Blanc ou rouge en Bourgogne : la qualité est bien plus souvent blanche !

A la différence de mon collègue Hervé, je ne refuse pas du tout d’aller déguster les vins proposés par les enseignes de supermarchés ou cavistes à la presse, en préparation de cette rite annuelle française un peu bizarre qu’on appelle « foires aux vins ».

Au contraire, j’estime que c’est une très bonne occasion pour se faire une vague  idée (je ne me fais pas trop d’illusions sur le niveau de la sélection globale à longueur d’année dans les supermarchés de France) de ce qui est proposé à une large majorité des consommateurs de vins dans ce pays.

Bourgogne

Montrachet (Photo H. Lalau)

Cette période de 3 semaines de dégustations est assez intense, avec une, voire deux séances par jour, pendant 4 jours de chaque semaine, et avec une moyenne de 70 vins à déguster chaque fois. Elle permet, entre autres, de situer le progrès, ou le contraire, de chaque enseigne dans sa sélection, mais aussi ses forces ou faiblesses selon les régions viticoles de ce beau pays. Elle a pour but principal de donner quelques modestes conseils d’achat aux lecteurs des titres pour lesquels il nous arrive encore d’écrire.

Il est une région, la Bourgogne, qui semble particulièrement difficile à aborder à travers le prisme de la « Grande » distribution. La cause première en est assez évidente : une forme d’incompatibilité entre une demande pour des volumes conséquents de la part du distributeur et, du côté de l’offre, d’une production restreinte et très morcelé parmi une multitude d’acteurs dans un très grand nombre ne souhaite pas une présence avéré des leurs vins en supermarché. Je parle évidemment des sélections dites « nationales », car certaines sélections « régionales », par leur base quantitative plus restreinte, peuvent offrir une autre vision.

Cela étant, j’ai dégusté, cette année, de très bons vins de Bourgogne chez certains distributeurs, parmi le flot malheureusement habituel de choses indignes. Mais une chose m’a particulièrement frappé, et j’attends quelques explications éclairées de la part de nos lecteurs. Les Bourgognes blancs sont généralement bien meilleurs, à prix égal (et même à des prix inférieurs), que les Bourgognes rouges. Je sais que ceci va choquer des défenseurs des grands pinots noirs de la Côte de Nuits (tu me lis, François M ?), mais les vins d’élite qui sont encensés, à juste titre, par des amateurs autour du monde sont totalement absents des ces réseaux de distribution. Trop rares, trop chers, trop demandés… les raisons sont faciles à comprendre. Mais comment expliquer alors que, parmi les centaines de Bourgognes que j’ai dégustés dans les présentations de Foires aux Vins cette année, je vais avoir du mal à recommander plus de deux ou trois rouges alors que je pourrais conseiller à nos lecteurs des dizaines de vins blancs, et cela à presque tous les niveaux de prix.

Je note, au passage, qu’Hervé a récemment constaté une tendance similaire entre les Sancerres blancs (bien meilleurs) et rouges (aussi issus du pinot noir, tiens tiens !).

D’accord, pour les prix en Bourgogne il faut monter une ou deux marches par rapport à d’autres régions. Mais là je compare les rouges et les blancs de cette même région. Pour un bon Santenay rouge des frères Muzard ou un Bourgogne Pinot Noir de D. Laurent (2 cas réels) je trouve, en blanc, trois Macon Villages, un ou deux Chablis, voire un Pouilly Fuissé ou un Pernand Vergelesses qui sont plus qu’acceptables. Est-ce que quelqu’un peu m’expliquer cela ?

Je propose quelques hypothèses et des débuts de réponse :

1) J’aime plus les vins blancs que les vins rouges.

