Non, la culture du vin ne favorise pas l’alcoolisation

Pour votre édification de buveurs raisonnables, je vous livre ci-après le résumé publié sur le site du Figaro, à propos du débat qui va suivre, ce soir, la diffusion sur France 2 du téléfilm La Soif de Vivre.

Je n’ai pas changé une ligne:

« Alcool : un tabou français ?

Chaque année, en France, 49 000 personnes meurent à cause de l’alcool. C’est la deuxième cause évitable de mortalité après le tabac. Nous consommons 12 litres d’alcool par habitant et par an, soit 30% de plus que la moyenne européenne. Associé à la convivialité et à la culture française, on estime à près de 9 millions le nombre de consommateurs réguliers. Une question se pose : Français, serions-nous victimes de notre «culture du vin» ? Selon la cour des comptes, qui a publié un rapport sur la question en juin dernier, les politiques publiques de lutte contre les consommations nocives d’alcool en France sont peu efficaces en raison de la «tolérance» générale vis-à-vis de ce produit. »

Pas d’amalgame!

Une fois encore, je réprouve l’allusion que le Figaro fait à la « culture du vin ». Il est amusant/curieux/intrigant que ce terme précis soit utilisé ces temps-ci, alors que l’on sait le dépit que les anti-alcool ont ressenti lorsqu’il a été évoqué, et défendu, par un certain Emmanuel Macron.

Mme Perrin (si c’est bien elle qui écrit ce résumé, comme l’article qui lui fait face) fait-elle de l’anti-macronisme? A-t-elle une opinion autorisée sur le sujet, en qualité de Journaliste People/TV (c’est son titre sur Twitter), basée sur des travaux personnels? Ou bien s’est-elle juste contentée de reproduire les éléments de langage du communiqué de France 2?

Qu’on me permette donc de préciser – à nouveau – quelques points importants; il ne s’agit pas d’une opinion, mais de faits.

La consommation de vin est en baisse constante en France, sur 50 ans. Plusieurs générations de Français qui consomment régulièrement de l’alcool ne sont jamais passés par le vin, qui a depuis longtemps perdu le statut de boisson d’alcoolisation des masses.
Il suffit de lire les tableaux publiés par L’Observatoire Français des Drogues et Toxicomanies pour s’en convaincre. Et non seulement cela: pour constater que dans le même temps où la consommation de vin chutait de plus de moitié en termes d’équivalent d’alcool pur, celle de la bière et des spiritueux, elle, restait stable.
On remerciera donc cet Institut pour la mise à disposition de ces solides arguments pour le découplage du vin et des autres boissons alcoolisées. Tout en regrettant que le vin – boisson de moins en moins addictive, cqfd, soit quand même associé aux drogues et toxicomanies.

Sans vouloir manier le paradoxe, on peut même avancer que la consommation de vin, aujourd’hui, est dans bien des cas un frein à l’alcoolisation, en ce qu’elle associe effectivement un pan de culture à la consommation; qu’elle permet une véritable éducation à une consommation consciente et non subie de l’alcool. En outre, le vin est trop cher et pas assez « efficace » si l’effet escompté est une ébriété rapide. C’est la raison pour laquelle le vin ne doit pas être considéré, à mon sens, comme tous les autres produits alcoolisés.

Ceci, je ne l’écris pas pour défendre mon bout de gras, ma chapelle ou mon vice. Je l’écris parce que c’est vrai. Parce que la France n’a jamais aussi peu consommé de vin, alors qu’elle n’en a jamais produit autant de bon. Et que l’avenir du vin en France est à une consommation modérée, consciente, de vins de qualité.
Je me permets aussi de faire remarquer que le vin n’est pas la boisson de choix du personnage joué par Claire Keim dans le téléfilm qui introduit le débat.

Bonjour le pluralisme!

