
Je vous rassure : partout de par le pays, les vignerons généreux – parfois grincheux, toujours heureux – se ramassent à la pelle, comme disait le poète! Je pourrais vous en parler des heures tellement j’en connais…

Que voulez-vous, on a beau être vigneron on n’en est pas moins homme. C’est pas un métier, vigneron, puisque c’est une vocation. Et puis j’imaginais Marie pleurer avec lui. J’étais triste aussi, mais certainement pas autant qu’eux. Marie et Laurent, un couple humain, habitant dans un virage du bas de Fitou.
Difficile de choisir un vigneron parmi tant d’autres, comme je le fais aujourd’hui. Et Laurent va certainement penser : « Mais pourquoi moi »?

Je viens d’ouvrir une bouteille du « Septième Jour » que Laurent, l’autre jour, avait mis dans nos bras, l’air de dire : « Tu verras, tu me diras ce que tu en penses »…

Je vais tâcher d’en finir avec ce vin et ce ne sera pas difficile puisque la bouteille vient de s’épuiser le temps d’écrire ces mots. Pour un jus supposé tannique, j’ai en bouche ce que mon dérisoire vocabulaire traduit par un « tapis soyeux ». Je suis encore sur un fruit délicat de cerise, une gelée frémissante. L’ensemble est élégant, discrètement boisé au sens où il s’agirait plutôt d’une fine épice dont vous m’épargnerez le nom puisqu’elle ne me saute pas aux narines, compte tenu du fait que ce n’est guère facile par cette chaleur de diable de jouer au pro, au savant que je ne suis pas.
Servi bien frais dans mon verre, il se boit sans aucune difficulté. Il te ressemble, Laurent Maynadier. Il te va comme un gant ! Et je suis profondément heureux, en le buvant, joyeux même rien que de songer qu’il est le fruit pur de ton imagination de vigneron. Tu es un vigneron qui prend des risques et qui, en plus, aime ça. Non pas par simple goût du risque, mais parce que ton métier, celui que tu as choisi après l’avoir tant désiré, te force à aller par monts et par vaux, contre vents et marées. Sois rassuré, tes vignes savent quel capitaine tu es pour elles.
Mêmes brûlées, elles te disent avec moi : « Bon vent, marin-vigneron ! Mène nous à bon port ! Les esprits sont avec toi ! »
Michel Smith
PS. Après ma dégustation, Laurent Meynadier m’a adressé ce message que je vous livre en guise de précisions : « En 2016 les brettanomyces se sont invitées dans un demi-muids. Nous l’avons isolé et conservé 18 mois pour voir comment il réagissait. Les 12 premiers mois ont été pitoyables. Au 15eme, le changement a été perceptible et au 18eme nous avons choisi de le mettre en bouteille.
Sur le domaine nous travaillons sans sulfites durant les vinifications et sans levurage. Les levures indigènes ont donc toute leur place et les brettanomyces aussi. Je tiens à préciser que je ne suis pas un intégriste : si je vois un problème, je me réserve la possibilité d’intervenir. Mais dans ce cas-là, les brettanomyces avaient déjà dégradé tous les sucres et c’est l’élevage qui a été bénéfique. Tu as raison, Michel, ce vin me ressemble. Il a eu beaucoup de chance et a été bien accompagné par Marie et notre fils, Alban. »
Miraccolo ! Un élevage sous bretts ( ce n’est pas moi qui le dit ) et le vin n’est ni sec ni phénolé .
Du fruit et des tanins soyeux comme sur une contre-étiquette de GD
C’est beau l’amitié.
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L’enthousiasme de Michel est magnifié dans ce billet pétri d’amitié vigneronne et d’amour pour ce fichu cépage, le Carignan. Et on ne peut que louer cette façon bien à lui qu’il a de transmettre cette passion. Là où je reste figé, comme un setter à l’arrêt devant une bécasse qui a piété pendant des dizaines de mètres, c’est au sujet des brettanomyces de cette cave, si gentils et si propres qu’ils ne laissent aucune trace. Va falloir isoler cette souche et la proposer à des faiseurs de vins « nature »…Tout comme J.M. Paul, je dis : Miracolo !! (mais avec un seul « c »). Bref, faut pas charrier.
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Merci, Georges. Mais va falloir décrocher ta bécasse avant qu’elle ne tombe parterre et s’y retrouve complètement faisandé. Bel été !
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Un joli texte Michel que tu as dû rédiger d’un seul trait guidé par l’envie d’écrire. C’est enjoué comme on aime, tendre et velouté comme les tanins du vin présenté, n’en déplaise à ceux qui en ont toujours à y redire.
Marco
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On disait à mon père » c’est le terroir » et maintenant on dit à mon fils » c’est la nature » ,
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Et si vous goûtiez ce vin ?
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Si l’occasion se présente de déguster avant d’acheter !
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Chez Laurent, c’est possible… à condition de l’appeler car il est souvent dans la nature i
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Commentaire précédent peu compréhensible mais qui veut bien dire qu’il suffit de téléphoner avant ! 😉
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Michel, depuis le début tu nous as suivis.Je me souviens encore de cette première poignée de main au Mas Crémat ,ou de ton aide quand nous cherchions des contacts outre-Manche. Tu nous as donné, sans réfléchir, sans compter.
Je fonctionne avec les gens comme un miroir et je renvoie, sans le déformer, ce que l’on me donne. Ainsi, toutes ces qualités que tu m’attribues sont, avant tout, les tiennes.
Tu as aussi raison : je ressemble au carignan. Comme lui, je peux blesser comme un rasoir ou me montrer bourru et rustre.Je pourrais aussi aborder et décrire pas à pas le phénomène de résilience et les douleurs de l’enfance mais c’est à Marie, mon épouse , et à sa famille, qui à force d’amour et de patience, m’ont ouvert l’esprit et permis de prendre la barre du « Champ des Soeurs ».Ce rôle de capitaine, je l’assume pleinement et ma plus grande fierté est de voir jouer sur le pont Alban aux cotés de Marie,même quand l’orage pointe à l’horizon.
Car les tourmentes, dans notre métier, sont communes et il faut se préparer tôt pour voguer loin .
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Peut-être bourru, mais pas rustre. Une chose à dire : accroche-toi ! Et ce n’est pas nouveau…
Michel Smith
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