A ‘Taste of Spain’, la plus grande vitrine de Bodegas espagnoles jamais présentée à Vinexpo!

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Le ticket d’entée était à 50€, il y avait la queue—J’imagine que la plupart avaient reçu une invitation, c’était mon cas, d’ailleurs.

Je sais que Vinexpo parait déjà loin derrière nous, mais il faut que je vous raconte « A Taste of Spain », annoncé comme l’un des moments phare et passionnant de Vinexpo Bordeaux 2017. La 19e édition avait cette année pour invité d’honneur l’Espagne, ce qui explique cette dégustation! Organisé en collaboration avec le magazine Wine Spectator, l’évènement s’est déroulé dans la soirée du 19 juin au Palais de la Bourse, dans un environnement culturel et historique unique idéal pour une dégustation de vins espagnols exceptionnels.

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Il s’agissait d’une présentation sans précédent, regroupant plus de 100 des principales bodegas espagnoles sélectionnées par Wine Spectator et choisies pour refléter la diversité régionale, le leadership historique et la qualité des vins d’Espagne. Thomas Matthews, a déclaré “En tant que dégustateur responsable des vins espagnols pour le Wine Spectator depuis plus de 20 ans, j’ai suivi l’évolution dynamique du pays, en qualité, en style et en diversité. Nous sommes heureux de donner au pays la vitrine qu’il mérite ».  Pour l’occasion, les grands chefs Ferran Adrià et José Andrés avaient sélectionné 12 jeunes chefs espagnols qui avaient fait préparer les meilleures tapas espagnoles. Ils ont servi tout au long de la soirée de merveilleuses petites assiettes de leurs spécialités dont nous nous sommes régalés.

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Le succès de la soirée a étonné tout le monde, il y avait foule, au-delà des attentes, un mélange international de vignerons, viticulteurs, négociants, courtiers, importateurs et journalistes. La chaleur n’a découragé personne, et pourtant dans certaines parties, c’était suffoquant et déguster relevait de l’exploit. Peu importe, les Espagnols étaient très fiers d’être là, au Palais de la Bourse de Bordeaux, les organisateurs se sont félicités de ce succès et les participants avaient l’air heureux.

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Maria del Yerro , son fils et Peter Sisseck, regardez comme ils ont l’air heureux!

Rafael Palacios, présentait son blanc O Soro, un des meilleurs blancs espagnols!

Que rajouter, sans jouer les trouble-fêtes????

Eh bien, si j’adhère à tout ce qui a été dit et écrit, ce n’est qu’en partie; je ne puis vous cacher le sentiment de frustration que j’ai éprouvé tout au long de la soirée. Car ce Taste of Spain, n’a montré qu’un visage de l’Espagne viticole.

Les bodegas les plus renommées, les plus grandes marques y ont certes participé, et même plusieurs stars du vignoble espagnol étaient là en personne, Peter Sisseck, Alvaro Palacios, Rafael Palacios, pour ne citer qu’eux.  Beaucoup d’amis que j’ai eu tellement de plaisir à saluer, beaucoup de domaines dont j’apprécie les vins ont,  c’est vrai, très bien représenté la qualité du vignoble ibérique.

Mais où était la nouvelle Espagne viticole ? Tout ce pan de la nouvelle génération, les nombreux petits vignerons, tous ceux qui sont en train de révolutionner le vignoble espagnol, eux n’étaient pas présents.

Ce Taste of Spain est-il réservé à tous ceux qui avaient le moyen de se payer le stand (6.000€, si mes sources sont bonnes)? Je pose la question.

Encore et toujours un problème d’argent, car je ne ferai pas l’injure au Wine Spectator de croire qu’ils n’ont pas encore découvert l ‘Espagne viticole actuelle, qu’ils ont 15 ans de retard !  Peut-être ont-ils voulu protéger le marché français de la concurrence? Allez savoir? Attention, je ne suis pas en train de dire que les bodegas choisies ne valaient pas le détour, bien au contraire, je souligne simplement qu’en matière de nouveautés, présenter Borsao, Protos, Baron de Ley, Ramon Bilbao,Faustino, Codorniu, ou Terras Gauda ect, ect… c’est bien maigre et largement insuffisant. Quand je relis les propos du Wine Spectator : « Nous pensons que A Taste of Spain marquera un tournant dans la filière viticole espagnole. Avec un rassemblement sans précédent de grands producteurs et de chefs clés, cet événement présentera la richesse et la diversité d’une des cultures vin et gastronomie les plus dynamiques en Europe »…  je cherche encore le dynamisme de leur sélection !

Les domaines d’où seront issus les grands vins de l’Espagne de demain étaient absents. J’ai eu de la peine pour ce magnifique pays viticole qu’est l’Espagne, qui met en avant comme jamais il n’avait su le faire ses terroirs et ses cépages autochtones, qui explose de talents nouveaux dans chaque zone – pas un coin de l’Espagne n’échappe à ce renouveau. Ce pays qui nous livre des vins passionnants, émouvants et différents, n’a pas pu les présenter à Bordeaux. Quel dommage, et, quelle occasion manquée!

