Droits de suites, cloches et autres états d’âme…

Je sais, je ressasse. Plus que je ne ponds, je sonde sans cesse mon esprit passablement encombré et désordonné. Et voilà que je révise, que je reviens sur ce que j’ai écrit, que je change d’avis comme de chemise. Oh, je ne suis pas un saint, encore moins un foudre de guerre. D’ailleurs, pour les huiles du vin, je ne vaux même pas un pet de lapin et il est vrai que je ne m’en porte pas plus mal. Economies de cocktails, de présentations à la con, de dîners de presse à ne plus savoir qu’en faire, de renvois d’ascenseurs. Moins de paroles débitées, de bêtises jetées au vent des conversations, de mots sortis de leurs contextes, de sottises diverses et variées. Moins de mauvais pinard aussi. Mais là n’est pas la question. Je rumine mon papier de jeudi dernier comme un boa constrictor exercerait une pression sans relâche sur sa proie. En gros, en dépit de mon Français hésitant, de mes fautes de frappe à ne plus savoir qu’en faire, de mes grossières erreurs grammaticales, de mes phrases maladroitement tournées et de mes idées si mal formulées, je n’arrive pas à comprendre pourquoi j’ai pu imaginer l’inconcevable union entre le twist tordu et le débat nature/bio. J’ai la désagréable sensation que cet amalgame glaçait d’effroi les bons esprits et mes collègues, en particulier.

Rémy Bousquet, auteur de T-shirts et de slogans. Photo©MichelSmith
Rémy Bousquet, auteur de T-shirts et de slogans. Photo©MichelSmith

Mais alors, bon sang de bonsoir, pourquoi diable me faudrait-il abdiquer ? Reculer pour mieux sauter ? Le hasard a voulu que le week-end de Pâques se déroule un petit salon campagnard comme je les affectionne car fait de bric et de broc. Je vous avais même laissé une affichette de cette « wine and country fair » au creux de mon article, un poster illustré par Rémy Bousquet, artiste montalbanais qui dégaine son stylo aussi vite que son tire bouchon ! Sans chercher une énième et inutile polémique sur les vins bio qui, de surcroît, pourraient se targuer de la mention « nature », il se trouve que, le jour des cloches, je me suis donc rendu à mes frais à Cabrières, au Clos Romain plus précisément, où Céline Beauquel avait organisé avec les moyens du bord ce très rustique Salon de Printemps autour d’une belle brochette de vignerons travaillant en bio, la plupart sur de très petites propriétés. Je l’ai déjà dit maintes et maintes fois, je soutiens et j’encourage avec conviction ce genre d’initiatives locales qui, sans qu’il soit nécessaire de mettre en œuvre de grands investissements, permettent de faire connaître à quelques passionnés une production toute aussi passionnée. Selon le vieil adage « mieux vaut deux fois qu’une », je vous passe mes découvertes carignanesques que je réserve à ma prochaine chronique dominicale Carignan Story, pour ne garder ici que quelques vins sortant du lot et d’une tournée de deux heures environ (verre à mes frais) entre les amphores et les visiteurs, en attendant la cuissons des crêpes (aussi dévorées à mes frais).

Le Pic de Vissou, haut-lieu de Cabrières. Photo©MichelSmith
Le Pic de Vissou, haut-lieu de Cabrières. Photo©MichelSmith

Par esprit de logique, j’attaque par le Clos Romain dont les cuvées « Soliste » et « Rêves en Clos », toutes deux Cabrières rouge 2010 (Coteaux-du-Languedoc, pour les puristes), toutes deux très syrah sauf pour la dernière qui est associée au carignan. Elles sont de belle constitution, marquées par un joli nez bien ouvert des tannins de cuir presque caressants. Petites quantités, hélas ! Au Domaine Coquelicot, Grégoire Rousseau a bien entamé son « Chant » 2011, un Bergerac rouge (7 € départ cave) ferme, mais très buvable, apprécié pour son délicieux et persistant fruit (merlot à 70 %, puis cabernet franc). Un autre jeune, Paul-Henri Thillardon fait un superbe travail sur le vignoble de Chénas, en Beaujolais pour ceux qui n’auraient pas encore en tête la liste des 10 crus, sur le lieu-dit « Les Carrières » (graves et argiles ocres en profondeur) : densité, fermeté, fraîcheur, ce 2011 (10 €) est un régal !