C’est faux : j’aime autant des vins des deux couleurs

2) Le chardonnay est plus facile à vinifier que le pinot noir

Possible, voire probable : hypothèse à explorer avec des spécialistes

3) Les acheteurs sont meilleurs en vin blanc qu’en rouge

Difficile à prouver

4)  Les producteurs de Bourgogne ont plus de blanc que de rouge à vendre, laissant davantage de choix aux acheteurs

Peut-être. La production de blanc y dépasse en tout cas celle du rouge et avec deux grandes zones assez spécialisées : le Chablisien et le Maconnais

Pour essayer de creuser un peu plus ce sujet, j’ai interrogé un grand spécialiste des vins blancs de la Bourgogne, Jean-Marie Guffens, qui n’a jamais sa langue dans sa poche et dont les vins sortent, pour moi, chaque année parmi les meilleurs. Il est d’accord avec ma deuxième hypothèse, et rajoute (c’est bien lui) que cela explique pourquoi il touche à peine, voire pas du tout, au pinot noir. Mais il pense aussi que la réussite commerciale du pinot noir, et particulièrement en Bourgogne, a fait céder beaucoup à la facilité et à l’approximation à tous les étages.

Il semble bien plus délicat de produire un bon pinot noir qu’un bon chardonnay. Terrain, porte-greffe, clone et rendement doivent être finement accordés, comme pour un instrument délicat. Puis il faut un artisan très exigeant, et de la chance avec le météo, pour en tirer la meilleure partie. Le chardonnay, lui, serait plus malléable, versatile et, in fine, facile à cultiver et à vinifier.

Une conclusion ? Limitons cela à mon champ d’investigation. Si vous achetez votre Bourgogne en grande surface, achetez plutôt du blanc que du rouge et vous aurez 4 à 5 fois plus de chance de tomber sur une bouteille décente qui vaut à peu près son prix, tenant compte toutefois de ce que j’appelle l’handicap bourguignon : il fait retirer environ un tiers du prix de la bouteille (les cas individuels varient, bien entendu) pour obtenir sa vraie valeur comparative. C’est cela, la rançon de la gloire !

PS. Si vous voulez lire mes conseils d’achat parmi les propositions des Foires aux Vins, établis en association avec mon très estimable collègue de travail Sébastien Durand-Viel, vous le pourrez, à partir de septembre, dans la magazine Régal ou sur notre site web gratuit, Ecce Vino.

David

25 réflexions sur “Blanc ou rouge en Bourgogne : la qualité est bien plus souvent blanche !

  1. D’accord avec toi. La maturité du pinot est aussi peut-être plus aléatoire, sans compter que la région la plus ensoleillée de Bourgogne, le Mâconnais, est d’abord une zone de blanc.
    Aussi, pas mal de Bourguignons aiment bien vendanger tôt. Il n’y a qu’à comparer avec les pinots de Nouvelle Zélande…
    Et puis, de toute façon, le Bourgogne rouge se vend, non? Alors pourquoi changer une recette qui marche?
    Désolé, j’ai glissé, chef. J’aime trop la Bourgogne.