C’était quand même pour beaucoup et même pour moi, une soirée magique, nous avons gouté des grands vins et manger de la nourriture extraordinaire. Les participants n’ont pas été déçus, ils ont retrouvé l’Espagne qu’ils connaissaient, quand même pas celle de la Paella et des vins pas chers, heureusement. C’est ce que nous retiendrons, en espérant que l’Espagne du renouveau pourra se rattraper prochainement.

Hasta Pronto,

 

MarieLouise Banyols

10 réflexions sur “A ‘Taste of Spain’, la plus grande vitrine de Bodegas espagnoles jamais présentée à Vinexpo!

    1. Certes Marilou, mais en ce palais du vin d’un soir ne comptait que la réputation actuelle. Et attention danger, il est toujours délicat d’inviter peut-être des rebelles qui proposeraient des vins croquant et frais. Quoiqu’à Bordeaux, on préfère certes le classicisme d’un Protos (qui s’est d’ailleurs bien dépoussiéré).
      Marco

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      1. Charlier Luc

        Marc, tu parles des protos-zoaires, je suppose? J’ai visité la cave tentaculaire sous la colline du château, en 1988 ou 1989. Cela a bien évolué depuis. Il régnait à l’époque la même atmosphère que dans une cave à vieux rancio. C’est délicieux pour des vins doux hors d’âge, mais pour du rouge sec ….

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    2. Charlier Luc

      Je dirais même plus, les grands morpions de demain sont transmis par les beaux petits yeux de ce soir. Je pense que Madame Claude aurait été d’accord.

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  1. Belle chronique, MLB. Et les interrogations « populistes » qui vont avec auraient pu sortir de la plume d’un Léon occasionnel. La vigne à deux vitesses. Un bâtiment comme la Bourse historique convient parfaitement.
    A part Nestlé, qui l’ancien d’El Bulli avai-il aussi invité pour les tapas? Pas folle, la guêpe, comme on dit chez les néonicotinoïdes …

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    1. Voilà cher Luc, pour satisfaire votre curiosité les chefs invités: » Ferrán Adrià et José Andrés seront accompagnés d’une douzaine de chefs de renoms Albert Raurich , qui va préparer ses haricots de Santa Pau aux des palourdes, Andreu Genestra et ses crevettes rouges aux amandes vertes, Diego Gallegos et son gaspacho de tomate verte aux filets de sardines grillées, Javier Olleros et des coquilles Saint-Jacques – porc/sel, algues et tomate, Marcos Morán pour un ragoût de tripes de morue, Rubén Sánchez-Camacho et ses plancha, Aurelio Morales avec une oreille de porc épicée, Ignacio Echapresto et sa version Rioja de la morue, Juan Carlos Padrón et son boudin noir au turron, Miguel Mayor Ange et son riz de canard, Pablo Loureiro pour ses morceaux de confit de thon. »
      MLB

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      1. Charlier Luc

        Merci, ,j’en salive déjà rien qu’à l’évocation de l’agar-agar, de l’amarante, du miso en poudre, des fonds déshydratés, de la poutargue lyophilisée, des extraits de café Nespresso, du Spigol … la panoplie complète des « grands chefs » modernes espagnols. Sur ce point au moins, Vincent Pousson a raison (souvent). Je suis de plus en plus gourmand, de plus en plus admiratif des cuisiniers qui travaillent le vrai produit avec sincérité. Mais le grand barnum médiatisé de la pyrotechnie alimentaire me débecte, sur toute sa gamme de SF à Top-chef en passant par les Bocuse etc. Cela a eu eu un sens, jadis.

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  2. Je suis entièrement d’accord avec vous, pour ma part, je ne recherche que le produit vrai et nous ne fréquentons aucune de ces tables. Je dois cependant reconnaitre que le ragoût de tripes de morue était excellen, ainsi que les haricots de Santa Pau aux palourdes.

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  3. Je vois que votre article, Marie-Louise, suscite un large débat. Et c’est tant mieux pour la diversité des opinions. Personnellement, je pense que les » jeunes vignerons espagnols prometteurs » s’y sont très mal pris. Bien sûr qu’ils n’allaient pas être invités à la manifestation officielle « a taste of Spain », cette manifestation consacrant les valeurs reconnues, mais c’était à eux et à vous Marie-Louise qui les défendez d’organiser un OFF à Bordeaux, et bien entendu les meilleurs journalistes vous auraient rejoint. Je n’invente rien, comment fonctionne le théâtre et les OFF d’Avignon? Avez -vous visité le Salon des Vins de Loire à Angers ? Il ne s’y passe plus grand chose ; l’âme du Salon est passé au Grenier Saint-Jean, longtemps le OFF maudit du Salon officiel. Allez ! Au boulot pour préparer 2019 !

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