Paul-Henri Thillardon, Chénas. Photo©MichelSmith
Paul-Henri Thillardon, Chénas. Photo©MichelSmith

Un Côtes du Rhône d’Isabelle Supparo et Jérôme Hue, le Mas de Casalas, travaillé en biodynamie du côté d’Uchaux mais sans adhérer au cahier des charges de cette nouvelle appellation, a retenu mon attention, notamment avec sa cuvée « Le Coup de Pied à la Lune » 2007 facile d’approche mais encore très fraîche grâce à une matière bien assise sur le carignan (40%) ici associé au grenache et au cinsault. J’ai aussi beaucoup aimé la pureté du Fleurie 2010 « Clos des Bachelards » de Lilian Bauchet, ainsi que sa cuvée « Les Vaches » 2011 (vignes de 40 ans) laquelle séduit par ses notes de violette, sa préciion et ses petits tannins. Occasion donnée de renouer avec le Bordelais, les Côtes de Bourg Les Trois Petiotes de Valérie et Denis Godelu valent le détour, surtout dans la cuvée « Les Petiotes » où la présence du malbec se fait sentir : ferme, droit, dense et tannique. Retour au Languedoc, cette fois-ci avec Trois Terres, un domaine qui, comme son nom l’indique, couvre trois terroirs distincts. J’ai bien aimé « La Minérale », Coteaux-du-Languedoc Cabrières 2008(9 €) joliment sauvage avec des notes de thym frais et une belle densité que l’on retrouve en 2009 où la syrah se montre plus tannique mais non sans finesse.

Photo©MichelSmith
Graeme Angus, Les Trois Terres, en Languedoc. Photo©MichelSmith

Rentré chez moi le Lundi de Pâques, je suis tombé le lendemain sur un article passionnant judicieusement mis en avant par notre ami Jacques Berthomeau sur son blog. Toujours sans esprit aucun de polémique, il va nous permettre, ne serait-ce que chez nous, aux 5 du Vin, de remettre quelques pendules à l’heure. C’est en tout cas, la vision précise et détaillée d’un vigneron expérimenté, Jean-Louis Denois, un champenois d’origine passé par l’Afrique du Sud avant de s’installer en Languedoc. Un gars dynamique aux méthodes « nouveau monde » qui agacent parfois et que je connais bien même si cela fait un bail que nous ne nous sommes vus. D’ailleurs, l’un de ses rouges a été fort apprécié par mon ami David dans un de ses derniers papiers à relire ici. Ainsi donc, je vous livre un avis à lire et à relire sans modération, même si c’est un peu long…

« L’été dernier, j’ai découvert l’excellent livre de l’œnologue alsacien Arnaud IMMELÉ, « Les grands vins sans sulfites » qui m’a ouvert l’esprit vers d’autres pratiques possibles et donné l’impulsion à l’aube des vendanges 2012 de pratiquer quelques essais pour réaliser deux cuvées de vins tranquilles sans sulfites : un rouge et un blanc » !

Oui, il est possible d’élaborer des vins sans sulfites sérieux et stables, nets, fruités, clairs et limpides, séduisants et stabilisés par des méthodes douces, physiques et biologiques, et bien sûr sans déviation, goûts bizarre troubles ou tout autre défaut qui interpellent tout dégustateur de bon sens, jamais je ne me suis permis de proposer à la vente ni même d’embouteiller un vin avec un défaut visible.

Je me refuse à appeler mes vins des «nature » tant ce mot a été gâché par des  produits venus d’une autre planète que celle du bon vin. Il n’y a aucun intérêt à faire boire à nos clients des vins nature s’ils sont oxydés, piqués, malades et défectueux, c’est suicidaire pour le monde et la civilisation du vin et je m’insurge contre ce style dégénéré…

On n’a pas d’excuses aujourd’hui à ne pas utiliser les méthodes physiques et les outils à notre disposition. Refuser la technologie et les connaissances acquises depuis 50 ans, qui permettent de sublimer les vins plutôt que de les laisser s’abîmer, c’est comme refuser le frigo pour retourner au saloir et à la viande fumée.

Ce n’est donc pas sans rien faire, ni en « laissant seule faire la nature » que nous sommes arrivés à ce résultat, et c’est bien le rôle de l’homme que d’intervenir et la guider.