Enfin, et peut-être surtout, je suis très dubitatif quant à la représentativité du panel des invités qui, toujours d’après l’article de Mme Perrin, seront présents sur le plateau; je cite, là encore: « Julian Bugier recevra la ministre de la Santé Agnès Buzyn, Fatma Bouvet de la Maisonneuve, psychiatre spécialisée en alcoologie, William Lowenstein, addictologue, des présidents d’association et d’anciennes alcooliques, dont Nathalie, qui a réussi à s’en sortir après dix-huit cures et presque autant de rechutes… »
N’y aura-t-il personne ce soir sur France 2, face à des prohibitionnistes et à des buveurs repentis pour défendre la cause de la modération, la cause du vin, la cause d’un produit qui a accompagné plus de 20 siècles d’histoire française? Pour avancer des arguments chiffrés, concrets, qui infirment les thèses qui sont habituellement défendues par les invités cités plus haut? Pour contester les extrapolations, les amalgames, jusque dans le chiffre cité de 49.000 morts? Pour mémoire, ce chiffre est tiré d’une étude fantaisiste entérinée par Mme Buzyn, et selon laquelle, si on la lit bien, le nombre des cancers augmente à mesure que la consommation d’alcool baisse (belle démonstration par l’absurde).
N’y-aura-t-il personne pour faire la part des choses, entre des abus qu’on ne doit pas nier – les alcooliques existent, et parmi eux, une petite minorité d’alcoolisés au vin – et une consommation raisonnable?
Et bien si! Olivier Poels, mon confrère de la Revue du Vin de France, sera présent. Mme Perrin n’a pas jugé utile de le préciser (à moins qu’il n’ait fait partie des points de suspension dans l’article). Quoi qu’il en soit, le brave Olivier sera bien seul face à 7 contradicteurs, dont une ministre un tantinet abuzyve pour qui la première goutte d’alcool est une goutte de trop. Et si le temps de parole est divisé équitablement, pourra-t-on parler de débat équilibré?
Les organisateurs n’auraient-ils pas dû inviter des experts de la filière – Vin & Société, par exemple? Mais aussi des vignerons et des fabricants d’alcool?

Je ne sais pas si l’alcoolisme a 1000 visages, comme titre Le Figaro. Mais combien de visages aura le pluralisme, ce soir?

Je profite donc de cette petite tribune pour demander à mes confrères de France 2, ainsi qu’au Figaro, de faire preuve d’un peu plus  d’objectivité à l’avenir.

Et comme je ne suis pas persuadé d’être écouté, amis lecteurs, je vous saurais gré de vous manifester par vos commentaires, non seulement ici, ce qui me fera très plaisir, mais aussi et surtout sur le site du Figaro de France 2.

Vous consommez du vin, mais vous ne sombrez pas dans l’alcoolisme? Vous appréciez le breuvage de Bacchus pour tout autre chose que le degré imprimé sur l’étiquette? Vous êtes donc les plus qualifiés pour parler de ce qui ne relève pas d’une addiction – quelque chose qui vous domine, à laquelle on ne peut résister – mais d’un plaisir culturel, associé au repas gastronomique français. Un repas classé, rappelons-le. De même que les climats bourguignons, les villages de Champagne ou le finage de Saint-Emilion.
Devra-t-on demain, ne plus mettre de vin sur la table? Ne plus récolter les vignes, qu’elles soient classées ou pas? Fermer la Cité du Vin?
Faut-il écouter les Cassandre, qu’ils aient rang d’addictologue, de ministre ou de copy-writer? Tourner le bouton du poste? Ou bien ruer dans les brancards, protester, se faire entendre!?

