La presse du vin en pleine déconfiture ?

Et voilà que je vais vous parler de la presse. De la presse du vin en particulier. Et d’une forme de dégoût qu’elle déclenche en moi. «Encore!», allez vous me dire. «Encore ces lamentations d’un vieil aigri qui n’a rien d’autres à faire», allez vous poursuivre. Vous en avez ras le ciboulot et comme je vous comprends. Sauf que ça fait un moment que le jamais content que je suis, le «ténébreux» de la bande pour reprendre un adjectif qui m’a été récemment attribué par un Monsieur qui voulait sans doute dire que je ne pensais pas comme le troupeau, n’avait pas piqué une saine gueulante sur le dit sujet.

Pour m’exercer dans un style qui est loin de faire l’unanimité, il ne me faudra pas plus de deux lectures que je pensais être vineuses à souhait et qui se révèlent toutes autres. Deux expériences récentes qui me choquent et qui me révoltent, allant jusqu’à me donner la nausée. Je m’explique.

David Ridgway en vedette dans Vigneron... Photo©MichelSmith
David Ridgway en vedette dans Vigneron… Photo©MichelSmith

À chacun ses têtes de Turc. Pour moi, cela commence par la lecture banale d’une revue papier glacé déjà étrillée par le passé pour son côté chicos en totale opposition avec son titre : «Vigneron». Je l’ai reçue sans y être abonnée. Un quart d’heure en salle d’attente, le temps de feuilleter et de lire furtivement des textes qui, pour la plupart, me font penser à un mauvais dossier de presse (j’exagère, car il y avait un papier intéressant sur David Ridgway, le sommelier de la Tour d’Argent) et qui, parfois, relèvent d’une tribune libre de la vieille droite poussiéreuse bien pensante fleurant bon Vichy, son parc, ses eaux et ses hôtels bourgeois où l’on jacte à tout va sur le thème de l’excellence à la française.

Encore un beau gilet qui sied merveilleusement  à Patrick Bernard. Photo©Michelmith
Encore un beau gilet qui sied merveilleusement à Olivier Bernard. Photo©Michelmith

Je sais, ce n’est pas beau de se moquer des camarades, pas joli-joli de fustiger des copains, des confrères que j’ai côtoyés avec bonheur. Après tout, qui sait, peut-être que moi-même j’aurais été ravi de signer les mêmes pages – sans avoir leurs talents, bien sûr , heureux de collaborer dans cette sorte de «Jours de France » ressuscitée de l’époque cocasse où l’avionneur Marcel Dassault prenait ses employés pour ses serviteurs, revue bassement servile qui pratiquait allègrement la règle élémentaire du « qui paie une page de pub aura droit illico à un article rédactionnel plus ou moins important selon le portefeuille de l’annonceur ». Oui, il n’y a pas que « Vigneron » à clouer au pilori. Mon éminent collègue de blog Hervé Lalau, sur son site perso, nous en apprend de belles sur un autre luxueux magazine du vin nommé « Tasted »…

L'élégance du vigneron, du pain béni pour Vigneron. Photo©MichelSmith
L’élégance du vigneron, du pain béni pour Vigneron. Photo©MichelSmith

Mais au fait, de quoi je me mêle Mister Smith ? Il se trouve que face à «l’Excellence», comme ils disent, cela m’excite de m’en prendre à cette revue bling bling probablement diffusée dans les Relais et Châteaux. «Vigneron» a au moins une vertu : le magazine permet de suivre la mode vigneronne… enfin celle de Bordeaux et de ses enfants chéris dont beaucoup ont démarré dans une supérette de banlieue.

Le gilet sans manche, dernier chic Bordelais ? Photo©MichelSmith
Le gilet sans manche, dernier chic Bordelais ? Photo©MichelSmith

Pour paraître sur les photos il y a quelques années, et pour bien montrer qu’ils étaient déconnectés des emmerdes décidemment trop vulgaires du vulgum pecus qui, lui, ne connaît rien de rien aux affaires vineuses, les braves hommes du sérail qui ne connaissent pas la crise, tant ils sont pétris de talent, aimaient nouer négligemment leur cashmere autour du cou. Les plus anciens, nobles parmi les nobles, bravaient la mode en arborant qui une cravate à l’ancienne, qui un désuet nœud papillon, qui une exubérante pochette à grand débordement arrangée avec négligence à la place du cœur.