J’ai consacré à ce projet mes plus belles vignes du Haut Fenouillet, acquises en 2006, converties en Bio,… au plus haut du Val d’Agly, le nouvel eldorado du Roussillon, un vignoble frais entre Corbières et Pyrénées, et grâce à des soins extrêmes, un véritable protocole de grand cru des vignes à la cave, j’ai réalisé ces deux beaux vins 2012, qui expriment bien le style des vins sans sulfites : ils sont plus ronds, soyeux, sans angles ni dureté, et aux sensations tactiles veloutées, avec une excellente buvabilité.

Le point de vue d’un vigneron-éleveur sur des questions cruciales trop souvent détournées et des tabous éludés :

La baisse puis la suppression du SO² est une évolution inéluctable mais qui va déranger, bouleverser le monde du vin, côté producteurs, bien sûr, qui vont freiner des deux pieds et soulever tout un tas d’impossibilités. C’est un sujet tabou qui déclenchera d’immenses polémiques s’il devait  être appliqué, car on touche, avec l’alcool aux deux points sensibles et les désagréments réels du vin !

Mais ce sont de vrais sujets, bien plus que de récolter un jour fruit ou racine ou l’utilisation du soufre volcanique dans les vignes, bref un sujet de fond.

Supprimons le premier et réduisons le second en buvant bon avec modération. 

Le SO² reste le seul additif toxique autorisé en œnologie.  

Si on en demandait aujourd’hui l’agrément pour un usage nouveau, il serait refusé.

Il est paradoxal que le cahier des charges Demeter par exemple ait conservé l’usage du SO² alors qu’il condamne l’ajout d’intrants biologiques et sans inconvénients tels que les levures sans aucun danger pour la consommation humaine.

Son usage est traditionnel et c’est là où réside le problème : de mauvaises habitudes, du laxisme de l’avoir généralisé et sans cesse augmenté. C’est le refus du progrès et du changement, et des efforts, que de refuser d’en réduire l’usage.

Aucun autre produit utilisé en œnologie n’est dangereux. Les levures qui sont interdites en biodynamie et critiquées par les fervents défenseurs des vins natures peuvent se manger à la cuillère, elles ont un bon gout de pain frais et sont même favorables à notre transit intestinal (Idem ultra levure). On ne peut pas en dire autant du SO² qui reste pourtant autorisé.

La charte Bio n’interdit pas la chaptalisation, c’est un comble puisqu’il s’agit d’un intrant complètement exogène au raisin (issu de la betterave) ou lorsqu’il est bio : du sucre de canne importé du Brésil, ces apports étant la conséquence de déséquilibres profonds dans des vignes tournées plus vers la productivité que la qualité ….cherchez l’erreur.

Je serais moins choqué de laisser pratiquer le mouillage –raisonnable, déclaré, et à l’eau de pluie- dans nos raisins du sud parfois déséquilibrés par des canicules. C’est un élément naturel qui nous vient du ciel et pourrait parfois rétablir un meilleur équilibre. Pratiquer une telle opération aujourd’hui conduirait tout droit au tribunal alors qu’enrichir pour compenser des excès de rendement est autorisé par décret.

Le bio ne change pas le goût du vin

Produire en bio est une démarche écologique pour obtenir des raisins proprement en limitant l’impact environnemental qui comme chacun le sait est devenu insupportable dans les vignobles, et pour l’image du vin. Mais ça n’a pas d’impact sur le goût du vin. Cependant, comme on peut le constater en dégustant une journée au salon Millésime bio, il y a un style bio avec moins d’excès : de bois, de surextraction, de fruité extravagant, de réduction.

C’est probablement le résultat d’une éthique, d’un recentrage vers l’essentiel, ceci n’est qu’une tendance qui a ses exceptions. 

La vinification sans sulfite change le goût du vin.

Par voie de conséquence parce que les malos sont faites, puisque non bloquées, mais aussi, le SO² agit comme un masque durcissant l’acidité des blancs et les tanins des rouges, et, sans ce masque, les vins sont plus soyeux, veloutés, présentent des sensations tactiles douces. Le fruit est net, pur comme sur une cuve en novembre. L’art est de conserver cette pureté aromatique intacte dans le vin embouteillé, en travaillant très proprement et en éliminant les bactéries qui restent présentes puisque non détruites par l’action bactéricide puissante du SO². Le passage en fût se doit d’être limité en sans sulfites et on ne peut obtenir de vins très boisés sans sulfites, en tout cas, ce n’est pas l’esprit, et on ne va pas s’en plaindre.

