La chasse au sanglier et la vie qui continue…

À moins d’être surveillé de près par les associations de défense des animaux, organismes que je soutiens volontiers quelques fois, sauf quand ils s’attaquent au foie gras – je m’empresse de le dire avant qu’un déluge de plaintes n’encombre notre site, je compte aborder un sujet sensible qui va mettre tous les vignerons d’accord (même les écolos) au moins dans le Sud, mais qui laissera perplexe les gens de la ville.

Je veux vous parler de sangliers gloutons, végétariens et trop souvent même frugivores. De ces cochons sauvages pesant parfois plus de cent kilos qui se penchent délicatement sous la grappe de muscat pour la saisir à pleine gueule et en aspirer les grains au point de ne laisser sur souche que la rafle. Un égrappage total mais trop prématuré aux yeux de beaucoup de vignerons, accompagné le plus souvent de dégâts sur la vigne sous forme de piétinements intempestifs et de trous profonds sans aucun ménagement pour les jeunes plants et les branches chargées de raisin.

Photo©DR

Crédit photo : STBPHOTOS (droits protégés).

Rien de grave a priori, juste une sorte de labourage qui pourrait rester sans grosses conséquences. Sauf que lorsqu’il s’agit de hordes de sangliers, de bêtes solitaires et gourmandes ou de passages répétés et réguliers la nuit et même dans la journée, les pertes peuvent être conséquentes, voire désastreuses. Chez nous, dans le trou du cul de la France, les PO, si vous préférez, notre seule chance d’éviter le pire est de s’en remettre aux chasseurs. Il en va de même dans d’autres régions où je me suis rendu récemment et où les ravages sont notoires, comme en Provence.

Cependant, il y a un hic. D’une part, ils (les chasseurs) sont de moins en moins nombreux dans les villages qui se meurent et d’autre part, il n’acceptent d’opérer une efficace et salutaire battue que lorsque le Préfet donne son autorisation pour ce qu’il est convenu d’appeler une «battue administrative», chose qui peut demander quelques jours, voire quelques semaines vu que les fonctionnaires ont d’autres chats à fouetter. On pourra lire à ce sujet l’intéressant article que Corine Saboursaud consacre au sujet dans le quotidien local L’Indépendant.

Labourage dans les vignes assuré par les sangliers/ Photo©MichelSmith
Labourage dans les vignes assuré par les sangliers/ Photo©MichelSmith

Dans cet article, on comprend que si on laissait aux présidents de chasse le soin de gérer ces problèmes localement et de manière préventive dès le début Juin plutôt que d’attendre l’ouverture officielle du 15 Août pour opérer des battues administratives, le vignoble s’en porterait mieux. En attendant, les vignerons s’organisent: certains disposent des clôtures électriques la plupart du temps peu efficaces (il faudrait au moins deux rangées de fils tendus à bonne hauteur), du moins c’est ce que j’ai pu constater dans les Corbières, tandis que d’autres, tel Hervé Bizeul, préconisent de coûteuses clôtures grillagées qui, à condition d’être enfoncées solidement sur une certaine profondeur dans le sol et d’être suffisamment hautes, se révèlent utiles non seulement contre les sangliers, mais aussi contre les lièvres et lapins de garennes qui pullulent par endroits comme ce fut le cas l’an dernier dans ma propre vigne.

Bernrd Sapéras avec son Ranfio Fino... Photo©MichelSmith
Bernard Sapéras avec son Ranfio Fino… Photo©MichelSmith

Comme toujours, il y a d’autres « trucs » qui permettent d’éloigner les sangliers de la vigne. On parle d’urine et de touffes de cheveux humains. On dit aussi qu’il suffit de faire défiler la nuit un enregistrement de voix humaines. Lorsque j’avais des vignes sur le territoire très accidenté de Banyuls-sur-Mer, on n’avait pas trouvé mieux que de tirer des coups de canons dès le matin pour faire fuir les bêtes !

Tenez, en parlant de ça, je repense à mon ami Bernard Sapéras, du Domaine Vial-Magnères. Il m’en aurait raconté de belles sur les sangliers de Banyuls, lui qui prenait un soin particulier à bien tenir ses vignes. Ce chimiste de formation qui vinifiait un rancio sec de première, le fameux « Al Tragou » (« à la régalade » ou « au jet de vin », comme on dit ici), un des plus beaux vins de l’appellation Banyuls, sans parler de son « Ranfio Fino », un blanc façon Jerez, vient de nous quitter sans prévenir.

Je sais, c’est la vie, tout comme ces histoires de sangliers amateurs de raisins gorgés de soleil. Oui, c’est la vie.

Bernard avec son Al Tragou 1986. Photo©MichelSmith
Bernard avec son Al Tragou 1986. Photo©MichelSmith

Michel Smith 

10 réflexions sur “La chasse au sanglier et la vie qui continue…

  1. D’abord un mot (et c’est insuffisant) pour Bernard Saperas. J’ai énormément apprécié ses Banyuls et, brièvement, l’homme que j’ai côtoyé le temps d’une émission de radio (In VIno BFM) en direct lors de la fête des vins de Collioure/Banyuls en 2010, je crois. Un Monsieur.

    Quant aux sangliers, j’ai constaté cet été que la situation était parfois encore pire en Corse. Le fils d’un vigneron très respecté sur l’île en a tué plus de 50 depuis le mois de juin! C’est un cas d’auto-défense, car ces bêtes détruisent même les clôtures tressées. Il faudrait trouver un débouché pour la viande afin d’encourager les chasseurs. J’ai eu beau bouffer du pâté et du civet, cela ne suffira pas. Autre chose: contrairement à l’idée reçue selon laquelle ces cochons viennent manger le raisin mûr, ils viennent en réalité se désaltérer avec le jus, donc ils détruisent les grappes bien avant la maturité. Ceci explique probablement pourquoi ils représentent une plus grande menace dans les régions chaudes.