Hervé Lalau

31 réflexions sur “Non, la culture du vin ne favorise pas l’alcoolisation

  1. Tout sauf tourner le bouton du poste!!!
    La diffusion d’un téléfilm suivi d’une discussion influence notablement l’opinion publique, il est indispensable de regarder et suivre le simili débat.
    Je suppose que le sujet du débat (je n’ai pas vu le téléfilm) sera sur l’addiction à l’alcool. Il est important de voir si les intervenants confondent le vin avec l’alcool. C’est le première idée reprise par le lobby zéro alcool, faire un même risque que ce soit le vin ou les spiritueux. Deuxième impasse, la modération. Prônée par la profession viticole et défendue par Vin et Société. C’est intéressant de lire leur application sur la modération : http://www.vinetsociete.fr/s-engager/formation/formation-des-professionnels
    Ensuite, il y a l’addiction. Celle au sucre est peut-être plus grave pour la santé. Le tabac? La graisse? Le jeu? Le smartphone??
    Parmi les chiffres on prouve aussi que les région productrices de vin ont moins de problème d’alcoolisme qu’ailleurs. L’explication probable est la fameuse Culture du Vin. Le respect du vin qu’elle induit fait qu’on l’associe à une forme de consommation naturellement modérée.

    Merci Hervé de lancer l’alerte encore une fois. Ce serait bien de revenir sur ta chronique après la diffusion sur France 2.

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    1. Je ne suis pas en mesure de regarder sur soir, Nadine, hélas. Mais ton avis m’intéresserait au plus haut point – d’autant que j’ai un peu l’impression de me répéter.
      Mon excuse: les attaques sont répétées aussi…

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  2. Heureusement qu’une consommation modérée de bons vins nous aide à supporter les multiples incompétences au plus haut niveau au Ministère de la Santé et la mauvaise foi d’addictologues incapables d’avoir une approche sérieuse et honnête des problèmes posés par l’alcoolisme. A semer la confusion, on ne récolte que le ridicule…

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  3. georgestruc

    Ce qui va être déterminant concerne la boisson avec laquelle l’actrice est victime de son addiction à l’alcool. Je parie que nous allons avoir droit à des bouteilles de vin et non pas à des alcools forts comme le whisky, la vodka ou le rhum. Aucun esprit de parité ne sera respecté. Normal, on veut faire passer un message fort. L’équilibre serait dangereux…

    Sur le magazine de la santé, animé par Marina Carrère-D’Encausse et Michel Cymes, nous avons eu droit il y a qq jours à l’intervention d’un addictologue, bien de sa personne, une tronche de premier de la classe, qui a déclaré que le vin ne devait en aucune manière échapper à la listes de produits susceptibles d’engendrer de graves addictions et que la culture du vin était en quelque sorte une dangereuse chimère (j’exagère à peine). Et il soulignait la puissance des lobbies du vin comme étant aussi grave que celle des lobbies des drogues herbacées. En donnant à son propos l’angle des lobbies, il agissait avec habileté car les téléspectateurs étaient tentés d’assimiler les activités déployées autour du vin comme relevant des puissances de l’argent (au détriment du consommateur, bonne poire, qui les enrichit) et, pourquoi pas, de l’argent sale !! Cela peut aller très loin.

    Ceci étant, je ne pense pas que ce genre de propos destiné à créer la peur possède beaucoup de portée. Les consommateurs de vin, raisonnables et fortement enracinés dans la culture du bien boire et bien manger, ne seront pas touchés. Le risque se trouve dans l’affichage du vin, la retenue que certains auront désormais à mettre du vin sur la table, une communication de plus en plus difficile. Bientôt un bus d’addictologues investis de propagande à l’entrée de Vinisud ??

    Dans mon petit village, les seuls alcooliques invétérés le sont avec le pastis et la bière. J’en ai connu autrefois (plusieurs décennies) qui faisaient des concours de pastis (30 verres au bistrot entre 18 h et 20 h…). Jamais au vin, qu’ils avaient perdu l’habitude d’apprécier à cause du pastis. Dans ma famille, nous avons perdu un être cher encore très jeune qui avait cédé à l’addiction avec des alcools forts, à cause de son « entrée » dans une association « d’amis d’un alcool dont je tairais le nom ». Et les soirées partaient en vrille, bien entendu. Deux cures sans effet…

    Je vais regarder cette « fiction » mais en écartant de moi tous les objets que j’aurais tendance à pouvoir projeter sur l’écran du téléviseur, après avoir consommé un verre d’excellent Côte-du-Rhône qui m’aura rendu, c’est prévisible, dangereux et violent.