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  2. Certains vont taxer mes propos d’excessifs, une fois encore. Je m’en fous, je les crois justes et je suis sincère. Le vin se fait avec du raisin mûr, pas rien que du matériel de cave et des additifs. La Bourgogne ne possède pas un climat idéal pour faire du vin. La preuve, certaines années, et sur des localisations privilégiées, que les moines avaient identifiées d’ailleurs, le pinot noir mûrit bien et donne alors des vins magnifiques – j’en raffole. Dans la plaine ou le piémont des collines de « la Côte », la plupart de autres années (« off », et elles sont plus nombreuses que les autres) le rouge est au mieux passable et souvent franchement mauvais. Honnêtement qui a bu un vraiment bon Chorey-les-Beaune ou un Maranges exceptionnel ?
    Pourquoi le blanc ne suit-il pas le même chemin ? Car je suis d’accord avec David, même si je n’ai pas le privilège d’aller cracher ( 2 x 70 ) x 4 = 560 piquettes par semaine, parmi lesquelles sûrement quelques vins fort agréables. Cela non plus, je n’en disconviens pas.
    Et bien, messieurs, c’est que le blanc, c’est surtout le jus qui le fait, pas les peaux. Oui, je sais, ce n’est pas exact à 100 % mais avouez que l’approximation est bonne. Et la maturité phénolique des peaux de pinot noir est difficile à obtenir, surtout – je pèse mes mots – avec la densité de plantation ridiculement élevée de cette région, sa taille « à la bonzai » (surface foliaire ridiculement petite) et ses rendements de « ouf ». Je vous rappelle que les PLC sont énooormes dans cette région et toujours revendiqués. En outre, la pourriture est tellement crainte qu’on rentre souvent « juste pas mûr » de peur qu’une averse de plus ne souille toute la vendange. Voilà, je ne vais pas m’étendre, tu as compris le message, David.
    Deuxième chose, « naturellement » et dans tous les pays au monde, les cépages blancs « donnent » un peu plus de jus. Oui, je suis sûr qu’il y a une ou deux exceptions mais interrogez les collègues et la plupart vous diront qu’on fait du TRES bon blanc avec une vigne qui donne 8 tonnes de raisin l’hectare (soit environ 50-55 hl de vin fini), mais rarement du bon rouge à cette hauteur, quoiqu’en prétendent ces messieurs du Bordelais, de l’Alentejo ou du Chianti. Donc, à prix égal on peut obtenir du meilleur blanc (vous me suivez, le raisonnement est moins évident mais le lecteur intelligent aura compris et, chez les 5, tous les lecteurs sont intelligents, même les Belges).
    Troisième chose, une partie du vignoble blanc se trouve situé dans le Mâconnais, qui présente un climat déjà plus sudiste (100 km plus loin et un autre relief et régime des vents).
    Enfin, David, je ne connais pas les chiffres mais je soupçonne qu’il y a plus de raisin blanc que de noir en Bourgogne (à vérifier) et il est donc plus logique de rencontrer plus de bon.
    Il n’y a pas de « vigneron de génie ». Il y a de très bons raisins qui donnent alors de très bons vins si on ne fait pas trop de bêtises une fois à la cave.
    Voilà, tu demandais des explications, voilà quelques pistes. Bon, je ne suis pas MW, pas oenologue, même pas de BTS viti-vini, même pas un brevet en sommellerie. En fait, je n’ai pas le bac non plus. Et en France, c’est le « niveau », la « validation des acquits » et les diplômes qui vous classent son homme. Mon avis est donc celui d’un rustre … qui observe.
    Tiens, a contrario, dans l’Agly ce sont les rouges qui sont meilleurs que les blancs. Mais les bons (des 2 couleurs) ne sont pas vendus par la GD !
    PS: rédigé avant d’avoir lu le comment. de Lalau. C’est un vrai journalsite, lui. Il dit la même chose en qques lignes.

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    1. Les chiffres officiels pour la production en Bourgogne donnent 61% de vin blanc, hors crémant (8% de plus). Donc oui, il y a plus de blanc que de rouges, mais pas dans les proportions du pourcentage de bons vins dans les deux couleurs.

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    2. kimzigbou

      Bonjour Luc, oui je suis fort d’accord avec vous. Le pinot noir ne supporte pas l’excès de rendement et est fort sensible à la pourriture, d’où l’angoisse des vignerons et leur tendance à cueillir insuffisamment mûr. De plus, nombre de domaines sont de petite taille et la moindre perte de volume tourne au cauchemar économique. (Voir 2016 avec le gel)
      Mais le pinot est, de plus, délicat à choisir(porte-greffe, clône) en fonction du terroir. Preuve en est qu’ici en Occitanie où le botrytis est moins à craindre et le climat généreux, ce cépage qui faisait rêver les vignerons n’a donné, pour la plupart des jus insipides sans identité.
      En revanche, le chardonnay, noble caméléon, supporte nombre de conditions variées et arrive même à donner des jus buvables dans le sud. Le rendement ne lui fait pas trop peur, et même s’il n’atteint pas de grands niveaux de finesse dans le sud, il y est largement planté avec succès (commercial).

