La marque australienne Jacob’s Creek vient de diffuser sur le marché anglais un disque de carton censé permettre de marier vins et mets – pardon, cépages et snacks.
Parce que vous comprenez, aujourd’hui, l’Anglais grignote plus qu’il ne mange; mais ce n’est pas une raison pour lui de se priver de boire. Surtout si c’est pour apparier Merlot et chocolat, Pinot Grigio et nachos, Riesling et saucisses, chips aux vinaigres et Shiraz rosé (hmmm)…
Seasalt and balsamic vinegar crips & shiraz rosé
Anything But…
Plus globalement, Jacob’s Creek entend « éliminer le snobisme dans le domaine du vin » (sic).
Chardonnay ou pas, je sens que les pois au wasabi me montent au nez. C’est mon ABC à moi – Anything But Connerie.
Chacun mène sa communication comme il veut, et ce n’est pas à un fabricant de pastis que je vais reprocher de donner dans le popu (populaire, populiste, à vous de choisir). Je ne leur reproche même pas d’être Français et de produire du vin partout sauf en France – c’est vous dire si je suis tolérant.
Mais parler de snobisme à propos de cet art si difficile du mariage des saveurs, c’est insulter, non seulement ceux qui s’efforcent de produire de bons vins, mais aussi ceux qui s’efforcent de faire de la bonne cuisine. Sans parler de ceux qui font de leur mieux pour les réunir sur une table. En quoi est-ce être snob que d’avoir envie de boire et de manger bon? Et simultanément?
J’en ai soupé – c’est le cas de le dire – du nivellement par le bas. A l’école, à la télé, dans le journal, et maintenant à table! Faut-il qu’on prenne le consommateur pour un demeuré, pour le gaver ainsi de messages prédigérés, simplifiés, ad usum stupidi? Ne peut-on plus le prendre pour un adulte, en appeler à son jugement, ou même tenter d’élever ce jugement en l’informant vraiment? Ad augusta per schola.
Ah oui, j’oubliais, le latin ne sera bientôt plus au programme. On mettra peut-être le texto à sa place?
Sans moi, les gars.
Quitte à passer pour élitiste, quitte à perdre des lecteurs au sein des nouvelles générations, ou même de ceux qui veulent faire djeun, j’emmerde les wine-snackers, le newtalk, la vulgarité, le populairement correct, l’acculturation, sans oublier le marketing des alcooliers. Nous ne sommes pas Les 5 du Pinard, nom de nom!
Court, mais efficace !
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Ping : Snobs, les accords vins & mets? | Wine Planet
Heureusement que de nombreux anglais (et en plus je suis mariée à l’un d’entre eux) apprécient vraiment les accords de beaux vins avec des vrais mets de gastronomie.
tu as raison Hervé de t’énerver et je t’envoie toutes mes amitiés épicuriennes. Christine, chef de projets des Grands concours du monde à Strasbourg.
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Hervé, ton papier est aussi bien torché que des tapas de qualité avec une copita de Fino ! C’est dire aussi mon ambiguïté face à ce que tu appelles le nivellement par le bas. Car le revers de la médaille est aussi le contingent des précieuses ridicules qui te disent qu’avec tel plat spécifique il faut impérativement telle cuvée introuvable, forcément rare et chère, tout en glosant sur les sensation qu’eux ont éprouvé en les dégustant alors que ce résultat est non seulement inatteignable mais hautement improbable pour qui que ce soit d’autre. Le domaine des accords met/vins est un « terroir » fait de sables mouvants.
Paradoxalement c’est une question qui préoccupe tant d’amateurs. Je le constate par le volume de questions sur le sujet que je reçois lors de mes cours. De la vingtaine de livres sur le vin que j’ai commis (seul ou avec d’autres) un seul s’est très bien vendu et il concernait ce sujet (Vins cherche plats / Plats cherchent vins). Mais je pense néanmoins que 70% de ce qui est dit sur le sujet c’est du bullshit (y compris par moi, probablement).