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    1. Si lobby du vin il y a, il n’est pas si influent que veulent le faire croire les hygiénistes. Combien d’émissions prohibitionnistes pour une seule émission où l’on parle de la convivialité de vin consommé modérément?

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  4. A voir la bande annonce, Georges, l’héroïne boit plutôt de l’alcool blanc que du vin : on discerne une bouteille au liquide transparent bouchée d’une petite capsule bleue, genre vodka, et une autre, toujours transparente, de format carré. Pas de marque visible (peur de faire de la pub ou de la contre-pub?).
    http://tvmag.lefigaro.fr/programme-tv/claire-keim-la-soif-de-vivre-l-alcoolisme-a-1-000-visages-_bd7a971c-0b29-11e8-9553-0c6b96c2dc6d/

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  5. Chrisotphe Libaud

    Bonjour Monsieur Lalau,
    Merci de relever le défi de parler d’un problème saillant de notre société.
    Cependant, je n’ai pas votre certitude concernant l’auteur du résumé accompagnant le programme TV, je ne vois pas mention du nom d’Elisabeth Perrin en regard de cet articulet.
    On relèvera au passage que la publication de la Cour des Comptes sur « Les politiques de lutte contre les consommations nocives d’alcool » date de juin 2016. De même, dans cette publication il est fait mention du chiffre de 49 000 décès. Chiffre établi par l’Inserm et remontant à 2009. Cette même donnée est reprise par le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » de l’Institut de veille sanitaire (InVS) en date du 7 juillet 2015. Je ne vois là nulle fantaisie.
    La « culture du vin » vs les alcooliers ? Pourquoi pas, Information et prévention doivent s’accompagner d’un consensus qui fait cruellement défaut aujourd’hui encore.
    Pour faire un « pas de côté », allez sur le site de Slate et lisez l’article « Peut-on guérir l’alcoolisme avec du vin ? » en date du 9 juillet 2016 signé Charlotte Pudlowski. Rebond assuré.
    Sincères salutations
    Christophe Libaud

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    1. Merci M. Libaud.
      Quelques précisions.
      – Le lien vers l’articulet, comme vous l’appelez, est présent en regard de l’article principal, dans le même champ visuel; certes, il n’y a pas de signature, mais le plus souvent, les encadrés de ce genre sont écrits par ceux qui font la chronique. Si ma consoeur veut préciser ce point, elle est la bienvenue sur ce site.
      Par ailleurs, le dernier paragraphe de l’article principal (signé), qui parle du débat, et non du téléfilm, est bien de son cru. Et elle n’y cite pas le seul intervenant qui pourrait argumenter en faveur du vin, ce qui laisse supposer une forme d’indifférence par rapport à la composition du panel.
      -Quant au chiffre de 49000, c’est un serpent de mer qui a pour origine une « étude » signée d’un certaine Mme hill dont nos amis d’Honneur du Vin ont déjà démontré le caractère fantaisiste, et qui date de plus de vingt ans. J’en ai parlé sur mon blog perso ici: http://hlalau.skynetblogs.be/archive/2013/05/09/up-the-hill-backwards.html#more
      Mais Honneur du Vin l’a fait mieux que moi. Je vous invite à leur demander plus de détails.
      Pour moi, la Cour des Comptes aurait été mieux inspirée de puiser à d’autres sources, ou en tout cas, à plusieurs.
      -En ce qui concerne le traitement de l’alcool par le vin, j’en ai parlé ici même sur la base d’un article canadien; cela existe bel et bien. Je vous donne le lien https://les5duvin.wordpress.com/2016/07/13/et-si-lon-traitait-lalcoolisme-par-le-vin/

      Mais attention, je ne milite pas du tout pour une consommation déraisonnable de vin (ou de tout autre alcool); et même, je la combats.
      J’ai autant de compassion que les producteurs de ce film, sinon plus, pour les victimes de l’alcoolisation, et je réprouve toute communication qui incite à passer la mesure, à encourager une addiction; car c’est en quelque sorte le dépassement d’un point de non retour, quand l’habitude asservit l’homme ou la femme. J’en ai connu et cela me révulse.
      Je demande juste qu’on arrête de nous traiter comme des gosses ou comme des demeurés, de nous abreuver de faux chiffres, et qu’on arrête d’attaquer le vin systématiquement quand ce n’est pas lui qui est en cause – ou alors marginalement.