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    1. Tu as raison David… Peut-être devrait-on mettre des tranchées d’eau autour de la vigne, si l’on a la chance d’avoir un puits à côté.
      @ Valérie : je ne savais pas que tu étais sortie de ta diète, Diotte.

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  2. J’ai perdu plus de 5000 kg de raisins cette année. Malheureusement je n’ai pas les moyens de tout clôturer. Tu as raison Michel, les chasseurs sont moins nombreux, plus vieux et donc tirant moins bien. C’est la cata.

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  3. BREGEON St

    Mr Smith…
    Nous voyons au dessous de vos photographies la mention de crédit « Photo©MichelSmith » ce qui est bien normal. Mais nous voyons également la mention DR sous la photographie de la compagnie de sanglier. Nous vous remercions de cette bonne attention. En effet, nous imaginons que vous savez tout le sens de cette mention « DR » qui est l’abréviation de … Droits Réservés. C’est à dire dans l’attente de s’acquitter des droits photographiques consentis. Et bien oui Mr Smith, c’est image n’est pas libre et vous ne possédez pas les droits d’utilisations. Du moins pas encore…
    Pour vous en rendre compte, il vous suffit de lire les exif et iptc incorporés au fichier en question que vous avez « volé ».

    Nous sommes désolé de vous faire part de cette malheureuse situation ici en public mais n’ayant pas trouvé une adresse Email valide…

    Nous restons donc dans l’attente de votre réponse et pouvez nous contacter à l’adresse suivante:
    contat[at]stbphotos.com

    Vous en souhaitant bonne réception

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    1. Bonjour Monsieur Brejeon,

      Puisque la chose est publique, c’est bien volontiers que je vous réponds ici, n’ayant rien à cacher.
      Mon intention n’était pas de « voler » une photo qui figure parmi des milliers d’autres sur la Toile. Par précaution et par déontologie j’ai signalé que cette photo pouvait être sous copyright en employant la mention « DR » n’ayant pas trouvé de mentions évidentes de copyright. Si une telle mention figurait, et si je l’avais vue, je me serais gardé de publier cette photo.
      J’ajoute que ce n’est que très rarement que je vais sur la Toile pour chercher des illustrations afin d’accompagner mes articles. Lorsque je le fais, je prends toujours la précaution de chercher si la photo en question est libre de droits.
      J’ajoute aussi, qu’à l’instar de mes collègues de blog, nous ne sommes pas rétribués pour les articles que nous publions et que notre diffusion ne se fait que dans le cercle très restreint de la viticulture.
      Deux solutions évidentes s’offrent à mes yeux :
      -soit je supprime la photo incriminée et je fais mes excuses publiques en signalant que vous en êtes l’auteur. Dans ce cas, on oublie ce malencontreux emprunt.
      -soit vous adressez à mon adresse personnelle une facture en bonne et due forme apportant la preuve que vous êtes bien le propriétaire de ce cliché et je vous adresse en retour un chèque correspondant au montant, dans la mesure où celui-ci est raisonnable bien entendu, compte tenu du fait de sa modeste taille de reproduction et de la diffusion plutôt restreinte de mon article étant publié dans un blog qui n’a pas la popularité de celui d’un grand média.
      Mon adresse : Michel Smith, 19 rue Pierre Lefranc, 66000 Perpignan.
      J’espère avoir répondu à vos attentes.
      Sincèrement,
      Michel Smith

      PS Il existe une adresse d’administrateur à laquelle vous auriez pu écrire et votre demande m’aurait été adressée directement.

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  4. BREGEON St

    Bonjour Mr Smith,

    Plusieurs choses doivent vous être précisées…

    – Tout d’abord cette image comporte une mention de « copyright » comme je vous l’ais précisé. Cette mention figure dans les exif comme cela doit être appliqué.
    – Il n’y a AUCUNE photographie « libre de droit » sur le web. Elles ont toutes un auteur et sont protégées par le CPI. D’ailleurs sachez que pour votre information personnelle, le terme « libre de droit » n’est pas applicable en droit Français. Ce terme est donc complètement galvaudé par les banques d’images qui si l’on prend soin de bien lire les conditions, sont contradictoires avec ce terme issu d’une mauvaise traduction anglophone. (Donc attention pour vos emprunts 😉 ) Attention également à la mention « DR » qui pourrait à elle seule vous contraindre à faire un… chèque !
    Quoi qu’il en soit j’apprécie votre réaction qui donne la preuve de votre professionnalisme malgré quelques lacunes en termes de CPI. Mais finalement tellement répendue que celle-ci en serait presque devenue légale… !
    Vous demanderais donc de simplement retirer cette image ou bien de mentionner « Crédit photo : STBPHOTOS (droits protégés).
    En vous remerciant.
    Cordialement

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    1. Merci de vos explications 😉 . C’est bien volontiers que je vais mentionner le crédit photo.
      J’ai pris note de vos observations qui ne manqueront pas d’intéresser mes confrères et néanmoins amis. Je serais heureux de vous renvoyer l’ascenseur si d’aventure une de mes modestes séries de photos vous intéressait, bien que j’avoue être un grand néophyte en la matière. Mais j’ai toute ma vie travaillé en équipe avec des photographes et je ne peux que respecter leur travail.
      Grand merci de nouveau !
      Michel

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