Je vous l’avais annoncé, ce lundi 11 juin à 10h, le salon ouvrait ses portes, à la Galerie d’Art, à seulement 100 mètres du « Centre du Monde » (c’est comme ça que Dalí a baptisé la gare de Perpignan). La Première rencontre Européenne des vins oxydatifs commençait ! Pour ceux qui ne sont pas venus, vous n’imaginez pas ce que vous avez perdu! Certaines bouteilles nous ont fait vivre de beaux moments de partage et d’émotions avec les vignerons ! C’est tout ce que nous apporte cette culture traditionnelle, complexe et exquise, qui bouge et peut laisser perplexe celui qui la découvre. Ces vins centenaires dont les gouttes s’inscrivent dans ces bouteilles, en arrivent à altérer notre structure moléculaire, et nous remue.
Malena, une amie uruguayenne me disait: « Il peut y avoir une création humaine égale, mais pas supérieure ». Tous ces vins de mémoire et de témoignage se sont donnés rendez-vous à Perpignan, les amateurs, les passionnés de vins oxydatifs, mais aussi les professionnels sont venus nombreux, beaucoup ont traversé la frontière. Ils ne l’ont pas regretté; tous ont confié en partant avoir fait de très belles découvertes, et connu des moments uniques.
Au programme, plus de trente domaines, la plupart du Roussillon, (IGP Côtes Catalanes Rancio Sec et IGP Côte Vermeille Rancio Sec), certains du Languedoc, d’autres venus du Priorat, de la Terra Alta, de l’Emporda, de Jerez, de Montilla-Moriles et même de Sardaigne, et de Sicile. Faisant partie de l’organisation j’étais pas mal occupée tout au long de la journée, mais j’ai quand même eu le temps de (presque) tout déguster, suivez-moi pour un petit voyage dans le monde des vins oxydatifs secs…
Commençons par aller voir ce que nous réservent l’Espagne et l’Italie:
Jaume Balaguer (Arrels del Priorat)
Michel Smith a écrit «Un vin exceptionnel ! Redégusté à la fin de la journée, il m’a accompagné durant tout le trajet de retour vers Pézenas. Il marquera mes souvenirs pour longtemps. On m’avait dit que plus un rancio est vieux, meilleur il est ! Cela s’est confirmé lors de ma dégustation d’hier à la Première Rencontre Européenne des Vins Oxydatifs « Be Ranci ! » à Perpignan.»
Scala Dei.
Scala Dei présentait un vin unique en son genre, Antecessor Brugueres 1997, un vin blanc de 20 ans d’âge, 100% grenache blanc. J’ai aimé sa complexité aromatique, avec ses notes de fruits secs, son boisé intégré, sa belle oxydation, son caractère minéral et son acidité. Il m’a rappelé un peu les amontillados.
Vall Llach, les vins de lumière
Présentée comme un parfum précieux, en flacon de 20 cl, cette merveille est âgée de cent ans en moyenne.L’histoire est émouvante : Il sort d’une vielle barrique de 1927 de Cal Vall, la maison de la mère de Llach, qui en ont toujours élaboré, et ils viennent d’embouteiller 60 litres en hommage à Marie Cal Vall.
Quelques gouttes suffisent!
Domaine Vinya Ferrer (Terra Alta)
Deux amis d’enfance, Marcel Carrera et Ramón Viña ont décidé de faire du vin nature ensemble. C’était en 2010, ça représente en tout 2 ha de grenache et 1h de Cariñena et Morenillo ! Leur Rancio, avec un nez net et expressif, aux parfums de mon enfance, torréfaction, menthol, fruits secs, une bouche savoureuse, ample avec des notes de noix, de noisettes grillées et zeste d’orange, finale agréablement amère.