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  6. PS. Tu parles d’un « tabou » français! Comme si l’Etat s’était privé de s’attaquer à l’alcool et au vin en France! Et la loi Evin? Et les affiches sur la répression de l’ivresse? Et les taxes qui grèvent les ventes d’alcool? Et l’abaissement du taux d’alcool dans le sang pour la conduite?
    Attention, je ne dis pas que toutes ces mesures sont injustifiées (quoi que la Loi Evin me semble toujours très mal ficelée, en ceci qu’elle gène plus les secteurs à marques faibles et dispersées, comme le vin, que les alcools forts). Mais pour oser prétendre que le sujet est tabou, il faut avoir fumé la moquette du journal ou du ministère!

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    1. georgestruc

      A chaud, si l’ont peut dire par ce temps glacial : le film montre une addiction majoritairement établie avec des alcools forts de type vodka. Lors du débat, les trois femmes invitées ont toutes été des victimes d’addictions importantes dues à des consommations très élevées d’alcool, pour l’une la vodka (2 litres/jour !!). Jusque là, aucun problème. Ces malheureuses ont réussi à sortir de leur enfer et c’est une excellente chose. Le sujet restait sur les rails de l’addiction.

      Dès l’arrivée de la ministre, tout a dérapé et le vin a été la cible privilégiée de ses propos : « le vin est identique aux autres alcools ». Et le lobby du vin par ci, et le lobby du vin par là…. « Un verre de vin » constitue la porte d’entrée à « un risque de pb de santé ». Et de balancer les chiffres connus (49 000 morts/an) et surtout celui des femmes atteintes d’un cancer du sein dont plusieurs milliers avaient consommé un verre de vin par jour !! On attend la démonstration d’un lien de cause à effet…On est à la télé, donc il est facile de zapper au nom d’une simplification réputée pédagogique des choses. Le sujet majeur de l’addiction a fait place à un procès de la viticulture française.

      Olivier Poels a eu bien du mal à défendre le vin, la viticulture et les viticulteurs. Il a eu la mauvaise idée de citer les opinions des professeurs cancérologues qui s’étaient exprimés, il y quelques années, en faveur du vin et s’est fait « ramasser » par Lowenstein qui a ouvertement traité ces opinions et, par la même, ceux qui les ont exprimées, de fantaisistes…Comment reprendre la balle de volée ? Impossible. Cependant, il a eu le dernier mot en citant le fait que des vignobles français avaient été classés au patrimoine mondial de l’Unesco et « qu’il nous restait au moins cela »… Faible consolation. On le remercie pour tous les efforts qu’il a déployés afin d’indiquer que les lobbies du vin sont insignifiants, voire inexistants, par comparaison avec ceux du tabac, aux mains de firmes puissantes et internationales. Et de souligner également que de puissants lobbies animaient le domaine de la pharmacologie. Pas de réaction, ni de la ministre, ni de Lowenstein.

      A noter que le fond d’écran du présentateur a été majoritairement constitué de verres de vins rouges (au moins, on ne pouvait pas les confondre avec un alcool blanc), ainsi que de champagne. A peine orienté, non ? Ou alors, une banque d’images défaillante ?

      Bonne nuit, amis du vin.

