Je préfère quand même juger par moi-même (2, le retour)

Rappelez-vous, il y a quelques jours, ici même, je demandais au bureau de presse Pain, Vin & Company de ne plus m’envoyer de communiqués avec des notes de dégustation toutes faites, mais plutôt une bouteille, pour que je puisse me faire moi-même une opinion.

Figurez vous qu’ils m’ont écouté! Cette bouteille, ils me l’ont envoyée. Ou en tout cas, un vin du même producteur, la Cave des Coteaux Romanais (Groupement Alliance Loire). Je soupçonne qu’il s’agit de la même, en fait, mais sous une livrée destinée au cavistes: la cuvée TBK. T pour Thomas, B pour Bohier, K pour Katherine. Ces trois initiales ornent bon nombre de salles du Château de Chenonceau, dont les Bohier – surtout Katherine – ont supervisé la construction.

Et que croyez vous que j’ai fait?

J’ai mis la bouteille au frais, et puis hier, je l’ai dégustée.

Pour ceux qui auraient manqué l’épisode précédent, il s’agit d’une Touraine Chenonceaux. 

Et il m’a beaucoup plu. Certes, le sauvignon est bien présent au nez – mais dans une version plus tropicale (ananas, agrumes) que végétale, ce qui m’a rassuré d’emblée – j’aime l’asperge verte, mais dans l’assiette, pas dans le verre; surtout, c’est la suite qui m’a convaincu: une bouche riche, puissante, concentrée, grasse et pourtant rafraîchissante. J’ai pensé à la poire tapée, dont la Touraine s’était faite une spécialité. La finale reprend les fruits du nez, avec en plus, la suavité légèrement acide de la mirabelle, de la citronnelle, et une pointe de sel.

Voila un vin que je vois très bien sur un poisson en sauce, une viande blanche, ou même sur un fromage à pâte dure – moi, je l’ai essayé sur un Comté Bio de Marcel Petite, c’était somptueux, le grain du fromage s’assortissant très bien avec celui du vin, un jeu s’installant entre salinité, acidité et gras. Le tout, sous une belle présentation, et pour moins de 9 euros.

Alors, merci à Pain, Vin & Company de m’avoir adressé cette bouteille. Le risque a payé.

Pour être complet, je me dois de noter que leur communiqué (commentaires de dégustation compris) a fait la joie du site A Vos Assiettes, qui, lui, l’a repris in extenso.

Hervé Lalau

6 réflexions sur “Je préfère quand même juger par moi-même (2, le retour)

  1. J’ai aussi dégusté un excellent Touraine Chenonceaux récemment : une appellation qui semble démontrer que la qualité doit être un objectif. Mais je ne sais pas pourquoi tu persistes, comme trop d’autres, à dire des choses comme « le sauvignon est bien présent au nez » avec un sous-entendu péjoratif. Comme tout cépage, le sauvignon est multiple et ce n’est pas parce que certains lui ont fait adopter un style plein de thiols que cela en fait sa fiche d’identité pour toujours, ni pour partout.

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    1. Je pense que tu seras d’accord avec moi pour dire que le sauvignon, avec le muscat et le gewurztraminer, est un des cépages les plus faciles à repérer. Je n’ai rien contre lui, et quand je l’identifie, ce n’est pas spécialement péjoratif. Mais quand il tire trop vers le buis ou le pipi de chat – ce qui, à mon sens est souvent la marque de la sous-maturité, non, je ne l’aime pas. Comme tout vin caricatural, d’ailleurs. Quant à la variante asperge verte, je sais qu’elle peut plaire, je n’en dégouterai pas les autres, mais ce n’est pas ma tasse de thé.
      PS. Merci à Luc pour sa remarque sur le mot « plu ».

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  2. David, un candidat à la naturalisation (identitaire, pas l’embaumement) devrait comprendre que les arômes variétaux, ce n’est pas français. Pourtant, tu avais très bien passé l’examen du « x » à la fin de l’appellation Chenonceaux, comme dans le cas du village mais à l’opposé du château. Par contre, chez les 5 du vin, la conjugaison du verbe « plaire » pose encore problème. Je n’en dirai pas plus.

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  3. Hervé LALAU

    Bien vu, David: le Chenin est un descendant du Savagnin, et le Sauvignon plus que probablement aussi (il y a d’ailleurs une ressemblance entre les mots Sauvignon et Savagnin, les deux venant sans doute de sauvage). Alors oui, on peut trouver des similitudes entre les vins; quoique pour moi, le Chenin est plus pomme et coing, le Sauvignon plus cassis et pamplemousse. Mais je suis d’accord avec toi, ce profil type ne résiste pas à l’analyse en détail, en fonction des régions, clones et types de vinification.

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  4. PARIS Eliane

    CHENONCEAUX, : une des dernières nées des appellations VAL DE LOIRE !!!! A découvrir et à faire découvrir : une très belle réussite pour certains vins. Le terroir donne au sauvignon une autre grandeur et nous éloigne des arômes stéréotypés « buis » « pipi de chat » !!!

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