La Vinyeta ( Emporda)
Plus près de chez nous, Josep Serra nous a présenté son Ranci Sereno. J’aime La Vinyeta, leur façon d’entendre la vie, l’espace unique qu’ils ont créé, en harmonie avec l’environnement qui les entoure, l’énergie qu’ils déploient et qui se traduit dans les vins, et dans les étiquettes ! Vino rancio Sereno un vin oxydatif surprenant, élaboré à partir du cépage grenache gris.
En Andalousie subsiste une authentique culture, les bodegas de Jerez et de Montilla Moriles possèdent leur secret
Les jerez d’Emilio Hidalgo
Juan Manuel M. Hidalgo –un des membres de la cinquième génération de cette bodega familiale était là! Les plus anciennes soleras d’Hidalgo, qui contiennent des oloroso, palo cortado et pedro ximenez d’exception, datent de la seconde moitié du XIXème siècle.
La Panesa, c’est un fino extraordinaire élevé sous voile pendant un minimum de 15 ans dans une soléra qui a débuté en 1961. C’est le nom de l’une des parcelles de ce domaine familial.
El Tresillo 1874 – especial amontillado viejo, chaque bouteille contient une infime partie de ce premier millésime, 1874, date de lancement de la solera. C’est un amontillado d’une exceptionnelle puissance. Un nez d’une grande complexité mélangeant des notes d’épices de fruits secs et de bois exotique. Puissant mais suave, et très long.
Marqués de Rodil est un palo cortado. Cette cuvée passe en moyenne plus de 15 ans en élevage à la bodega, dont la moitié sous voile, comme un fino. D’une extraordinaire complexité aromatique, de belle puissance et d’une grande longueur en bouche, avec une remarquable fraîcheur saline.
Les Montilla Moriles de Bodegas Robles
Fondée en 1927, à la fin des années 90, la troisième génération prend la relève. Les frères Pilar et Francisco Robles décident que les principes des grands-parents doivent être maintenus et appliqués en utilisant la meilleure technologie disponible aujourd’hui. C’est précisément ce qu’ils ont trouvé dans l’agriculture biologique
Fino, parfumé, à la fois délicat et puissant. Des arômes de fruits frais qui lui gardent toute sa jeunesse, associés à des notes légèrement oxydatives, d’amandes, et des senteurs méditerranéennes.
L’amontillado est un vin de caractère, au nez, il est intense, avec des arômes de noix et légèrement épicé, laissant une sensation de douceur. La bouche est ronde, suave et en même temps légèrement amère, intense et longue. Très bon. Dans le film Le Festin de Babette, l’amontillado est servi avec de la soupe de tortue.
L’oloroso, puissant et harmonieux. Gras et délicatement suave, bien que sec, frais, gourmand et avec une subtilité aromatique croissante. L’alcool passe inaperçu ce qui donne un vin doux et très aromatique qui laisse un très long souvenir.
J’ai aimé son vermouth, délicieusement épicé et parfaitement dosé.
Les Montilla Moriles d’Alvear
Fondée en 1729 c’est la bodega la plus ancienne d’Andalousie, huit générations ont gardé vivant leur amour du vin « avec enthousiasme, rigueur et passion » . Tous ses vins sont élaborés à partir du cépage Pedro Ximénez, le meilleur héritage de Montilla. María Alvear vient d’en prendre les rênes, elle était au Salon pour nous faire gouter ses trésors.
J’ai admiré son fair-play et sa patience, elle n’a reçu ses vins qu’a 15h et seulement un carton sur 4 envoyés!
Le Fino Capataz provient de la plus vieille solera solera de la cave qui, malgré son âge, garde toujours le voile. Il est juste à la frontière subtile qui sépare les vieux Finos des Amontillados plus jeunes. Il est racé, plein, sec, savoureux et légèrement amer. Grande persistance finale.
La Criadera est un très vieux Fino ( plus de 12 ans de vieillissement biologique), dans lequel à la fin a commencé un vieillissement oxydatif (sans voile de fleur). C’est donc un Fino qui pourrait aller à l’ amontillado. Très élégant. Sec, expressif et puissant. Avec des notes salines qu’il tient de la concentration due à son vieillissement prolongé.
