#Carignan Story #180 : Malos faites ou pas ?

Peu importe, car après tout on s’en fiche un peu. Chez nous, au Puch, Emmanuel Cazes nous encourage à les laisser se faire et le résultat me plaît bien. Mais pourquoi parler de ces satanées malolactiques ? À cause d’un vin rencontré par hasard au Xadic del Mar à Banyuls-sur-Mer où je vais de temps à autres me rincer le gosier. Là, exigeant une découverte carignanesque, il me fut servi l’autre jour un vin drôlement titré «Malophet» (malo faite, pour les réfractaires aux jeux de mots), puis sous-titré « Déesse des bactéries dans la mythologie fermentaire » et classé Vin de France. Je l’ai trouvé un peu, comment dire, difficile au début, « vin nature » oblige, mais je me suis fait à son goût au cours du repas. Vous en saurez beaucoup plus sur ce vin et son vigneron, Stéphane Morin, du Domaine Léonine, proche d’Argelès-sur-Mer et de Saint-André, aux pieds des Albères, en lisant l’article que lui consacrait mon ami de Pézenas, Olivier Lebaron, dans son blog du Showviniste en 2008, ce qui me rassure sur une chose au moins : que je suis bigrement en retard sur ce qui se passe dans le Sud profond, qui plus est sur mon propre territoire.

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En partant, puisqu’il s’avère que le Xadic fait aussi vente à emporter, je me suis fendu d’un flacon de « Malophet » (15 €, si mes souvenirs sont bons…) et je viens de le goûter de nouveau sur 3 jours tranquillement chez moi, à l’heure du déjeuner, moment où mes papilles réclament de l’exercice. Verdict toujours mitigé. Ça se boit puisque j’ai fini la bouteille, mais pour autant, ai-je éprouvé du plaisir ? C’est un peu comme cette fille qu’on a trouvée attirante en boîte de nuit, qu’on ramène forcément chez soi et qui, au réveil, se révèle être un thon comme dirait mon fils. N’y voyez pas de sexisme : je sais que ça marche dans l’autre sens aussi…

Photo©MichelSmith
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Nez d’herbes sèches quelques peu médicinales, impression de richesse sucrée en bouche, de douceur, d’épaisseur (visiblement non filtré), on ressent un fruit enfoui, des notes viandeuses, mais aussi de la lourdeur, des tannins anguleux et une certaine sécheresse en finale. Quelques heures après, ce 80% carignan, au moins, qui affiche 14° d’alcool dans la vendange 2011, servi il est vrai un peu moins froid qu’au début, me paraît plus lisse. Les aspérités sont gommées et le vin offre un goût terreux assez proche de ce qu’un camarade américain me décrivait comme étant typique du Carignan, le goût du haschisch du temps où celui-ci avait effectivement du goût. J’ai bu une bonne part de la bouteille le deuxième jour non sans un certain intérêt et j’ai trouvé qu’au troisième jour le vin n’avait plus guère de choses à m’offrir.

Photo©MichelSmith
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Je n’aime guère parler des défauts d’un vin. Qui suis-je pour le présenter ainsi ? Un simple journaliste qui, en se la jouant vigneron, a fait lui aussi quantité de conneries et s’est aperçu que le travail de la vigne et des vinifications était loin d’être aussi évident. J’ai simplement la naïveté de croire qu’avec les milliers de vins goûtés chaque année depuis près de 40 ans, ma capacité à juger si un vin me plaît ou pas m’autorise, de temps en temps, à émettre une opinion négative. Ce vin pourtant jeune reste pesant et manque à mes yeux tout simplement de fraîcheur, de cette fraîcheur si caractéristique du cépage, de celle qui apporte un peu de joie et de gaieté au palais.

Mais je répète : il n’est pas foncièrement mauvais puisque je l’ai bu. Reste que je n’en n’achèterai pas pour ma cave.

Michel Smith

10 réflexions sur “#Carignan Story #180 : Malos faites ou pas ?

  1. Non, franchement non, Marc. En écrivant, je pensais avoir acheté ce vin 8 euros ! Ce n’est qu’en révisant mes photos que j’ai vu que j’avais un cliché du prix, à 15 euros. Tu vois, je ne suis pas aussi radin qu’on le dit ! Est-ce toi qui a commenté sur la qualité de mes photos ? Signez les mecs !

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  2. Ce n’est pas tout à fait ce que je dis Michel, je soulignais le fait que quand c’est du Nature, le producteur se croit vraiment obligé de trouver un nom de cuvée très original, un peu comme s’il n’osait pas vraiment assumer sa production. Je n’ai rien contre ce type de vins du moment qu’ils sont bons. Mais les noms ridicules ça me gonfle, déjà que comme tu dis dans le classique on voit de plus en plus apparaître des dénomination qui frisent le ridicule, exemple le Côte Rôtie du Domaine Faury qui se nomme Revinescence….
    Marc

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  3. Désolé, le commentaire sur les photos est de moi, mais ma signature a disparu de ce p*tian de machin sans que je ne comprenne pourquoi. Bien d’accord avec Marc sur ces noms ridicules, en plus pour des vins pas souvent buvables.
    David

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