Désormais, j’apprends en feuilletant cette revue classieuse, que pour être au must de la distinction vigneronne il convient non seulement de se curer les ongles et de cirer ses pompes comme au temps de l’Armée des Indes, mais d’arborer sur une très chic chemise col ouvert un des ces distingués gilets matelassés et sans manches qui font l’uniforme de l’aristocratie transalpine, du côté de Florence. Olivier Bernard a beau parader en manches de chemise relevées sur la couverture du dernier numéro de Vigneron, j’ai noté au moins trois photos de messieurs (les dames sont rarissimes) vêtus de la sorte, signes évidents que les prix de nos grands crus vont encore grimper.

Cela dit, jaloux et envieux comme je suis, en cherchant bien sur le net, je me suis trouvé un gilet de circonstance à prix bas qui, je pense, m’irait fort bien. C’est un gilet de chasse sarde, hyper pratique pour ranger les outils de taille et les bouteilles d’échantillons ! Plus classique, et moitié prix, j’ai aussi déniché celui-làD’ailleurs, à ce propos, votre avis, Mesdames, m’intéresse…

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Photo©DR
Photos©DR

L’autre presse pro qui m’intéresse, bien plus passionnante celle-là car de vieille et de noble extraction, se nomme «La Revue du Vin de France». J’ai pour elle beaucoup d’affection, n’en déplaise à certains vignerons qui l’ont à la gorge, si j’ose parler ainsi. Pour aller droit au but, allez voir cet article conseillé par mes amis de Bourgogne Live qui signalent une enquête de Nadine Couraud, elle-même dirigeante d’une société de conseil en stratégie et marketing, étude ayant pour thème grosso modo l’information du vin sur Internet. La dame interroge Denis Saverot, le distingué rédacteur en chef de la revue plus haut citée. Face à la concurrence du net, l’homme est calme, sûr de lui, confiant.

Denis Saverot. Photo©DR
Denis Saverot. Photo©DR

Les lecteurs, qu’il voit en «grands amateurs» et qu’il compare aux «amateurs de voitures de sport italiennes ou aux collectionneurs d’armes anciennes», continueront à s’abonner «parce que ce sera un produit statufiant. Le papier en fait qui recule à peu près partout va devenir pour les gens les plus cultivés, les plus civilisés, un signe distinctif. Etre abonné à une revue papier sur un sujet chic, haut de gamme, demain ce sera un élément distinctif. Donc nous, on doit préserver cela parce qu’aujourd’hui, des sites sur le vin, il s’en crée dix par jour et demain il y aura une différence entre un site qui est relié à une revue, haute de gamme, ancienne, créée en 1927, et des sites créés par trois petits jeunes de vingt deux ans, la différence va se jouer là aussi.»

Allons bon. Un peu d’espoir, donc ? Eh bien non ! Car la description que nous fait entrevoir Denis me glace. Elle ne fait que montrer une fois de plus une info axée sur les hommes et les femmes de pouvoir. Le picrate chic, le vin cher, le jaja élitiste, la bouteille de collection que l’on admire plus qu’on ne boit à de beaux jours assurés. Avec tout le business du vin qui gravite autour, le fric qui paiera les publi-reportages, assurant au passage les mises en scène façon Gala, la magie spéculative aussi, celle des châteaux que le monde nous envie et de leurs supers propriétaires qui vendent et qui revendent au fil de la bourse, des stars de l’écran qui n’est plus aussi petit qu’avant mais qui nous livre une piètre image de notre société. Pour ma part, c’est clair : je ne boirai pas de ce vin-là.

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Quant à la presse généraliste, elle n’est pas éloignée de ce que je viens de décrire. Elle non plus ne s’arrange pas. Elle s’accommode, cédant volontiers au voyeurisme. De plus en plus arrogante, elle est racoleuse, elle adule le fric. Cela fait belle lurette qu’elle a renié l’information, préférant l’amateurisme au professionnel, l’approximatif à l’enquête. Comme la presse du vin, elle privilégie le texte court que l’on doit lire en vitesse, que l’on doit zapper afin de passer au plus pressé. Quelle est-elle, cette presse qui résume une actualité dans la plus sordide médiocrité, alors qu’un papier un peu plus long, plus fouillé, permettrait de détailler, d’y voir clair, de comprendre, d’expliquer ? Au risque de perdre un annonceur, elle se fie plus au caniveau qu’à la finesse de l’esprit.