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  3. Il y a des choses qui sont désagréables à entendre.
    Le problème des rouges en Bourgogne, à Sancerre ou en Alsace, région que l »on oublie souvent quand on parle de vin rouge, est effectivement lié à la maturité complète du raisin. Cela n’est pas nouveau et je me souviens avoir provoqué les vignerons de Sancerre et d’Alsace sur ce sujet il y a 20 ans au moins en mettant en avant mes notes de dégustation. Sur 30 échantillons, un seul vin (parfois deux en étant gentil) se goûtait bien et c’était toujours le même domaine chaque année. Les autres étaient sur chaptalisés ou trop acides ou encore trop amers. En se rendant sur place chez les bons, on constatait le plus souvent que le vigne était bien exposée plein sud et qu’elle était idéalement entretenue.
    On oublie aussi de préciser que le Pinot noir est un cépage délicat, compliqué et pas facile. Même chez nous dans le Sud, ils ne sont que deux ou trois vignerons à réussir dans le domaine du pinot noir. La plupart sont insignifiants, sans intérêt et exempts de notes variétales pourtant irrésistibles lorsqu’elles sont bien comprises et bien présentes en bouche.
    Quant à l’avis de notre Léon national sur les vins de l’Agly, il s’agit là d’une façon de résumer qui m’apparaît un peu trop rapide et sommaire. Un certain Dubourdieu nous faisait comprendre il y a 30 ans que nous serions incapables de faire de bons blancs dans le Sud à cause de nos climats excessifs et de nos cépages roturiers. Or,les amateurs, les vrais, savent bien que depuis 10 ans nos coteaux produisent de remarquables blancs avec du grenache gris ou blanc, du terret, du macabeu et d’autres encore. Ils sont les fruits de la volonté et de l’intelligence vigneronne.
    Notez que mon avis est aussi celui d’un rustre… qui observe.

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  4. Comme le dit Hervé, le rouge de bourgogne a ses adeptes et ils sont tout de même relativement nombreux ! « Pourquoi changer une recette qui marche ? » Pour ma part, mon expérience, ma culture et mon apprentissage m’ont toujours tenu loin des rouges de Bourgogne, certainement à tord ! Après tout, c’est aussi le patrimoine français…

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  5. Florent Leclercq

    Bonjour, merci David de mettre les pieds dans le plat ou le doute dans la bouteille. Sous l’étiquette Bourgogne, en particulier dans les crus, il y a bien trop de bouteilles approximatives qui se vendent bien trop cher. Et mon expérience personnelle concorde avec les observations de David : ce sont surtout les rouges qui posent problème.
    Ceci dit, je pense que, s’agissant des Foires aux vins et de la GD en général, il y a une logique de prix. Les rouges réputés, en Bourgogne comme ailleurs, valent en moyenne plus cher que les blancs réputés, pour des raisons évidentes, dues à la fois aux conditions de production et au marché. Or, le prix est logiquement le premier critère de choix de la GD, même s’il n’est pas le seul. Pour disposer malgré tout d’une offre en bourgognes rouges, les acheteurs doivent donc, en moyenne bien sûr, taper plus bas en terme de qualité.
    A titre de comparaison, c’est aussi ce qui se passe pour le XV de France. Là, le critère, et il est quasiment rédhibitoire, n’est pas le prix mais la nationalité du joueur. Le sélectionneur ne peut évidemment, sauf exception, prendre les grands joueurs étrangers qui peuplent le championnat de France ou top 14 et y jouent souvent les premiers rôles. Pour obtenir le nombre de joueurs adéquat, il doit donc relativiser ses critères de sélection. Allez, à la santé des Bleus !

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  6. mauss

    Le drame de la Bourgogne, c’est que chez les bons producteurs, il n’y a rien à vendre directement, et du coup, si on en veut vraiment, on doit payer la marge d’un caviste.
    Car des bons rouges, et à bon prix à la propriété, il y en a ! Mais c’est un pélerinage à faire, y aller, se faire connaître et surtout être patient. Il m’a fallu plus de 5 ans pour avoir une minuscule allocation chez Rousseau. C’est ainsi ! Par contre, on peut trouver d’autres producteurs, moins connus et qui font bon. je cite toujours dans ce cas les Taupenot-Merme (un Grand Ordinaire pas mal du tout) ou Borgeot à Rémigny.
    Et ne pas oublier que quelques belles maisons de négoce (Jadot, Bouchard, Faiveley) ont également quelques crus à bon RQP. Bref, en faisant un effort, on trouve chaussure à son pied !