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  7. Un compte rendu à chaud après cette soirée éprouvante. Le téléfilm de Lorenzo Gabriele « La soif de vivre » est dramatiquement réaliste. On suit avec compassion et dans la tension les effets ravageurs de l’alcoolisme sur la famille. L’alcool impliqué dans cette histoire est de l’alcool blanc et fort.
    A peine soulagée de la fin de la fiction, j’ai suivi l’émission « La soirée continue nous a servi le témoignage de deux alcooliques abstinentes. Sincère, touchant mais avec un brin de voyeurisme. Toute cette partie sur l’addiction a été traité avec attention. Il a surtout été question de l’alcoolisme de plus en plus fréquent chez les femmes.
    Quand Mme la ministre des solidarités et de la santé, Agnés Buzyn, s’est ajoutée à la table, le journaliste lui a demandé si la France avait un problème avec l’alcool. « La France a une forte ambivalence avec l’alcool » a -t-elle dit, puis peu après «  l’industrie du vin fait croire que c’est un alcool différent des autres. C’est faux. Scientifiquement, c’est faux » Et puis la révélation – ou le coup de grâce – « L’alcool n’est pas bon pour la santé dès le premier verre. »
    Malgré l’intervention posée d’Olivier Poels « Le vin fait partie du patrimoine de la France depuis 2000 ans » puis d’évoquer le French Paradox qui a fait réagir l’addictologue William Lowenstein « Arrêter, le fake news de l’alcool doit s’arrêter, le lobby de l’alcool entretient ce fake news commercial » s’en est suivi un échange sur le scientifiquement prouvé d’un côté comme de l’autre.
    Madame la ministre a tranché en affirmant une « réalité », « information nécessaire », « Quand une femme boit 1 verre de vin par jour, elle augment de 10% le risque d’avoir un cancer du sein ».
    Olivier Poels a tenté de démontrer qu’il n’y a pas de lobby du vin, trop de petites structures, pas assez puissantes, pas assez collectives pour faire un lobby (???)
    Ce à quoi William Lowenstein a répondu que l’ancienne directrice du Lobby du vin (ref. à Carole Vainqueur de Vin et société) est entrée dans le cabinet de conseil du président « Si ça ce n’est pas un lobby? » a-t-il dit un peu trop fort.
    Madame la Ministre a re-cité « l’industrie du vin » qui dépenserait 450.000 euros pour la publicité du vin contre presque rien dont elle dispose pour la prévention.
    Je crois qu’on peut passer sur la séquence de promotion du médicament miracle contre l’alcoolisme qui permet de ne plus être dépendant tout en buvant un petit peu de temps en temps ….
    L’émission « La soirée continue » s’est terminée sur un clip des années 50 qui invite à boire 3 verres de vin par jour parce que c’est bon pour la santé… le vin à la cantine… mais qu’il ne faut pas boire d’alcool avant 14 ans.
    Je n’avais plus rien à boire, je ne me suis pas resservie j’ai comme un goût amer en bouche.
    J’ai gardé quelques autres notes si besoin.

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    1. georgestruc

      Nadine, vous avez bien raison de souligner que la ministre parle « d’industrie » du vin, dans le but de le mettre sur le même plan que le tabac qui, lui, est un produit hautement industriel. Quant à « l’alcool qui n’est pas bon pour la santé dès le premier verre », là on atteint les sommets du ridicule…Souffrirait-elle d’une addiction au politiquement correct ?

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      1. Merci à tous les deux, Nadine et Georges.
        Vu ce que vous nous rapportez, on ne peut que regretter que des représentants de la production d’alcool et Vins & Société ne soient pas venus. Ou des médecins qui auraient pu défendre le French Paradox avait un autre poids qu’un journaliste.
        Le ministre de l’agriculture aurait pu aussi éventuellement venir défendre les viticulteurs face à Mme Buzyn.
        La référence au budget de prévention est amusante quand on sait que c’est le gouvernement (Ayrault, je crois) qui a mis fin au conseil de la modération où ce genre de décisions devaient se prendre, entre les producteurs, le gouvernement et les anti-alcools; mais les anti-alcools pratiquaient la politique de la chaise vide, au prétexte que pour eux, prôner la modération est déjà un encouragement en soi, alors que seule l’abstinence vaut, pour eux, dans leur logique sectaire.
        Ma conclusion, c’est que l’on ne peut pas vraiment débattre avec ces gens, mais qu’on doit argumenter pour l’opinion publique, les médias généralistes, répondre argument pour argument, ne jamais baisser la garde; militer, comme eux; sinon, la bataille de l’opinion sera perdue, et le fameux principe de précaution, qui n’est jamais qu’une sorte de renoncement à traiter un problème, prévaudra à nouveau.