De nos jours, la presse se nourrit surtout de communiqués recopiés à la va-vite par des stagiaires sans culture et sans expérience. Elle veut des journalistes low cost, serviles et débutants. À de rares exceptions, elle a fait fi de l’écrit, elle a tiré un trait sur ces articles «ennuyeux» construits par un journaliste de terrain fort de 20 à 40 ans de carrière. Elle se nourrit de show bizz au détriment des reportages fouillés. Elle a perdu son âme, son vrai sens qui est de rendre service et d’informer ses lecteurs afin de mieux les fidéliser, de mieux les instruire en misant sur l’intelligence et la simple curiosité que déclenche la découverte.

Voilà, ce sera tout pour aujourd’hui !

Michel Smith

43 réflexions sur “La presse du vin en pleine déconfiture ?

  1. Et ça va toujours mieux en le disant ! Et c’est bien écrit, BAM dans les dents!
    J’ai acheté le no 1 de ce « Vigneron », et je ne l’ai jamais plus acheté. Ce n’est pas pour nous, les sincères.
    Laissons cela à ceux qui aiment à se croire passionnés.
    Quant aux propos de Denis Saverot, ils sont ridicules, et déplacés. Bref, il s’enfonce tout seul. Dommage !

    Emmanuel

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  2. mauss

    A mon cher Ténébreux :

    Il est simplement impossible de ne pas être d’accord avec toi, mais il y aurait tellement de commentaires complémentaires à faire ! « VIGNERON » est à la base une revue qui vise un marché particulier qui n’est pas le nôtre comme leur revue TROIS ETOILES (revendue depuis) n’était pas du François Simon. Ils ont choisi un créneau et ne revendiquent nullement un quelconque rôle d’éducateur.

    Non : je souhaite évoquer ici d’autres points essentiels.

    Tout ce que tu écris est juste mais :

    a : les lecteurs de ces revues de luxe ou autre s’en foutent complètement de ton point de vue ou du mien. Ils aiment les belles photos, le papier glacé et tout cela sans y porter une attention spéciale. Juste un léger réchauffement de noms à éventuellement garder pour des discussions de salon.
    b : tes lecteurs s’en foutent complètement de ces revues, sachant pertinemment que ce n’est pas là qu’ils vont trouver la juste information. Et ce ne sont pas eux les acheteurs de ce papier glacé. Bref, vouloir convaincre x ou y des vanités de cette presse vivant sur la bête, c’est un peu inutile et je n’aimerai pas que cela te donne trop d’aigreurs stomacales.

    Ce que je regrette c’est qu’effectivement cet outil qui ne vise surtout pas le marché des vrais amateurs (chacun sait qu’ils sont pauvres) ne salisse quelques grands noms qui font des vins sublimes mais, pour des raisons diverses – notamment la rareté – n’ont pas de contrôle sur les prix constatés sur des marchés gris, bien différents des prix de sortie. Mais ça, oui, c’est un sujet qui mérite de longs développements ! Combien de clients ayant eu la chance d’être sur des listes historiques bourguignonnes sont devenus de médiocres vendeurs à prix double ou triple de leur allocations ? Qui doit on blâmer : le Coche Dury qui continue à leur vendre à bon prix ou cet acheteur qui les revend le lendemain à Londres ? Qui écrit contre eux ? Qui porte l’opprobre là où il faut la porter ?

    Achtung hein ! On t’aime toujours 🙂

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  3. mauss

    Mine de rien, les propos de Monsieur Saverot tiennent plus du rêve que des réalités. Si du temps de Bettane, un « coup de coeur » dans la RVF pouvait faire bouger les stocks, c’est loin, très loin, d’être le cas aujourd’hui pour quiconque signe un papier dans cette revue historique (laquelle, avouons le, est de mieux en mieux architecturée dans ses sections).
    Là encore, regardons les deux côtés de la chose : on peut certes critiquer quiconque écrit, mal ou bien, honnêtement ou en compromis, mais – ce n’est que mon avis – on ne parle pas assez souvent des moutons qui bêlent derrière un Parker ou autre gourou, qui sont incapables de lire en entier un article de fond, qui ne cherchent qu’à suivre des modes ?

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  4. manifestement, l’objet n’est pas de faire connaître vraiment le vin encore moins d’imaginer que les articles aient une quelconque influence sur les ventes, c’est un magazine de prestige, comme il en existe d’autres, sur très beau papier glacé, pour une « caste » qui existe et existera toujours, élément de distinction. Denis Saverot assume pleinement et c’ets parfait. Libre à nous de ne pas lire ce genre de presse qui n’apporte aucun réel élément sur le vin lui-même. Le clivage luxe/people « vin » est tellement évident quand on feuillette. Un genre. On appartient à ce monde ou pas. Donc on lit ou pas.

