Connaissez-vous le Minustellu ?

Ce cépage discret retrouve un regain d’intérêt auprès de quelques viticulteurs de l’Île de Beauté. Il évoluait et évolue encore ailleurs sous d’autres pseudonymes, mais toujours avec grâce et raffinement fruité.

Cépage endémique de la Méditerranée

On le retrouve en Espagne sous le nom de Graciano où il apporte son expression et sa délicatesse aux assemblages de la Rioja. En Languedoc, où il est plutôt rare, il s’appelle  Morrastel. Mais il reprend du souffle en Sardaigne, comme Cagnulari ou Bovale Sardo 

Quant à son origine, les experts hésitent, mais rappelons que la Sardaigne, voisine de la Corse, a été occupée tout d’abord par la Couronne d’Aragon dès 1323, avant d’être castillane jusqu’en 1720. Aussi, de nombreux échanges de cépages ont eu lieu entre tous les territoires du Royaume. De là à voir le Graciano devenu Bovale passer les Bouches de Bonifacio, le détroit qui sépare les deux îles…

Selon une autre hypothèse, le Minustellu serait venu de France au 19es, on l’aurait confondu à l’époque avec le Mourvèdre, ce pauvre Morrastel. Qoui qu’il en soit, aujourd’hui, il comble d’aise quelques vignerons d’Ajaccio et de Sartène – et repart à la conquête de toute la Corse.

Le Minustellu

 

C’est un cépage vigoureux, mais très tardif, tant pour le débourrement que pour la maturité des raisins. Son port est érigé et ses feuilles vert foncé et peu dentelées adoptent une forme pentagonale ou orbiculaire à 3 ou lobes au sinus pétiolaire chevauchant. Ses grappes, cylindro-coniques, ailées et compactes, sont grandes et portent des baies sphériques de taille moyenne d’un noir bleuté couvert de pruine. Il est sensible au vent en début de végétation, préfère une humidité sans excès, mais ne craint pas la sécheresse. La pourriture acide, comme l’oïdium, peut entamer sa résistance. Il donne des vins frais et parfumés.

 Le Minustellu de Gilles Seroin à Propriano

 

 Minustellu 2014 Vin de Pays de l’Île de Beauté Domaine Sant Armettu

Il nous tape tout de suite dans l’œil avec sa jolie robe entre violet et pourpre, puis nous comble, espiègle, par ses parfums de maquis où le fumé du cade apparaît tout de go, suivi par les senteurs de sauge, de thym et d’iode, avant de nous parler d’agrumes façon cédrat et de baies rouges à la manière de l’arbouse et de la mûre. Bref, un concentré de Corse… en bouche, la fraîcheur étonne par sa délicatesse. Cette dernière met subtilement en avant les arômes de fruits rouges et noirs, teintés d’épices orientales comme le santal et le poivre cubèbe. Orientalisme qui transforme le cédrat en main de bouddha, l’arbouse en mangoustan. Le tout entouré d’un taf de fumée mélangée d’embruns légèrement salé.

Le Minestellu se révèle après 2 à 3 ans de bouteille.

www.santarmettu.com

Une belle bouteille pour les plats d’été ensoleillé comme les grillades accompagnées de piperade, mais aussi quelques produits de la mer comme la salade de poulpe et les linguine aux coques légèrement tomatées. En automne, les gibiers délicats comme la biche et les volailles aux champignons des bois l’accompagne avec grâce.

 

Ciao

 

 

Marcu

 

3 réflexions sur “Connaissez-vous le Minustellu ?

  1. Non Marc, pas le minustellu, mais j’ai bien connu son cousin, par contre. Yvan Colonna me parlait souvent de lui quand on allait se promener du côté de Propriano, en évoquant le bon temps des indépendantistes. Quel bon cochon on mangeait ….

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