Un oloroso élaboré de la même façon que les Fino mais avec la particularité qu’ici l’élevage se fait uniquement par oxydation et non d’une façon biologique sous voile. Arôme intense et profond, avec de légères notes de raisins secs provenant du PX. En bouche, senteurs boisées très élégantes, très long avec de légères nuances douces et des notes de noisettes et amande grillée. Très persistant, notes douces du PX qui participe à son élaboration
Marco de Bartoli (Sicile)
De Sicile, Giuseppinna est venu nous présenter, un rancio de cépage grillo, issu d’une solera de 20 ans. C’est le type historique, pré-britannique, du marsala, sec et marqué par un goût de rancio. Très beau vin. (Bruno Stirnemann)
Nino Barroco (Sicile)
Nino Barraco est un incontournable vigneron sicilien, il veut ramener à cette région les souvenirs oubliés et proposer des vins d’émotion, en permettant aux amateurs de redécouvrir les vins qui sont vraiment les plus traditionnels de cette région. Pourvus de personnalité, de caractère, les vins sont aussi délicieux qu’ils sont surprenants. Son AltoGrado (50% Inzolia (aussi appelé Ansonica), 50% Grecanico) élevé 8 mois en cuve ciment, est un vin d’une grande intensité aromatique avec des arômes d’ amandes et des noix, un vin très élégant avec une belle fraîcheur.
Azienda Vinicola Contini, Sardaigne
Andreas Atzori et Piero Cella (oenologue) ont présenté les vins. Le domaine Contini a été créé il y a plus de 111 ans, en 1898, par le fondateur Salvatore Contini, un véritable pionnier. La cave s’est consacré au cépage Vernaccia qui a été le premier à bénéficier d’une DOC en 1971 et à partir duquel les Contini ont obtenu un vin qui a été le premier vin sarde à obtenir 3 verres* au guide gastronomique Gambero Rosso en 1989
Visiteurs et vignerons ont partagé un déjeuner dans la cour, préparé par les restaurateurs de la région pour l’occasion. Il y avait le choix entre les assiettes du SILEX (coque, tomate, anchois, morue fumée, houmous cumin, curcuma), celles du DIVIL (tartare bœuf, anchois, aneth, croutons, Pastrami), celles du Yum- Yum et, pour finir l’assiette de fromages du Bar à lait.
Le rancio sec, ce vin dont le rapport au temps est à nul autre comparable…
La semaine prochaine, je vous parlerai du Languedoc et du Roussillon.
Hasta Pronto,
Marie–Louise Banyols
PS. Un grand merci à Monsieur le Préfet, nous n’attendions pas sa visite, elle nous a fait très plaisir!
Cela a dû être un moment génial, le genre de rendez-vous à ne pas manquer quand on aime ce genre de vins. Il y a plusieurs domaines que je connais, sauf que je ne savais pas qu’il faisait de l’oxydatif comme Vall Llach. Contini, c’est top, j’y suis allé il y a une dizaine d’années, il doit m’en rester une ou deux bouteilles. Et puis, j’ai reconnu quelques visages sur tes photos, mais dis-moi, c’est qui le grand type en bleu avec un chapeau, il me semble l’avoir croisé il y a bien longtemps, cela devait être dans une autre vie…
Merci Marilou.
Marco
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Ping : Curieux Chenin que celui-là ! | Les 5 du Vin
Bonjour et merci pour cet article qui fait rêver, j’ai cherché le 2eme volet sans succès (même en étant sobre), pouvez-vous m’indiquer où il se trouve s’il vous plait ?
Dans l’attente de pouvoir assister à la future eédition post-pandémie,
Bien à vous, Nicolas
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Cher M. Godelle, voici le lien vers le deuxième volet
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Merci infiniment !!
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