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  5. Malheureusement, je ne puis qu’être d’accord sur le fond de ce que tu écris, Michel. Quelqu’un m’envoie Vigneron régulièrement (pas à ma demande) et je dois dire qu’il va directement au classeur cylindrique. Je vois rarement la RVF. La seule revue de vin que je lis avec intérêt et bonheur est The World of Fine Wine. Zero racolage, des articles de fond bien écrits, une large gamme de sujets, une mise en page et une typo de qualité, etc, etc. Et il est épais, ce qui permets de tenir 3 mois. Je suis abonné et je te conseille de faire autant ! La langue ne sera pas un obstacle pour toi.

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    1. Oui, David, ce n’est pas la 1ère fois que l’on me parle de The World of Fine Wine et je pense bien que je vais m’y abonner…
      @François : merci de ton soutien, mais j’ajoute que Vigneron était une bonne excuse pour parler de la presse en général qui me navre de plus en plus à chaque fois que je la feuillette.
      @Tiuscha : je ne lis ce genre de presse que lorsqu’on m’adresse des exemplaires et comme j’adore prendre n’importe quel prétexte pour rouspéter…

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  6. Que veulent les oenophiles? Sont-ils satisfaits en termes de pluralisme, de diversité?
    The World of Fine wines, OK, mais pour des Francophones, avoir une référence dans notre langue serait plus utile.
    Le Français reste tout de même un tout petit peu la langue du vin, non?
    Au fait, que pensez-vous de Terre de Vins? Personne ne l’a cité. Au delà de l’aspect people de certains sujets ( mais cela attire sans doute du monde qui, je l’espère, reste pour de meilleures raisons), il y a des articles sympas et une ouverture sur le monde et les petits vignobles – Marc y écrit de temps à autre, d’ailleurs.

    Hervé

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  7. Luc Charlier

    Forgeron : ne serait-ce pas Olivier Bernard plutôt que Patrick?
    Il a eu la lourde tâche de succéder à Claude Ricard, même s’il a pu travailler à ses côtés pendant 3-4 ans, « to learn the skills ».
    Tu penses bien que je partage tes vues. Mais c’est vrai aussi qu’il y a plusieurs « mondes du vin » : celui d’en bas (j’espère lui appartenir), celui d’en haut et celui de la GD.
    Fais gaffe néanmoins : un seul « bollet de fiel » peut rendre inmangeable toute une cocotte de cèpes délicieux !

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  8. Bertossi

    Par expérience, et de manière très pragmatique, la presse spécialisée est plus l’affaire de pragmatiques investisseurs que de réels passionnés. C’est la pub qui les motive et les nourrit. Rien d’étonnant alors que de voir prospérer cette presse où les uns encensent ceux qui les financent et où la brosse à reluire est l’argument. Les politiques s’accommodent très bien de cela, les syndicats financés la plupart du temps par les institutionnels (donc en partie avec l’argent du contribuable) trouvent de bons relais médiatiques parce que leur objectif n’est pas de faire rêver une minorité de passionnés mais d’être visibles par le plus grand nombre …..

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  9. Luc Charlier

    @Hervé : aujourd’hui, votre wordpress ne m’appelle plus « padresanctus », dommage, mais il a recommencé à me demander un mot de passe (?!?). J’ai mis : « Habemus Beckham » en hommage à la Curie Qatari.
    A propos, qu’un jésuite occupe le trône de Saint-Pierre me plaît bien, si tant est que cela revêt la moindre importance. Scientia Vincere Tenebras dit le slogan : puisse-t-il être entendu. N’oublions quand même pas que si c’est bien Saint Dominique que l’on représente en spectateur des premiers autodafés et que si Tomás de Torquemada était dominicain, les grands inquisiteurs se choisissaient aussi parmi les franciscains. A bon entendeur ….
    Et enfin, un ami brésilien m’a expliqué un jour : « Tou sé, Louke, les Argentins sont des Italiens qui parlent l’espagnol et se prennent pour des Anglais ! ». Brrrr, il avait raison : Bergoglio parle aussi l’espagnol et il paraît qu’il tire très bien les coups francs, en leur donnant une trajectoire parabolique. On parle depuis lors de la « parabole de Saint François » ou encore du « coup (de pied) du père François ».