Les mauvais goûts des vins nature ne sont pas le fait de l’absence de SO² ou du bio, mais les conséquences d’un laxisme, d’un manque d’hygiène et de conscience professionnelle, un manque ou l’absence d’analyses, de suivi œnologique, et probablement de connaissances. Ou la foi naïve dans un rêve d’absolu et de laisser faire la nature. Dans les deux cas, c’est un gros « foutage de gueule » du consommateur et l’anéantissement de l’image du vin, véritable reflet d’une civilisation et de décennies de travail patient.

Méfiez-vous  de l’intégrisme du «0 intrants » qui ne mène nulle part : « Je ne fais rien, je n’ajoute rien, je laisse faire la Nature … ! », c’est bien évidemment n’importe quoi !

Le vin n’est pas un produit naturel, un fruit qui se cueille à l’arbre, il est le résultat du travail de l’homme, d’une méthode et d’interventions précises, rigoureuses.  Le vinificateur bio se doit, comme le fait le vigneron bio à la vigne, de remplacer les intrants chimiques par la biologie et des méthodes physiques douces.

Non, comme dans l’éducation des enfants,  le « laisser faire seule la nature » ne fonctionne pas.

Le destin naturel d’un jus de raisin abandonné à lui-même est le vinaigre et la décomposition. 

Plus qu’aucune autre construction naturelle, un bon vin nature doit être guidé par l’homme.

Pour survivre dans la jungle de ce monde industrialisé, un bon vigneron se doit de produire un bon vin authentique, le meilleur possible en fonction de ses impératifs de marché et qui exprime avant tout la typicité climatique du lieu, de la région dans laquelle le vin est produit et c’est tout ! Ce devrait être tout !

Le corporatisme, les AOC telles qu’elles existent dans le sud de la France qui dictent des interdits et fixent des limites plus protectionnistes que cohérentes avec les possibilités réelles du terroir, n’ont plus aucun intérêt.

C’est pourquoi ici, de si nombreux vignerons sérieux qui les avaient déjà quittées au profit des vins de Pays s’engouffrent aujourd’hui dans les Vins de France.

Non, je n’ai pas utilisé du tout de SO² pour faire mes « vins sans sulfite » et il n’y en a pas non plus « qui a été produit par les levures », autre plaisanterie qu’il y aurait lieu d’expliquer et de démystifier.

Ce sont certaines «mauvaises levures sauvages de la nature » qui peuvent produire du SO². Le recours aux levures indigènes est complètement aléatoire et ne peut s’envisager qu’avec plusieurs utilisations de bactéricide tel que le SO² pour faire du ménage ou alors on a des développements bactériens qui génèrent des mauvais goûts. Au contraire, les levures sectionnées l’ont été entre autre sur ce critère et la plupart ne produisent pas de SO². Certaines sont même capables d’en consommer dans leur métabolisme. Ce sont des caractéristiques naturelles de certaines espèces patiemment sélectionnées comme on le fit jadis  pour obtenir une race de chien de chasse ou au contraire gardien de troupeau. Ce ne sont pas pour autant des OGM !

Je vinifie comme on cuisine : je nettoie, je pèse, je mesure, je surveille et veille à obtenir une stabilité par le contrôle de la microbiologie du vin. Je m’inscris dans une démarche rationnelle, écologique, raisonnée et soucieuse avant tout de qualité et de la santé des consommateurs. C’est pourquoi je revendique haut et fort l’origine précise de mes vins sur l’étiquette sans pour autant utiliser d’AOC ou d’IGP.

La seule disponible pour mes vignes de Saint Paul est l’IGP Côtes catalanes, un bien joli nom pour un rosé et accompagner des sardines un jour d’été dans le port de Collioure, mais qui ne correspond pas du tout à mon vignoble frais du haut Val d’Agly.

Comme en cuisine, c’est avant tout la qualité de la matière première qui est primordiale, avec un raisin parfaitement sain car trié à la main, et vendangé à maturité optimale et une acidité harmonieuse, je n’ai pas vraiment besoin de sulfites. Je veux faire des vins nature guidés par l’homme ! »

mesvignesdesaintpaulrouge2012

Ainsi donc vous avez pu lire jusqu’au bout la parole d’un vigneron. Elle est trop rare cette parole – et parfois si souvent déformée – pour que l’on n’y prête guère attention. Et si vous êtes arrivé jusque là, vous, le Lecteur, c’est qu’elle doit être intéressante cette prise de position vigneronne. Alors, comme le fait parfois l’ami Berthomeau en se retranchant derrière sa liberté d’esprit, je pourrais à mon tour me positionner derrière un « je ne suis qu’un passeur… », si je ne pêchais pas en même temps par simple angélisme dans le « au fond, je me sens en accord avec ce mec… » La vie d’un vigneron est semée d’embûches, semblable à celle d’un homme ou d’une femme exerçant dans tout autre métier. Il doit réfléchir à ce qui est le meilleur pour lui, le plus en accord avec son être profond. C’est pourquoi le vin, plus qu’une affaire de terroir, de technologie et de fric, est du ressort du vigneron. En accord avec sa conscience.

