Terroirs et Millésimes en Languedoc 2024 (3): La Clape, en rouge

Terroirs et Millésime, suite, avec la présentation de l’AOC La Clape et de ses vins insulaires, en rouge. La Clape, alias l’île des lacs, insula laci, regorge de  nombreux fossiles qui témoignent de leur passage en milieu marin ou lacustre.

La date du rapprochement de l’île avec le continent fait débat. A l’époque romaine, l’importante cité de Narbonne est à son apogée avec un commerce maritime florissant. Les Romains cultivent la vigne tout autour. On peut donc supposer qu’un passage terrestre entre La Clape et Narbonne facilitait déjà les échanges. Pour ceux qui veulent en savoir plus sur cette question géologique, je vous invite à lire le dossier complet «Une histoire d’île et une lecture géologique» de Jean-Yves Bougras sur  maclape.com, dont voici un court extrait :

« L’île del Lec (la Clape) était-elle complètement isolée du continent à l’époque romaine?

Que la Clape ait été une île à un moment donné ne fait aucun doute (au maximum de la mer holocène), qu’elle le soit encore à l’époque romaine a été un sujet de réflexion. Des études récentes s’appuyant sur des forages effectués tendent à démontrer que la scission entre les basses-plaines de l’Aude et les étangs de Capestang, Fleury et Vendres était déjà faite (par la terrasse de Coutelle), et qu’il n’y avait plus de communication continue entre ces deux systèmes. Par la suite, la lagune Narbonnaise rentre en récession et le colmatage devient alors définitif.
En 1221, le vicomte Aymeric considère dans une déclaration que l’île del Lec (la Clape) n’est plus isolée complètement et correspond à une ramification des Corbières séparée par un étang. A retrouver dans  maclape.com »

Retour vers le présent, avec deux blancs

Dix vins blancs et 27 rouges étaient alignés et présentés à leur juste température pour être testés comme il se doit. J’ai noté une belle unité dans les vins blancs, le caractère iodé donne de l’ampleur et de la fraicheur. Hervé vous en présentera une sélection ce mercredi. Quant à moi, j’en retiens deux en particulier :

Le plus aromatique de la série avec des notes gourmandes de mangue et de pêche avec une douce amertume de noyau. Un grand équilibre en bouche avec une texture ample et fraiche et une longueur saline et fruitée.

Pour sa complexité aromatique un peu grillée, florale et de fruit blanc et une bonne vivacité en bouche.

Les rouges de l’Île (ou presque)

Par ordre de millésime du plus jeune ou plus ancien.

Château La Négly, La Falaise 2022
Encore jeune avec des tanins fringants qui vont s’adoucir car ils sont bien mûrs. Savoureux avec des notes friandes de fruits noirs en gelée, c’est souple rond et fondant. Un classique toujours bien.

 

Château Rouquette sur mer, Cuvée Amarante 2021
Pour sa qualité de fruit frais avec des notes douces de prune compotée et la présence aromatique des plantes de la garrigue. Une fraicheur marine au nez comme en bouche avec un long final réglissé. Un fin élevage bois sur les 4 cépages de La Clape, une réussite.

Château Pech Redon, La Centaurée 2020
C’est riche au nez et frais en bouche. Le fruit est très mûr avec des notes mentholées comme les plantes camphrées de la garrigue. Ce sont les tanins, fins et longs qui donnent du peps et de la fraicheur au vin. Une union réussie entre mourvèdre et grenache. Un vin de fine gastronomie.

Château Capitoul, Maelma 2019
Il y a de la figue – l’odeur de l’arbre et du fruit mûr. Mais aussi de petits fruits comme la fraise et la mûre, c’est appétissant. Tout aussi fruité en bouche, il est savoureux et fondant. Les tanins encore jeunes et bien serrés donnent un peu de nervosité et de fraicheur. C’est bon.

Château de Figuières, Tempus 2018
Pour ses notes de rose et de fraise qui apportent de la légèreté et de la délicatesse à l’ensemble. Avec une touche acidulée de groseille en bouche, dans un ensemble soyeux et fondant. Il a la douceur de l’âge, tout en séduction pour être apprécié maintenant.

Pour cette occasion, les vignerons ont pu choisir le millésime qu’ils souhaitaient présenter, à condition qu’il soit encore en vente.
À la dégustation, les cinq millésimes montrent chacun autant de charme que de qualités.

Nadine Franjus