« Savez-vous quel est le terroir d’excellence de la syrah? C’est-à-dire l’AOC où le cépage s’exprime le mieux, ou plutôt, où il s’exprime subtilement, totalement, définitivement? »
Je pose régulièrement cette question aux étudiants curieux de la géographie viti-vinicole. Cette fois-ci, j’étais à Cahors-Le Montat pour la licence Professionnelle « Viticulture, Œnologie, Innovation et Mondialisation » (OK, ça ne fait pas rêver, un nom pareil et de toute façon, la plupart de ces étudiants voudront faire du vin naturel, mais ce n’est pas le sujet).
Invitée à présenter les grandes régions vigneronnes de France, j’ai choisi de passer par le couple cépage/terroir pour expliquer les principales différences. Je ne vous ferai pas le cours (en tout cas pas aujourd’hui) mais je vais vous donner un exemple.
Pour le terroir d’excellence de la syrah, je propose le Nord de la Vallée du Rhône avec la Côte-Rôtie en tête, suivie de Saint-Joseph, Ermitage, Cornas et Crozes-Hermitage. Je cherchais un domaine pour illustrer cette présentation, avec un vigneron assez généreux pour mettre quelques bouteilles à disposition de la formation. Christophe Pichon a répondu présent, via son attachée de presse Aurélie, de Vinconnexion.
Le Domaine Christophe Pichon est à Chavannay, il vinifie les crus de la rive droite et participe à la renaissance des vins de Seyssuel. Depuis 10 ans, la nouvelle génération a rejoint Christophe et apporte une réflexion différente, encore plus soucieuse de l’environnement et des intrants, à la vigne comme à la cave. Mais toujours, le domaine Pichon reste une référence pour la vinification de la syrah. La preuve.
Christophe Pichon, AOC Cornas 2020, cuvée Allégorie
Une robe pourpre sombre au reflet violine, profond. Comme par opposition, les odeurs sont légères, la violette, la rose fanée, la pivoine avec une délicieuse impression de richesse gourmande, épices douces et caramel grillé avec un fond minéral, graphite et terre mouillée. Avec le temps, viennent les fruits : mûre, prune et cerise, plutôt frais. Et des notes de raisin de Corynthe. On poursuit en bouche avec des saveurs fruitées et réglissées, c’est bon et juteux, les tanins se confondent avec le fruit, c’est soyeux et goûteux. C’est dans la longueur qu’on reconnaît le potentiel du vin. Étonnamment jeune et fruité mais si bien charnu qu’il est équipé pour bien vieillir.
100% Syrah, Sol granitique, haut et milieu de coteaux, 38 hl /ha, 14 mois en barriques neuves à 2 vins, 37 €
Maison Christophe Pichon, Mosaïque, IGP Collines Rhodaniennes Syrah 2021
Une robe à peine plus claire et plus limpide. Là aussi le fruit se mêle aux fleurs de manière heureuse et juste, se joignent quelques notes briochées. La bouche est plus simple mais dans une belle fraicheur mentholée. On goûte le fruit et les épices, des tanins fins et veloutés. Tout est élevé dans la fraîcheur et pourtant on sent la puissance du vin. Une sorte d’élégance. Il est grand et fin, cultivé.
100% syrah, Elevage en futs de 3 et 4 ans d’âge, 28 €
Christophe Pichon, AOC Saint-Joseph rouge 2020
Le Saint-Joseph a été dégusté d’abord seul, puis après une syrah méditerranéenne. Les deux vins sont bien faits et élevés en fûts. Même si je n’ai pas demandé de faire la comparaison les étudiants vont naturellement de l’un à l’autre et cherchent à juger les plus et les moins de chaque vin. L’exercice s’avère difficile pour des palais non avertis. La syrah méditerranéenne est riche avec beaucoup de sucrosité, elle envahit la bouche, le Saint-Joseph goûté après semble fluet. Il faut un peu de temps et de la persévérance pour retrouver toute la finesse du Saint-Joseph. Je regrette le rapprochement, parce qu’il n’a pas permis à l’ensemble des étudiants de percevoir la qualité du Saint-Joseph, tant elle s’exprime dans la finesse et le détail.
100% syrah. Sol granitique. 75% milieu de coteaux et 25% haut de coteaux, 37hl/ha, 1 an en fûts neufs à 4 ans d’âge, 21 €
Mes remerciements à Christophe Pichon pour sa participation et sa générosité.
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