Deux beaux Bordeaux signés Marie-Laure Lurton

Suite et illustration de l’article de jeudi dernier, avec les vins du Château La Tour de Bessan et du Château Villegeorge.

A chaque propriété, son style ! Dans chacune, Marie-Laure Lurton fait tout pour que les vins expriment pleinement les qualités de leur terroir, et la complexité de chaque millésime. Chaque château produit un premier et un second vin : Le Page de La Tour Bessan et L’Étoile de Villegeorge, élevé exclusivement en cuve.

Le Château La Tour de Bessan

Le « Château »

Ne vous attendez pas à une bâtisse conventionnelle du Bordelais. C’est un château atypique, qui peut surprendre… Acheté par Lucien Lurton en 1972, la propriété avait besoin d’un renouveau, en 1999, Marie-Laure lui a redonné un look inattendu, dans cette partie du Médoc : elle a réhabilité avec goût, un ancien bâtiment de télécommunication amorcé en 1934 et, avec l’aide de l’architecte toulousain Vincent Defos du Rau, elle en a fait un édifice moderne. Ça lui a permis d’installer un cuvier ergonomique, un chai à barriques et une salle de dégustation. Le tout a un air plutôt futuriste qui tranche dans ce vignoble très traditionnel. Il fait partie des Crus Bourgeois de l’appellation Margaux.

Le vignoble

Le vignoble couvre 29 hectares dont 25 en production répartis entre Soussans, Cantenac et Arsac, sur des sols de belles graves profondes du quaternaire. La densité de plantation est de 7000 pieds/ha et le rendement moyen : 48 hl/ha

Dès 1992, Marie-Laure a commencé par investir dans le vignoble, car, elle sait le style de vins qu’elle veut produire: un style de vin typé, mais facile d’accès, élégant et sensuel. Pour l’obtenir, elle revoit l’encépagement, en arrachant le cabernet franc au profit du cabernet sauvignon et du merlot ; elle hausse le palissage, et met en place un travail au sol pour limiter les rendements. Les vignes sont travaillées traditionnellement, leur âge moyen est de 25 ans, les vendanges s’effectuent à la main et l’élevage a lieu en barriques de chêne français pendant une durée de 10 à 14 mois selon les millésimes.

L’encépagement actuel est de 43% de cabernet sauvignon, 55% de merlot et 2% de cabernet franc et 1% de Petit Verdot.

Quand je suis passée à La Tour de Bessan,  Marie-Laure  exposait dans les chais les peintures polychromes sur bois de Marie Bendler. http://mariebendler.blogspot.fr

La production 

– 60 à 110 000 cols de « grand vin » selon les millésimes
– 20 à 40 000 cols du Page de La Tour Bessan

Château La Tour de Bessan 2012 Margaux

Assemblage du millésime : 56 % Merlot 43 % Cabernet Sauvignon 1% Cabernet Franc.

Le millésime 2012 à Margaux a été très hétérogène. Je me rappelle avoir gouté lors de la dégustation des Primeurs beaucoup de vins dont les tanins étaient assez présents, parfois encore un peu verts. C’est un millésime où il faut être particulièrement vigilent, d’un domaine à l’autre, selon le terroir, la pluviométrie, la réactivité des propriétaires, les résultats sont très différents. Le plus important étant la maitrise des extractions, ce que Marie-Laure a parfaitement réussi, quand c’est le cas, les vins sont fins, souples et équilibrés. Etant donné qu’elle n’aime pas les vins du style « body builder », elle est très à l’aise dans ce genre de millésime.

Une belle robe grenat sombre très margaux par son bouquet finement floral et délicat agrémenté d’arômes de fruits des bois bien mûrs et d’humus, avec une note de cuir. Dès l’entrée en bouche, il offre une texture racée qui séduit en mêlant rondeur et finesse ; c’est un vin souple, charnu et sensuel, d’une suavité exceptionnelle. Evidemment, il ne faut pas s’attendre à la complexité d’un grand millésime, mais ce qu’il perd en complexité, il le gagne en « buvabilité » immédiate. Un vin à la fois facile d’accès, et d’une certaine sophistication en bouche comme l’a souligné notre ami Hervé. Parfaitement équilibré, il montre beaucoup de charme grâce à une finale lisse et veloutée. Les tanins très délicats enrobent un fruit noir assez gourmand. C’est vraiment très bon, à la fois charmeur et élégant comme il se doit pour un Margaux !