    Merci à Monsieur Charlier de ses explications que je vais garder en mémoire, particulièrement l’histoire des peaux à laquelle je n’avais jamais pensée. Un Maître ce garçon 🙂

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  7. Bien vu, Florent, cong. Mais tu as vu aussi que Toulon, malgré son ministre et son gros budget, s’est fait castrer de belle manière…
    A part ça, quand les pinots noirs de Bourgogne sont bons, ils sont grands. Les Bourguignons sont fiers de leurs grands climats, ils ont raison, car leur climat, au sens météo,n’est pas toujours propice…Mais quand il l’est, putaing…

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  8. Michel, d’accord sur tout et tu l’es aussi. Mais tu répugnes à être d’accord et tu aimes « a good argument ». Je n’ai pas écrit qu’il n’y avait pas de bon blanc dans l’Agly (j’en produis un peu, mon zami). J’ai écrit que ce sont les rouges les meilleurs, nuance. Je pense en outre que, en volume, la quantité de blanc dans ce secteur du département doit être très minoritaire. On outre, les zones plus adéquates (Feilluns, Caudiès etc …) sont en proie à une mévente (sauf quelques exceptions) inquiétante.
    Enfin, il est toujours possible avec des cépages blancs qui mûrissent bien, voire TRES bien (ceux que tu cites) de les cueillir à un stade juste un peu plus précoce, pour leur garder un surplus de fraîcheur, alors qu’il est difficile de « pousser » la maturité d’une plante qui ne peut pas mûrir là où elle est. Deux exemples où je pense que tu me suivras : (i) l’excellent JP Padié élabore parmi les meilleurs blancs du département (à mon avis) alors que ses vignes sont situées dans « l’enfer » de Calce, juste au-delà de la crète de « ma » Coume Majou, car il existe un lieu-dit homonyme à Calce. Il fait ce qu’il faut pour garder une belle vivacité tout en ayant des arômes développés. (ii) : puisque tu parles de Ducourneau et de tes écrits d’antan, tu te souviens de l’époque où le Madiran était très rarement buvable : couleur « bleu foncé qui tâche », acidité et amertume qui faisaient grincer des dents, taux alcoolométrique insuffisant … sauf chez quelques vignerons (Lafitte, Laplace, Vigneau, Barré …) sur quelques pentes et sur quelques millésimes. Puis est venue l’ère des « nouveaux », avec quelques individualités marquantes et des caves particulières qui se remettaient en question ou bien émergeaient de novo, mais aussi avec des personnalités exceptionnelles dans le mouvement coopératif, comme André Dubosc. Ce dernier aurait pu devenir « un autre Dubourdieu ». Je pense même qu’ils étaient exactement contemporains à la fac (à vérifier) mais il a préféré redonner vie à son « paÿs ». Et il a en grande partie réussi. Qu’ont-ils fait ? Du travail sur la grappe (effeuiller de manière à la présenter au soleil), du travail sur le pied (ébourgeonnage), du travail sur la fumûre, sur le palissage …. Et le tannat, ce mauvais bougre – que j‘adore – donne depuis lors presque chaque année (pas tout à fait) des vins délicieux. En même temps, les Romero de Rasteau ont eu une exemption pour planter du tannat (quelques milliers de souches) chez eux. Et c’est délicieux. Merci, le soleil de « Pro-vanne-ceu » !
    Même raisonnement chez Luís Pato dans la Bairrada, avec le cépage Baga. Et puis chez sa fille, tiens tiens.
    Donc, à l’unisson : le vin, c’est meilleur quand c’est fait avec du raisin, et si possible du raisin mûr.

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  9. @Forgeron : excuse-moi, c’est « en lecture rapide » que j’avais « percuté » Ducourneau alors que tu écris Dubourdieu. Et ma deuxième citation des « Du qqchose » est un hasard. Ma démonstration n’en est pas modifiée, même si l’avis émis colle mieux au caractère hautain et plein de morgue du Bordelais – je l’ai rencontré plusieurs fois, notamment quand il allait expliquer aux gens de Sancerre comment cultiver le sauvignon blanc – qu’à celui de Patrick qui, dans mon souvenir In Vino Veritassien, était un garçon charmant et plein de retenue. Mais j’ai du mal à marcher suite à des excès débroussailleurs hier (pas assez bu pour bien m’hydrater plus deux petites hypos en une matinée) et je prépare des cartons pour une virée de 3 jours – on sera de retour pour vous accueillir, Russell et toi – plus des soutirages à faire (malos finies, sauf la Loute) et donc je m’assieds à l’ordinateur de temps à autre … pour reposer mes vieux os. Combien de trimestres me reste-t-il jusqu’à la retraite ? Dans mon cas : 190 pour avoir droit au taux plein ( = 285 € par mois avant impôts).

