Géniaux génériques !

Intervenir ici le Jeudi à la suite du papier d’Hervé publié le Mercredi, a du bon. Alors que j’allais m’exciter sur une nouvelle IGP Terre du Midi (et pourquoi « terre » au singulier ?) qui est en voie d’être finalisée, pas plus tard qu’avant hier soir, j’étais en son cœur, au beau milieu de l’Hérault. Après une virée dans Pézenas en compagnie de mon ami Bruno Stirnemann, expert en organisation de repas œno-gastronomiques, nous nous sommes retrouvés à Béziers assis au Chameau Ivre à portée de mains d’un mur généreusement rempli de beaux vins de Bourgogne. J’ai déjà écrit ici combien la Bourgogne pouvait me ravir (je parlais il y a peu des Roux à Saint-Aubin) et, comme mes camarades de blog, qu’elle était capable aussi de me décevoir ne serait-ce que par ses prix qui interdisent que l’on se fasse plaisir sans accepter de prendre un risque sous la forme d’un vin médiocre en échange d’une carte bancaire vite dilapidée. No way !

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Bruno Stirnemann, au Chameau Ivre. Photo©MichelSmith

Passons sur ces écueils coutumiers il est vrai dans d’autres régions où, dans le Bordelais, par exemple, il convient vraiment d’économiser pour s’offrir un grand cru classé au restaurant, vin qui peut aussi se révéler navrant. Mais, aujourd’hui, acceptons de prendre des risques mesurés et restons du côté de la Côte d’Or. Car si l’ont veut se faire plaisir sans avoir l’impression d’anéantir son compte en banque, il nous reste, à nous simples amateurs, la possibilité d’explorer l’univers foisonnant des génériques. La solution peut apparaître certes modeste, mais elle offre le mérite de nous éviter de casser notre tirelire tout en se faisant une grande joie, dans le sens de la découverte. C’est pourquoi j’insiste : piochons dans l’univers des génériques !

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Génial Bourgogne générique ! Photo©MichelSmith

Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, le générique en matière de vin est une bouteille qui arbore le nom de sa région toute entière : Bordeaux, Languedoc, Côtes du Rhône, Bourgogne, pour ne citer que ceux qui me viennent à l’esprit. Ils peuvent être « de marque », comme Cordier, Nicolas, Latour ou Barons de Rothschild et rassembler plusieurs vins de la même région unis en une seule cuvée quelques fois tirée à des millions d’exemplaires, mais il peuvent aussi être le fruit d’un vignoble de coopérative ou d’un domaine plus ou moins petit par la taille ou grand par la réputation. Ils peuvent être complexes ou simples, bradés dans une grande surface, habillés pompeusement pour frimer ou, le plus simplement du monde, vêtus d’une étiquette presque ordinaire cachant parfois un petit trésor. Mais par dessus tout, ils offrent l’avantage la plupart du temps d’être franchement « abordables ».

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Aidés par la belle cave de Philippe Catusse, faute de ne pouvoir nous offrir un 1er cru, encore moins un grand cru, nous avons jeté notre dévolu ce soir-là sur le Borgogne générique d’un célèbre vigneron de Gevrey, le sieur Claude Dugat dans la version 2011. Une chance rare de goûter un simple Bourgogne dans un millésime en principe mûr. Affichée au tarif de 28 € la bouteille à emporter et 39 € sur table, c’est à ce dernier prix que nous l’avons touché afin de mieux la vider sur un délicieux morceau de veau posé sur des chanterelles avec quelques légumes racines. Ce vin fut un compagnon idéal : du fruit légèrement grillé, des tannins bien affirmés mais sans aucune méchanceté ou mauvaise manière, une belle dose de fraîcheur, nous avions l’impression de voyager parmi les grands noms de la Côte de Nuits. Au final, nous étions ravis de notre trouvaille, ravis de notre audace financière (peu risquée à deux), ravis de pouvoir nous glisser en Bourgogne le temps d’un dîner. Ravis au point de nous exclamer en chœur : « Bon dieu qu’ils sont géniaux ces génériques » !

Michel Smith

 

 

3 réflexions sur “Géniaux génériques !

  1. Voilà, je crois que nous sommes plusieurs, voir tous, auteurs sur ce blog, à adopter cette approche de la Bourgogne car les appellations « prestigieuses » sont trop chères et souvent moins bonnes qu’un bon générique entre les mains d’un vigneron de talent.

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  2. mauss

    Comme quoi bien plus se fier au nom du vigneron qu’au nom de l’appellation ! Et plus d’une fois au GJE de simples villages ont battu allegro vivace des premiers et même des grands crus !
    Bref : celui qui n’arrive pas à dénicher un bon bourgogne à moins de 40 euros sur table, c’est qu’il ne fréquente pas les bonnes maisons ou qu’il est plutôt mouton que berger 🙂

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