Il ne faudra pas le garder trop longtemps en cave, à boire jusqu’en 2022 !

Le Château de Villegeorge

Le « Château »

Voisin de Margaux, il est situé sur la commune d’Avensan dans l’appellation Haut-Médoc, il  jouit d’un terroir semblable, ce qui lui a notamment valu d’être classé « Grand cru exceptionnel » par les grands courtiers bordelais lors du classement des crus bourgeois de 1932. Ce classement est confirmé en 1966. Au XVIIIème siècle, les vins de Villegeorge sont particulièrement reconnus pour leur qualité, à tel point que leurs prix sont comparables aux crus qui seront classés au 3è rang en 1855.

Le vignoble

Le vignoble couvre 12,32 ha de vignes situées sur un terroir de graves profondes, pauvre en argile, très favorable à l’obtention de grands vins. C’est Lucien Lurton, grand connaisseur des terroirs du Médoc, qui sut repérer la qualité des ce sols comparables à ceux de Margaux. Il acquit donc le domaine en 1973 et entreprit patiemment un travail de réhabilitation qu’a poursuivi sa fille Marie-Laure quand elle l’a reçu, en 1992, en sachant qu’elle le vinifiait déjà depuis 1986. Depuis, elle n’a cessé de le moderniser et de l’améliorer, tout au long des années par tranches de travaux successives. Après l’agrandissement du cuvier en 1997, depuis 2006, elle s’est attaqué à l’agrandissement du chai à barriques et a modernisé la réception des vendanges.

Encépagement : 63% Cabernet-Sauvignon, 37% Merlot.

La production 

– 30 à 50 000 cols de « grand vin » selon les millésimes
– 20 à 35 000 cols de l’Etoile de Villegeorge

Densité de plantation : 6.666 à 7.692 pieds/ha, âge moyen des vignes : 25 ans

Rendement moyen : 45 hl/ha

Château de Villegeorge 2008 Haut-Médoc

Assemblage du millésime :70 % Merlot 30 % Cabernet Sauvignon.

Un vin à la robe sombre, au nez délicatement fruité évocateur de cèdre et de rose et une bouche précise et fine, tout en rondeur et en délicatesse avec ses notes discrètes d’épices, j’aime l’élégance de ses tanins. Un vin crémeux et intense, doté d’une certaine fraîcheur grâce à ses notes légèrement mentholées en finale. Un très beau vin plus discret que puissant cherchant la longueur et non l’explosion. J’aime sa race, c’est un château qui demande à être mieux connu et davantage dégusté, ça n’est qu’un Haut-Médoc, certes, mais mettez-le à l’aveugle et essayez de le situer!

Et le millésime 2017, une semaine plus tard ?

La réponse de Marie-Laure, le 22 septembre dernier :

« Les vendanges promettent un joli millésime ! Les vendanges se passent bien, nous aurons terminé ce soir nos Merlots d’Arsac et Cantenac. Ceux de Soussans (qui ont bien gelés) seront ramassés la semaine prochaine. Les Cabernet Sauvignons ont l’air prometteur : on ramasse ceux de Cantenac lundi. Quant aux Petit Verdots : ce n’est pas leur année ! ils s’abiment sans murir. La récolte sera faible. Les premières cuves sont fruitées et colorées, le chai embaume lors des remontages. Nous devrions faire quelque chose de sympa à défaut de très grand. » …Aujourd’hui, « Les vendanges tirent à leur fin ; vendredi, on aura terminé La Tour de Bessan. Il restera les Cabernets gelés de Villegeorge… »

 

                                            Photos des vendanges 2017

Ce que j’apprécie le plus dans les vins de Marie-Laure :

Ils sont élégants, vibrants et équilibrés, tendres et veloutés, mais ne manquent pas de puissance et de noblesse. J’aime ses extractions distinguées, sa maitrise de l’usage du bois, très discret. Elle signe des vins sincères et attachants.

 

Hasta pronto,

Marie-Louise Banyols

 

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