Michel Smith

PS – Je pense subitement à la cuvée « Les États d’âme » de l’ami Olivier Jullien que, par ma faute, je n’ai pas vu depuis trop longtemps. Ces dernières heures m’ont transporté au creux de la connerie humaine et m’obligent à vous faire part de mes blessures. D’abord avec la sinistre affaire Cahuzac qui restera au travers de la gorge de bien des personnes qui, comme moi, croyaient et croient encore à la Politique avec un grand « P ». Puis il y a la petite anglaise, Katie Jones, qui telle une grande a démarré un vignoble à sa taille au dessus de Maury. J’en avais touché un mot, à ses débuts, ici même. Or, des salopards qui s’emmerdent le jour réservé au passage des cloches ont décidé d’ouvrir les robinets de deux de ses cuves de blanc dans sa cave de la mal nommée Rue du Vatican, à Paziols, village où l’on se sent plus en sécurité que nulle part ailleurs. Résultat, un blanc qui commençait à ravir les amateurs s’est écoulé dans le caniveau et Katie n’a plus que ses larmes pour chialer. Et moi, de mon côté, je n’ai même plus une bouteille de son vin – ni d’Olivier Jullien, d’ailleurs – à me mettre sous le gosier. Katie, we sure love you !

Katie dans ses vignes. Photo©DR
Katie dans ses vignes. Photo©DR

 

10 réflexions sur “Droits de suites, cloches et autres états d’âme…

  1. mauss

    Franchement dégueulasse d’aller ainsi vider des cuves d’autrui ! Une chose doit être certaine : ceux qui ont fait cela ne doivent certainement pas faire de bons vins ! Qu’on les trouve, b de b !!!

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  2. Luc Charlier

    Forgeron adoré, tu découvres sur le tard « la vraie vie ». Tu es allé A TES FRAIS assister à un salon …. comme 99 % des visiteurs. Il n’y a que les politicards et les scribouillards pour ne payer ni droit d’entrée quand il y en a un, ni frais de déplacements. Les journalistes sont en voie de disparition – ce qui n’est pas sans risque pour la démocratie, j’en conviens – et les politicards prennent pas mal de plomb dans l’aile. A propos, j’avoue que j’ai possédé un compte en … Belgique. Mais, d’une part ce pays n’est pas un paradis fiscal, quoiqu’en pense le repoussant gros Gégé, et d’autre part c’était mon pays de résidence, auquel j’ai payé beaucoup d’impôts.
    Deuxième point : tu redécouvres le plaisir d’écrire des textes … longs. Bravo.
    Plutôt que « le poids des mots », tu as de nouveau droit à « la justesse des mots ». C’est beaucoup mieux ainsi.

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  3. pierre sauvage

    //Produire en bio est une démarche écologique pour obtenir des raisins proprement en limitant l’impact environnemental qui comme chacun le sait est devenu insupportable dans les vignobles, et pour l’image du vin//
    oui complètement d’accord et difficile à contester.

    Maintenant, une question qui me turlupine depuis un moment : pourquoi un vigneron qui s’engage dans le bio pour des raisons environnementales se plait à vendre ses vins à l’export (Europe/USA/Asie – bateaux, avions, camions…) ? Sacrée contradiction du point de vue écologique. Mais peut-être que les gains financiers permettent d’arrondir les angles environnementaux… Soyons pas si dogmatiques, après tout.
    Bon, pour contrebalancer avec un peu moins de cynisme, je comprends le choix du bio pour le vigneron qui le fait pour le produit, pour la qualité du vin lui-même (et du sol et végétal et son implication sanitaire). Mais on est loin d’ne démarche bio exemplaire (oui je ne fantasme pas sur les vignerons qui se complaisent dans la posture).

