In praise of older wines : Barbaresco Asili Riserva 1996 de Bruno Giacosa

 

Barbaresco GiacosajpgLa bouteille en question. La vigne à droite est un Muscat d’Hambourg, dont je mange les raisins rouges que l’oïdium et les guêpes veulent bien me laisser.

De temps en temps je sors de ma cave une bouteille un peu plus plus ancienne que la plupart de celles que je déguste d’habitude – une habitude qui est fondée davantage sur les besoins du métier que sur mes préférences gustatives car j’aime les vieux vins. Il m’est arrivé aussi, mais très rarement, de faire des folies et passer outre ma consigne générale qui consiste à ne jamais acheter un vin à plus de 50 euros le flacon. L’exemple de ce jour est parlant, dans les deux sens.

Je ne sais plus combien j’ai payé pour 6 (ou était-ce 12?) bouteilles et 6 magnums de ce Barbaresco Riserva 1996 de Bruno Giacosa (Azienda Falletto), mais c’était certainement bien plus que 50 euros le flacon. Le producteur est très réputé. Il fait partie des «traditionnalistes» de l’aire en question, c’est à dire qu’il fait appel à des botti et non pas à des barriques pour l’élevage de ses vins rouges. Je lui avais rendu visite une première fois en 1996, justement. Le chai, comme la maison, se situe dans le village de Nieve. L’homme est très réservé, presque taciturne, tandis que sa fille Bruna est expansive et chaleureuse. J’étais impressionné dès le début par ses vins, mais ils peuvent être fermes, et même limite durs dans leur jeunesse. Pour mon premier livre sur le vin, j’avais écrit un chapitre sur lui, et un autre, en guise de contre-point, sur une autre grande figure de la région : Angelo Gaja. On peut difficilement imaginer un contraste plus marqué entre deux personnages et les deux styles de vins qui leur ressemblent, bien qu’issus de la même région.

Alors, ce flacon? Il était sublime de finesse, de rondeur, de patine envoutante de vingt années qui ont eu leur effet sur le rude mais droit nebbiolo. La couleur n’est pas intense : grenat un peu bruni aux bords. Les arômes sont la promesse d’un plaisir raffiné en bouche, complexes et sauves, indéfinissables mais d’une clarté parfaite. Cela se confirme en bouche avec une sensation qui a perdu toute la fougue de la jeunesse mais qui a acquis une infinie tendresse, presque une douceur. Les tannins sont totalement fondus dans le fruit qui a acquis une finesse presque joyeuse. Je ne sais pas si mes convives l’ont apprécié. Ils l’ont bu, c’est déjà ça. Moi, j’étais dans une sorte de nirvana gustatif, sans mots, seulement le bonheur. Oui, cela vaut la peine d’attendre, parfois, et peut-être plus souvent qu’on ne le pense.

David

2 réflexions sur “In praise of older wines : Barbaresco Asili Riserva 1996 de Bruno Giacosa

  1. mauss

    Si incontestablement Giacosa est une étoile majeure du Piémont, si le style qu’il a donné à ses vins, comme Conterno avec son Monfortino, est en train de redevenir une sorte de « benchmark » qui avait été dans l’imbre quelques années des styles des modernistes, c’est effectivement en dégustant des millésimes ayant au moins 20 ans d’âge.
    Beppe Rinaldi est une de ces pointures qu’il faut savoir impérativement attendre et les crus de Roberto Voerzio, trop imposants pour des amateurs pressés les buvant trop jeunes, sont en train de devenir – je parle là des millésimes des années 80 et 90, montrent à l’évidence que certains modernistes sont également capables de nous offrir des sommets du nebbiolo.
    Merci David pour ce très beau commentaire sur ce cru de référence.

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