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  10. Hervé (ou Marc) sont bien trop modestes pour le mentionner, mais il me semble qu’en matière de presse francophone spécialisée que la revue In Vino Véritas se défend plutôt bien. J’y étais même abonné un moment.

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  11. Denis Boireau

    @ Michel: 100% d’accord sur l’inanite des revues de vin sur papier glace. Si au moins ils les imprimaient sur papier de soie on pourrait s’en servir de PQ.

    @ Herve: j’ai epluche deux numeros de Terre de Vins sans y trouver aucune information sur le vin (sauf a considerer que la photo de Michel Denisot est une info pertinente pour les amateurs de vin). Je considere qu’il s’agit d’une revue de plus sur papier glace pour salle d’attente de dentiste. Attention que IVV ne suive pas cette pente!

    @ tous: la RVF peut avoir un interet pour des amateurs debutants par son cote generaliste- a conditions qu’ils supportent le cote reac et elite friquee. Pour l’anecdote j’ai resilie mon abonnement apres un numero qui presentait dix pages people sur la famille Rotschild (ch’sais meme pas comment ca s’ecrit, et je ne cherche pas a le savoir!). C’etait sans doute 1 an apres le depart de Bett’ et Dess’.

    @ Herve encore: pour des francophones suffisamment amateurs Le Rouge et le Blanc est recommandable. Mais l’Anglais de The World of Fine Wines ne doit pas etre un obstacle pour la majorite des amateurs, qui, qu’on aime ca ou pas, se recrutent tres majoritairement parmi les riches et les eduques.

    @ Luc: qu’est-ce que tes elucubrations sur le nouveau pape viennent faire dans ce post sur la presse du vin?

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    1. A Denis: et l’article sur la Chevalerie à Bourgueil? Je l’ai vu sur le site de Terre de Vins, je ne reçois pas la revue. J’ai trouvé ça sympa – pas seulement parce que Marc, l’auteur, est un copain, mais j’ai bu les vins de Caslot en juin, et Marc rend bien et le personnage, et le domaine.
      Maintenant, je ne sais pas s’il est paru dans la version papier encore.
      De toute façon, merci pour votre avis.

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  12. Alain Bradfer

    Cher Michel,
    Le renard madré que tu es sait que rien n’est plus efficace que la fausse naïveté. Et de t’offusquer de la déliquescence de la presse en général et de sa version spécialisée en particulier. Il n’y a plus guère que les vieux briscards dont nous sommes pour constater que la vocation de la presse est désormais de rabattre le gibier pour le compte des annonceurs et non plus d’informer. J’en veux pour preuve cet aveu implicite de Laurent Joffrin (Danube de la pensée médiatique) déclarant: « il faut savoir ce que l’on veut. D’une part on se plaint de la chute de la presse et d’un autre on nous reproche de tout faire pour avoir des lecteurs ». En clair, on se fout d’informer, on racole. Cette presse que tu dénonces ne s’est jamais souciée d’information, mais tout simplement d’appâter l’annonceur potentiel au prix de la complaisance forcément dénuée de toute information. Il est amusant de constater que ces titres dont la durée de vie tient souvent de l’éphémère consacre généralement sa première « une » à Bernard Magrez, annonceur majeur par la surface de ses affaires. Quant à la conversion de Saverot (venu de la presse de caniveau éditée par le groupe Prisma et débauché de celle-ci pour réveiller une belle endormie) à l’élitisme, elle relève du pathétique. Il a dû comprendre (on lui a fait comprendre) que l’annonceur solvable ne se recrute pas chez les vignerons à 8 euros la quille.
    Merci en tout cas de marteler ces évidences qui n’en sont pas pour tous.

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  13. J’aime bien l’image de « renard madré » pour notre forgeron. Smith is a « cunning fox » ?

    @Denis. Il ne faut jamais demander à Luc de suivre une ligne droite de discussion. Son esprit d’escalier le lui interdit absolument, et c’est tant mieux.

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    1. David, moi aussi j’aime assez l’idée d’être un cunning fox. Quant à Léon, il suffit de l’imaginer en promeneur horizontal : il adore les détours… Et on aime le suivre… parfois !