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Je rajouterai, après avoir regardé attentivement leur roue de la fortune, qu’ils (Jacob’s Creek, qui fait par ailleurs des vins très correctes) ont au moins le mérite d’avoir mis en avant le riesling et aidé à faire connaître le fiano ! Combien de vous, chers lecteurs, connaissent le fiano ?
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Rassurons David: les lecteurs de ce blog connaissent le fiano (j’en ai deguste un pas plus tard que ce lundi chez les ‘Affranchis’).
Mais c’est un blog elitiste!
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Moi, je connais surtout le Fino, mieux que le Fiano. D’ailleurs, je vais me jeter dessus en me préparant quelques lamelles de chorizo « piquant ». Sans oublier les asperges que les nouveaux consommateurs ciblés par la « roue de la fortune » ne connaissent pas encore.
Et je vais essayer de retrouver l’excellent ouvrage de David pour y piquer quelques idées car je crois encore à la possibilité de suggérer quelques mets sur certains vins. Pourquoi ? Parce ça émoustille nos lecteurs qui, eux mêmes, auront la possibilité de tenter leurs propres découvertes. Le vin est aussi un jeu, ne l’oublions pas. Ou alors on s’emmerde drôlement ! 😉
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Très juste Michel. Je propose que tu écrive dorénavant avec le sous-titre « le sage des 5 »
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Ce latin que vous voulez supprimer, un de ceux qui me l’ont enseigné portait « le vieux corbeau » comme surnom (ô palaios korax, oui, je sais, c’est du grac, euh, du grec). Il avait comme maxime: « Je suis vieux. Car être vieux, c’est être sage. Je suis vieux et sage ». A toi, Michel.
PS: Denis, la « Délicieuse » possède, tu le sais, des racines en Campanie. Normal que nous connaissions le vin d’Avellino.
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Joli coup de gueule, Hervé, à propos de ce nivellement par le bas et de cette acculturation aussi galopante que l’était autrefois la phtisie… Les accords mets et vins connaissent un succès de plus en plus affirmé et, si l’on excepte les chochottes dont parle David, un pourcentage très élevé d’exercices réalisés dans le cadre de cette démarche sont le fait de gens honnêtes, qui utilisent des vins accessibles et des produits locaux. Dans l’espace où je me trouve, (Rhône sud) de plus en plus de domaines, de cavistes, de cuisiniers (terme que je préfère à celui de « chef », car il englobe une population plus vaste) réussissent de façon exemplaire cet exercice délicat. Ce n’est pas « un terroir fait de sables mouvants » (le terme de terroir n’a pas sa place dans ce segment de phrase, mais comme il est honnis par David, je comprends qu’il ait été utilisé de façon stigmatisante…), mais une source de développement qui possède une place importante dans le cadre de l’œnotourisme. Ceci étant dit, on peut également assister à des pseudo – accords mets et vins mis en œuvre uniquement dans le but d’attirer le chaland, mais cela ne possède aucune chance de durer étant donné que l’amateur de vins et de cuisines est de plus en plus attentif, cultivé et curieux.
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Tout ça me donne presque envie d’acheter toute la gamme Jacob’s Creek (mais le trouve-t-on en France ?) et d’en faire l’essai avec les produits/préparations mentionnés. Je déteste le popcorn, mais enfin on ne recule devant aucun sacrifice pour la cause, n’est-ce pas ?
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Quand tu passeras à Waterloo pour le bicentenaire, tu pourras trouver toute la gamme ou presque en grande distribution.
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Courage ! 😉
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De fait, coup de gueule salutaire. On ne peut qu’adhérer. Les accords sont si loin d’une simple roulette en plus, c’est très réducteur.
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David, pour aimer le popcorn, il faut se lever avec les poules. Et la meilleure manière d’être là à leur réveil, c’est d’y être aussi au coucher. Tiens, une idée peut-être?
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