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    1. Luc Charlier

      Mister Sauvage : tu (vous ?) mets le doigt sur une des contradictions inhérentes à notre métier. Le tissu local ne PERMET PAS d’écouler la production dans la plupart des vignobles européens : peut-être la Savoie, le Württemberg, Collioure, Buçaco … et quelques autres auxquels je ne pense pas y arrivent-ils à peu près. Donc, il faut déplacer le vin pour le vendre.
      J’admets que c’est un problème.
      A l’inverse, les gens qui n’ont pas la chance d’habiter une région productrice souhaitent néanmoins boire du vin. Et ceux qui habitent une région de production en veulent parfois un différent.
      Quelle quantité du Bordeaux est-elle bue en Gironde ?
      Quelle proportion du Beaujolais est-elle consommée localement ?
      Combien de Muscadet boit-on en Sèvre-et-Maine ?
      A propos : combien de sacoches Lancel sont-elles portées par des Françaises ? Combien de « pata negra » sont-ils mangés à Salamanca ou en Extremadura ?
      J’arrête-là, je pense que la démonstration est suffisante. Non ? Une petite dernière alors : combien d’épées sont-elles tirées à Tolède ?

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      1. pierre sauvage

        J’adhère pas vraiment à votre (ta ?) démonstration Mister Luc car les sacs Lancel ou la pata negra ne sont pas forcément des produits bios.
        Il y a contradiction dans le choix de s’engager dans le développement durable et en même temps de choisir (aïe) de vendre à 2000 ou 8000 km.
        Je parle de choix (à nuancer bien sûr) car il me semble aussi possible de chercher à vendre plus en local si on le veut vraiment.
        Pourquoi un consommateur choisit d’acheter ses patates produites localement mais pas son vin ?
        Il y aurait beaucoup à dire et le monde du vin est libéralisé/globalisé depuis longtemps (et puis bien sûr en Belgique il n’y a pas de production de vin – ou si peu- , et ils ont bien le droit de ne pas se cantonner à la bière, c’est vrai…).
        (Et tant mieux après tout, ça me plait aussi d’essayer des Malbecs argentins et d’avoir aisément accès à mon Corbières préféré même en habitant loin).
        Je pointe juste du doigt la contradiction écologique.
        Sauf si le choix du bio est fait par rapport à la qualité du produit et non à l’inscription dans une démarche développement durable.
        Je suis ch… je sais.

        Et les moulins ils peuvent rester en Castille, on se déplace pour les chercher (mais c’est pas écolo non plus 😉

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  4. Luc Charlier

    Eh bé, Colbert n’est pas mort mais ses émules appliquent une partie de la doctrine – plutôt un ensemble de recettes en fait – mais refusent d’en voir l’aspect « mondialisation ». Déjà. Cela étant, je suis le premier à te donner raison quant à la contradiction.
    Et le dévelopement durable – en tant que fanion – comme le « bio » d’ailleurs, c’est du pipeau. Bien sûr les principes qui le soutendent emporte toute mon adhésion. Je n’ai pas le temps de développer mais je pense que tu vois toi-même le créneau où se situe le vin : du superflu, une sorte de luxe en somme et il ne répond pas entièrement aux critères des autres denrées alimentaires. J’espère qu’on pourra se croiser et en discuter de vive voix.

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    1. pierre sauvage

      C’est vrai, c’est bon de rappeler de temps en temps que le vin est du superflu. Nantis que nous sommes…(sans cynisme aucun).

      Au plaisir de se croiser entre deux navires ou deux moulins…

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  5. Louis Barruol

    Merci pour ce bon papier Michel. Denois très intéressant, avec beaucoup de clarté. Mais le bio change le gout du vin, et très vite. Les vignes répondent vite, et bien. Je suis étonné qu’il dise le contraire. Le mouillage déséquilibre encore plus les vins. Quant aux mafieux.. S’il y a quelque chose qui peut être fait pour donner un coup de main à Katie, merci de nous le faire savoir..

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  6. Au delà du discours, sympa, discutable, mais honnête… Pour ce qui est des vins, j’ai bien aimé le rouge, pour sa vivacité, son fruit bien frais, son croquant. Je n’ai pas aimé le blanc, étrange, fumé, limite écurie. Aucun plaisir, ce qui n’est pas en adéquation avec le discours. Ce n’est qu’une opinion, bien sûr; alors j’ai proposé un verre à ma femme. Elle n’a pas aimé non plus.

    Hervé

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  7. Grâce au mouvement solidaire, cher Louis, Katie me dit avoir vendu sur réservation la totalité de son blanc de l’année à venir (treize) et elle retrouve peu à peu confiance et sourire. Dans le Sud, on n’est pas que des truands !

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