images gustatives que vous décrivez dans ce livre viennent de vins élaborés à partir de vignes cultivées « hors-sol », sous serre, avec maitrise des températures ? à la hollandaise ? Car enfin, si vous voulez vraiment parler de cépages de manière crédible, il faut gommer les autres
    paramètres, non ? Sinon, vous risquez de tomber dans l’approche complètement subjective de tous ces vignerons transis d’amour qui donnent au terroir ou à tel autre paramètre une importance exagérée, voire imaginaire ???? Mais je devrais lire d’abord. Ce que je vais faire. Si c’est un bon livre, il faudra logiquement écrire les volumes suivants dans la même collection: « Le goût des climats » , « Le goût des tonneaux » , « Le goût des vinifs » , « Le goût de l’écimage » , « Le goût des phytos » et……………. Ladies and gentlemen, le volume final, véritable sommet jubilatoire et spasmique: « Le goût du terroir » par David Cobbold !!!!!!!!

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    1. georgestruc

      Achetez vite cet ouvrage, Louis,car je viens de le recevoir et je suis resté pantois : notre cher David est-il converti au terroir, ou sa plume a-t-elle dérapé ? Voici ce que l’on peut lire à la rubrique Grenache et au sujet de Châteauneuf-du-Pape : « l’aridité du climat et la nature des sols, localement recouverts de gros galets roulés, permettent au grenache d’atteindre une pleine maturité. Les vins en tirent une profondeur et une suavité remarquables ».

      Bon, au passage, notons tout de même que mot « aridité » n’est pas le mieux adapté pour signifier le mésoclimat général de Châteauneuf-du-Pape ; nous ne sommes pas dans les confins sahariens…Et qu’il n’y a pas que des galets roulés dans cette AOP. Marc a écrit dans IVV des choses fort censées sur la dégustation de vins de Châteauneuf-du-Pape « pur grenache » avant élevage et assemblage, vinifiés à partir de vendanges sur calcaire, sur sables et sur terrasses à galets. Les sables sont aussi abondants que les terrasses à galets dans ce cru prestigieux.

      Mais l’effort est très méritoire et je le salue ostensiblement !! Bis repetita : même considération pour les terroirs dans l’encart consacré à Sancerre, page 103. En revanche, rien sur les préférences sol/terroirs des cépages du Jura, Savagnin, Poulsard et Trousseau. Interrogez les vignerons de cette région, ils vous diront qu’ils attachent la plus grande importance à l’association terroirs/cépages (marnes liasiques, marnes triasiques, éboulis calcaires…). En préparation sur le sujet : un livre de Michel CAMPY, en cours d’écriture.

      À propos de la Syrah, on peut regretter un léger manque d’informations sur le goût des syrah de la vallée du Rhône méridionale, par comparaison avec celui des syrah septentrionales (le sujet est à peine esquissé). À tous : essayez, si vous en avez l’occasion, de froisser entre vos doigts agiles des bourgeons de fleurs de cassis ; vous y trouverez l’un des arômes des syrah septentrionales, celles de Saint-Joseph en particulier. Certes, il faut avoir des cassissiers à portée de main…ce qui ne sera pas le cas tous les jours en parcourant les vignobles de la vallée du Rhône septentrionale.

      Sur l’ouvrage : j’apprends beaucoup de choses en lisant ce qui est livré par l’auteur sur des cépages que je connais peu, tout au moins en dégustation. C’est très bien écrit, sans verbiage, bien construit, pratique ; excellent vade-mecum de l’amateur éclairé en voyage dans notre pays et ailleurs en Europe ou dans le monde. Le grand public des amateurs cultivés ou en voie de l’être y trouvera largement son compte.

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      1. Sur Château 9, Georges, vous avez mille fois raison : j’en ai aussi un peu marre de la caricature simplificatrice qui voudrait que le cru passe obligatoirement par 13, 15 ou je ne sais plus combien de cépages, laissant entendre au consommateur que celui-ci devrait les retrouver obligatoirement dans chaque vin, qu’il soit rouge ou blanc. Marre aussi que l’on ne voit que de gros cailloux bien lourds, bien blonds, bien ronds et bien chauds, cailloux que l’on retrouve de toute façon ailleurs, en d’autres terroirs. Si je me base sur les vins que j’aime dans ce vin si représentatif du Sud, c’est le mélange des calcaires, sables et galets qui donnent les vins les plus complexes.

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  2. Bettane Michel

    Merci de ces aimables commentaires mon cher Michel qui prouvent que tu n’as lu qu’une page sur 10 du bouquin et certainement pas consulté la base de données internet. Des dizaines de producteurs très peu connus figurent dans chaque section, souvent les premiers à être reconnus par un guide même en Roussillon! Ce n’est pas grave, et sans rancune…….Ce guide s’adresse à tous y compris ceux qui sont intéressés par les vins connus………

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    1. Ah si Michel, j’ai pas mal feuilleté l’ouvrage. Et particulièrement les pages Roussillon, Languedoc, Rhône et Provence. J’ai même lu et apprécié le fait que des vignerons que j’aime bien ont grimpé l’échelle de la notoriété, passant de 2 à 3 B&D. Si j’étais vigneron, j’en serais fier. Mais tu as raison, je n’ai pas consulté la base de données sur le site. Bon, cela dit je ne voulais pas me lancer dans une énième diatribe sur un gros pavé qui a au moins le mérite d’exister et qui demande un travail énorme pour une équipe que je vois de plus en plus en action sur le terrain. Et sans rancune, comme tu dis.

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