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  10. Louis Barruol

    Est-ce que ce ne serait pas juste les prix des mauvais vins qui vous énerveraient ? Beaucoup plus que les vins eux-mêmes…. Quand le Rhône ou le Languedoc vous proposent des horreurs à trois sous, vous pardonnez plus facilement parce que ces sont trois sous. Vous pardonnez aussi parce que ce sont souvent des producteurs en difficulté, pris dans un système pervers. Et vous savez quoi ? Vous avez raison parce qu’on ne peut pas exiger les mêmes choses de tout le monde.

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  11. Louis, j’adhère. Mais j’ai eu l’occasion de déguster pas mal de cuvées de pinot noir néo-zélandais vendues en grande distribution – et à vil prix. C’était mûr, fruité, sympa. Rarement grand, mais toujours convenable. Alors que pour le même prix (transport et taxes compris, mais venant de bien moins loin), de Bourgogne, je n’ai goûté que de vraies saletés.
    Autre exemple plus proche: les pinots noirs du pays de Bade. Alors qu’en Bourgogne (et en Alsace aussi, souvent), on les ramasse le plus tôt possible, là bas, on les fait en Spätlese, en vendange tardive!
    Alors la difficulté du pinot noir, d’accord, mais il semble que les habitudes vigneronnes aussi jouent.

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    1. pierre sauvage

      hop, je rebondis, ou plutôt j’en profite pour glisser mon avis, et essayer d’éviter les malentendus :
      les bons Pinots Noirs allemands (et pas que de Bade! et pas qu’en Spätlese – peu répandus quand même) ne sont ni bon-marché, ni produits en assez grosses quantité pour se retrouver en GMS (ni en Allemagne, ni ailleurs). Donc, même constat que pour les Pinots bourguignon, de mon point de vue : rapport qualité/prix défavorable pour les entrées de gammes – au-delà aussi mais au moins il y a la qualité qui peut faire douter de son propre bon sens vis à vis du RQP (et de son portefeuille)…, et étalages en GMS inintéressants.

      @Louis Barruol : personnellement, c’est en effet le RQP des Pinots qui m’affolent souvent. Et surtout quand notre palais sait que d’autres régions françaises ou étrangères nous offrent tellement plus de plaisir pour le même prix… halte au masochisme !

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      1. D’accord. Pour les pinots allemands, ce n’est pas sur le chapitre des prix qu’on peut leur donner l’avantage, contrairement aux Kiwis. Mon argument était autre, je m’étonne que 150 km plus au Nord mais de l’autre côté du Rhin, on laisse mûrir le pinot. Vous avez une réponse a ça?

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  12. Goûtez les « Spätburgunder » des frères Adeneuer à Ahrweiler, même en « Auslese » c’est pas terrible. Pourtant, ils sont les « vedettes » locales et un Auslese doit peser quelque chose comme 95 Öchsle ou plus (suis pas sûr).
    Dans le Baden, bof bof. En Württemberg, les meilleurs sont sensationnels. En ai bu toute une nuit chez Wilhelm Haag à Brauneberg avec Dirk Niepoort, mais c’est la seule fois. Pas exportés. Goûtez le sommet de gamme P.N chez Trimbach, ou ceux de Léonard Humbrecht : ça, c’est du vaing’.
    Attention, Hervé, les Prädikät allemands ne représentent rien d’autre que des densités et les règles changent d’une région viticole à l’autre. Or, 89 Ö représente environ 12,8 vol % et 100 Ö aux alentours de 14,5 vol %. Donc, 89 c’est mûr pour un riesling, mais limite-limite pour du P.N.
    Même si VT = Spätlese dans les termes, dans la réalité, on ne parle pas du tout de la même chose. Et, heureusement, les Kabinett ne sont pas des vins de … chiotte !

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  13. J’aimerais lire un bourguignon sur ce sujet. J’ai évoqué l’avis d’un vigneron belgo-bourguigon, mais ou sont les producteurs de pinot noir du coin ? En tout cas, quelques-en-soient les causes, il semble qu’il y a là un vrai problème. J’ai eu quelques-unes de mes plus grandes émotions d’amateur de vin avec certains pinots noirs de Bourgogne. Mais combien de petites et grosses déceptions à côté ? Rapport de 1 à 10, de 1 à 20 ??? Je n’en sais rien, je ne tiens pas le score.
    Et pendant qui vous voyagez les amis, en Allemagne ou en Nouvelle Zélande, je vous signale qu’il y a aussi de belles choses dans l’Oregon. Essayez Domino IV si jamais vous tombez dessus, par exemple.

