Peillon, le déterminisme, l’éducation et le vin

Crédité d’un peu moins de 7% des suffrages (soit un peu plus 100.000 votes), Vincent Peillon est un des grands perdants des récentes primaires de la gauche.

Je ne vais pas faire semblant de le plaindre, car sur bien des points, je suis aux antipodes de sa pensée. Certaines de ses déclarations me déplaisent même souverainement.

Comme celle qu’il a faite, il y a deux ans, alors qu’il était encore Ministre de l’Education:

«Le but de la morale laïque est d’arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel».

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Vincent Peillon, ancien ministre de la morale laïque (Photo: Rectorat 45)

Difficile de dire dans quelle mesure M. Peillon, fils de banquier communiste, descendant d’une longue lignée de militants (ce qui est tout à fait respectable) et d’ascendance juive alsacienne par sa mère, a lui même souffert du déterminisme auquel il prétend arracher nos enfants. Morale laïque ou pas, il est lui-même dans le droit fil des engagements de ses parents.

Mais là n’est pas ma question principale.

Dans le schéma mental de M. Peillon, je me demande s’il y a encore une place en France pour des appellations d’origine. Dire qu’un vin est d’ici, n’est-ce pas du déterminisme géographique? Voire ethnique?

Si un parent d’élève ne peut se revendiquer Berrichon ou Niçois, Catholique, Juif ou Musulman, lettré ou analphabète sans risquer d’obérer gravement les chances de développement de sa progéniture, si le fait de vouloir transmettre des valeurs familiales comme l’attachement à sa langue, à son histoire, à ses traditions locales, à une certaine conception de la famille… est critiquable, comment un vigneron peut-il revendiquer un terroir, comment un vin peut-il être « né quelque part »?

De plus, dire qu’un grand cru est meilleur qu’un simple vin de table, c’est établir un jugement de valeur, c’est défier la notion selon laquelle les vins, comme les hommes et les femmes, naîtraient libres, égaux, et éventuellement médiocres.

Alors il faut choisir, Peillon ou Peynaud. J’ai choisi. Sans doute un déterminisme familial.

Hervé Lalau12171272743_5a206b298d

8 réflexions sur “Peillon, le déterminisme, l’éducation et le vin

  1. C’est de plus en plus évident que le système des appellations françaises est politique. On doit même dire « politisé ».
    Les campagnes électorales ne font que stigmatiser cette organisation. l’INAO a ajouté « le geste vigneron » dans la définition du terroir, ce ne sera plus suffisant dans le futur qui se trame. Ce n’est pas la valeur du terroir qui est en question mais son interprétation. De moins en moins de vignerons se retrouvent dans les cahiers des charges des AOC. Ce qui est d’autant plus grave qu’il n’y a pas d’alternative en vue.
    Quel que soit le futur président, il y aura assurément deux perdants : l’écologie et la reconnaissance officielle de la qualité d’origine.

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  2. georgestruc

    Ne pas prêter trop d’attention aux paroles (idées ? j’en doute même…) de personnes aussi peu respectueuses de la diversité des êtres, de cette chance fabuleuse que nous possédons, non seulement de nous signifier par apport aux autres, mais aussi de les aimer.

    J’ajoute que, sur un plan strictement biologique, l’uniformisation est synonyme de dégénérescence et d’extinction. De la variété et des variations naissent des fruits nouveaux et c’est tout de même le fondement de l’évolution.
    Peillon, comme d’autres encartés faméliques, est un « frustré basique… » Un fossoyeur pathétique.

    Territoires, terres, terroirs, racines, filiation, lignage, originalités, constituent la mosaïque la plus fascinante qui soit, capable de nous transporter avec passion vers les autres. Zut, je deviens lyrique…Faut dire qu’il neige sur Visan, ce qui est rarissime et cela excite…

    En matière de vignes et de vins, je revendique haut et fort mon appartenance à la famille provençale rhodanienne, déclinée en une si grande variétés de situations ; mais j’adore aller vers les autres espaces viticoles et leurs vignerons, qui vont m’enrichir de leur amitié, de leur chaleur, de leurs habitudes si différentes des miennes et de leurs vins ; et mon plus vif souhait, c’est que, chez eux, tout soit différent de chez moi !!

    Samedi prochain 28 janvier, grand banquet vigneron pour fêter le 700ème anniversaire de l’achat, en 1317, par le pape avignonnais Jean XXII, du premier des 4 villages qui allaient plus tard constituer l’Enclave des Papes. Et nous recevons des vignerons de Cahors, étant donné que Jean XXII en est originaire (Jacques Duèze). Quel plaisir, pour nous, d’accueillir ces personnes qui vivent dans un monde viticole différent du nôtre et de leur offrir, précisément, nos propres différences.

    Nadine, je ne suis pas aussi pessimiste. Certes, il nous faudra lutter de plus en plus, mais nous aurons à nos cotés tout simplement les consommateurs de nos produits, qui sont, pour les politiques, les plus appréciés des prescripteurs, car ils votent…Quant aux cahiers des charges, les choses vont obligatoirement évoluer ; la pression devient grande et l’urgence s’établit partout. L’exercice est délicat : conserver un cadre sans lequel tout peut partir dans tous les sens et donner des degrés de liberté judicieux.

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  3. Pour illustrer vos propos, Monsieur TRUC, un exemple que vous connaissez bien : Cru Cairanne… ou comment des vignerons passionnés par leur terroir spécifique (terroir au sens large, climat en bourguignon…), Marcel, François et quelques autres, sont arrivés à lier dans le bon sens les sarments ébouriffés de l’INAO….

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    1. georgestruc

      Ce fut un palissage très réussi ; les fils redresseurs ont été tendus au bon moment…et avec beaucoup d’opiniâtreté.

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  4. Evidemment, c’est la Saint Artemis aujourd’hui …
    Et alors? Alors rien.
    J’ai pris la décision – m’y tiendrai-je ?- de ne plus visiter Face Book. Ceci me laisse plus de temps, et d’énergie pugnace, pour d’autres espaces.
    Je ne comprends rien à ce billet, ni à Peillon, ni à Fillon, ni à Artemis, ni aux autres mousquetaires du Roy. Moi, des quatre, c’était Porto que je préférais. Issu d’un tauwnis presqu’insalubre, il s’est hissé jusqu’à la cour et dans l’entourage de la reine. Il a lu toutes les éditions de ses Féret.
    Il semble acquis (ah oui?) que ce ne sera plus un socialo à l’Elysée, ce dont le petit peuple d’en … Batz semble se réjouir. Certains gémissent … avec Pathos sans doute.
    Moi, j’m’en fous, ma devise restera: « Un pour tous, tous bourrés! ».

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  5. Comme Luc, je suis dépassé par cette discussion. Nous en débattions hier soir avec un ami céréalier beauceron, quel est le candidat qui s’exprime sur l’agriculture ? A fortiori sur le vin et alors sur ce qu’on appelle les signes de qualité ?

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