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  8. IL y a d’un côté le camp de la peur et du puritanisme, qui séduit avec des arguments du genre « pourquoi prendre des risques », « voyez les ravages de l’alcool sur certains ». Et de l’autre celui de l’immense majorité des buveurs modérés, dont la soif de vivre finirait par apparaître par indécente, ou ringarde, au regard de la propagande de l’asbstinence. Il ne faut rien céder face au lobby de la peur, et assumer nos choix de vie, exercer notre libre arbitre, notre consommation responsable d’un produit, le vin, qui nous accompagne depuis deux millénaires et est toujours, à ce jour, en vente libre.

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  9. Guy Riboreau

    Et mettre en parallèle, pour souligner la dangerosité de l’alcool, une consommation quotidienne de 2 bouteilles de vodka (une intervenante ex-alcoolique) et la consommation de 2 ou 3 verres de vin par jour est parfaitement ridicule. C’est pourtant ce qu’on fait nos « hygiénistes »…

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  10. Est-ce qu’il ne faut pas plutôt travailler sur le problème de l’addiction? Nous ne sommes pas égaux par rapport à la dose d’alcool problématique pour la santé. On arrivera pas à se mettre d’accord.
    La maladie grave dont il était question dans ce film, c’est l’addiction. Dans ce cas un seul verre est déjà de trop.

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  11. Freuse

    Le débat était certes déséquilibré, mais je trouve que la parole « consommation responsable » a été assez largement inaudible à cause d’un discours mal ficelé. Ou au contraire, trop ficelé ! Certes, le contexte était défavorable à un autre discours que « Le vin est mauvais pour la santé », mais les éléments de langage ont leurs limites : arrêtons de marteler « Culture du vin » ou « Patrimoine de l’UNESCO » lorsqu’en face l’on parle de morts et/ou binge-drinking (que ce soit à tort ou à raison)…

    Le discours doit être beaucoup plus honnête et moins poli : oui, la consommation d’alcool est néfaste, à géométrie variable, pour la santé, mais les plaisirs de la vie, la convivialité, etc. sont compatibles.

    Hier, on a quand même l’argument suivant : « C’est pas parce-que l’on se coupe avec un couteau que l’on doit supprimer tous les couteaux. » Je ne sais pas si ce genre de phrase a beaucoup d’effet…

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    1. georgestruc

      L’image du couteau, très judicieuse, a été noyée dans le flot des propos de Lowenstein et de la ministre…donc, aucun effet, hélas. Vous avez raison, nous ne pouvons pas nous battre avec les arguments classiques « culture du vin », tradition et patrimoine…Nous sommes placés en situation de fauteurs de problèmes, qui plus est, ceux de la santé. C’est sur ce plan-là qu’il est sans doute possible de riposter. Pas facile dans le contexte actuel.

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    2. Pour l’instant, institutionnellement, la culture et le patrimoine, M. Freuse, c’est tout ce que l’on nous permet d’utiliser.Et grâce à cela, on recommence à voir des étiquettes de vin non floutées dans des reportages, de l’oenotourisme (cf des Racines et des Ailes, dernièrement)…
      Mais je suis d’accord qu’il faut contre-attaquer. Mettons au défi la ministre de donner des chiffres incontestables sur le nombre d’alcooliques qui s’alcoolisent avec du vin. Il paraît que les médecins qui parlent du French paradox sont des fantaisistes. Les hygiénistes sont des fantaisistes quand ils attribuent au vin les ravages de l’alcool.
      Par contre, que j' »avoue » que le premier verre du vin est un verre de trop, ça jamais.

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