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  14. Louis Barruol

    Oui, ok , on peut toujours trouver des vins sympas à Central Otago, Oregon ou ailleurs; et même des choses tout à fait bonnes. Mais il est presque impossible de trouver un pinot qui a de l’âme et de la magie en dehors de la Bourgogne. Cela n’excuse pas la médiocrité qu’on peut aussi trouver en Bourgogne, bien sur. Mais il faut garder à l’esprit que la « fenêtre de qualité » pour le pinot est réduite. Ce coquin passe allègrement du trop mur au pas mur sans qu’on y prenne garde et il ne compense jamais un terroir moyen. Son équilibre général n’est pas facile à trouver et il est peut être celui qui a le plus perdu avec l’apparition des clones. Un faible spectre de sols lui conviennent vraiment. Enfin, les prix des bons pinots new world ne sont pas bas du tout ! Je préfère encore aller fouiner en Bourgogne. Mais pas dans les foires aux vins, juste en Bourgogne.

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  15. Pardon de m’auto citer, mais Louis à raison. La preuve dans mon dernier livre « Les Grands Crus du Languedoc et du Roussillon » (désormais introuvable…) où Catherine Roque, qui vinifie à Clovallon le plus beau Pinot noir du Languedoc, disait de lui : « Le Pinot demande une ascèse totale, la meilleure école pour l’exigence. En fait, c’est un rebelle ». C’est elle qui me faisait remarquer que le Pinot était présent dans les vignes des moines du Languedoc, « complanté avec d’autres, certes, mais tout de même bien implanté ».

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  16. Bonjour David et aux lecteurs de ce blog.Un commentaire un peu tardif. Notre expérience à la revue Bourgogne Aujourd’hui confirme cette impression. Les pourcentages de réussite (vins notés plus de 13 sur 20) sont toujours plus élevés en blanc qu’en rouge. Ceci-dit, le différentiel n’est pas non plus du simple au double comme il me semble l’entendre dans les propos des uns et des autres.

    – La nécessité de vendanger à maturité phénolique pour élaborer un grand rouge est, bien-sûr, une explication fondamentale (comme l’explique Luc Charlier). Ce n’est pas un hasard si le plus grand vignoble producteur de blancs en France est le Val de Loire et pour les rouges le Languedoc-Roussillon… La Bourgogne est pour sa part à la limite septentrionale de production des grands rouges. D’où la primauté de l’effet millésime, avec une variabilité de qualité qu’il induit. Situation qui explique aussi que quand toutes les conditions sont réunies le résultat est magique…

    – Soulignons aussi que la Bourgogne éponge encore le problème de sélections de vignes trop productives (clone) plantées dans les années 60-70-80. Une époque où le rendement était l’alpha et l’oméga de l’agriculture. En matière de qualité, ce matériel végétal n’est tout simplement pas comparable avec le pinot fin (qui donne de petites grappes). D’où un manque de concentration et de maturité phénolique (retour au premier point).

    – La caractéristique du cépage pinot noir qui effectivement est moins malléable et supporte moins les rendements « généreux » que le Chardonnay.

    Mais, au risque de vous surprendre, si la Bourgogne a surtout progressé dans une couleur ces dernières années, je dirais que c’est en rouge ! La généralisation de la table de tri, les cuves thermorégulées, l’utilisation du bois plus raisonnée, des rendements plus faibles (amendements davantage maitrisés) et… le changement climatique, expliquent que la Bourgogne a sans doute rarement proposée une production de rouges aussi intéressante.
    Enfin, je modérerais vos appréciations par un caractère plus subjectif. La réputation de la Bourgogne, et les prix qui vont avec, veulent que l’on attend toujours monts et merveilles de cette région… Alors quand le vin est moyen, l’indulgence se révèle, c’est humain, plus difficile à susciter.

    Laurent Gotti. rédacteur en chef adjoint de Bourgogne Aujourd’hui

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