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      1. Michel, à propos de la longueur du texte (sans jeu de mots ni contrepet), je comprends ce que tu veux dire, mais en définitive ce n’est pas la taille qui compte, plutôt les idées qu’on veut exprimer, le vrai contenu; on peut être long et chiant comme on peut être court et incomplet, ça dépend. Mais une chose est sûre: les éditeurs veulent toujours moins long, parce qu’il recourent de plus en plus à des pigistes qu’ils paient à la ligne et qu’ils croient, à tort ou la raison, que le lecteur n’a plus le courage de lire. Ce qui est douteux – dans ce cas, il n’achète pas le journal ou un magazine.
        Pourquoi devrait-on écrire pour des gens qui ne veulent pas lire? Ecrivons plutôt pour ceux qui le veulent, et bien!
        Ici, en tout cas, tu as toute la place que tu veux.

        Hervé

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  14. Guitry rendant visite à Cocteau pour un projet de pièce, sonne à la porte. Un valet assez efféminé lui ouvre et dit, le poignet souple « c’est pour le maaaître ?? » Guitry : « non, c’est pour le voir ».

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  15. Luc Charlier

    @Denis et David : le dernier cité a partiellement répondu pour moi (sideways thinking) mais il ne s’agit pas « d’association libre » au sens psychanalytique. Il y a quand même un lien.
    J’ai été hors circuit pdt une semaine et renoue contact. Or Hervé (chroniques vineuses) publie sur le même sujet aujourd’hui et, en plus, c’est vrai que WordPress recommence à me demander un mot de passe lors de mes interventions (?), ce qu’il avait cessé de faire auparavant, alors qu’il me taxait systématiquement de « padresanctus », au grand déplaisir d’un des 5, et malgré mes tentatives pour désactiver cette association automatique et calomnieuse … pour moi.
    Mais sur le fond tu as raison, Denis, c’est hors sujet. Toutefois, on peut me zapper, hein !
    En plus, c’est un mode de pensée difficile à appréhender pour un matheux, pas plus que moi je ne peux comprendre le plan euclidien ou résoudre des équations coniques. Nous n’avons pas le cortex associatif construit de la même manière.
    @tous : je pense que ce sont les producteurs (ou le scénariste) des James Bond movies qui ont rendu célèbre l’expression « cunning linguist », dans la bouche (eh oui) de Moneypenny qui la sert à Bond lors d’un dialogue de « Tomorrow Never Dies ». L’actrice en question s’appelle d’ailleurs Samantha … Bond dans ce film.

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    1. Samantha Fox, n’est-ce pas ? D’où le jeu de mot… sorti de la bouche (!) de David.
      @Hervé : je sais bien qu’ici est le seul endroit où l’on peut être un tantinet long tout en étant chiant. Mais puisqu’on n’a pas de rédac-chef, j’en profite allègrement !

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  16. Louis Barruol

    Etonnant, c’est la première fois que je vois sur ce blog 28 commentaires de personnes qui sont à peu près toutes d’accord à quelques virgules près. Au risque de passer pour un mouton conservateur je vais me joindre à vous sur l’essentiel. Mais je vais quand même rafraichir un peu.

    @Mr Bradfer. Quand on se permet de donner des leçons de morale aux autres, il faut aussi cultiver un minimum le doute et regarder ce qu’on fait soi-même. J’ai acheté il y a quelques semaines le guide que vous signez: « La Cote des grand vins de France 2013 ». Il m’en a couté 40€. Après l’avoir lu, j’ai un peu regretté mon argent, je dois le dire. Un guide de vins dans le lequel les notions d’argent, de cote et de placement prennent une telle place, je dois dire que ça m’intéresse moyennement. Un guide dans lequel tant d’informations sont copiées-collées d’une année sur l’autre me donne à penser que 40€ c’est beaucoup trop. Donner la même cote au nord et au sud du Rhone dans le millésime 1991 est une bizarrerie parmi d’autres dont je ne vous tiendrai pas rigueur parce qu’il y a aussi de bonnes choses à lire dans votre guide. Mais, puisque vous signez un guide qui ne parle que de Petrus, de la DRC et de Guigal, je vous trouve très mal placé pour parler de l’argent de la presse papier et pour affirmer que l’annonceur solvable ne se recrute pas chez les vignerons à 8€ la quille. Parce que, dans votre guide à 40€, des vignerons à 8€ la quille, il n’y en a pas.

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    1. Luc Charlier

      Il me marre bien, le Barruol. A le sens de la formule, le gars.
      J’connais pas Bradfer et n’ai rien lu de lui. Donc, rien que pour le fun : et Louis, ton comment, c’est plutôt un Bradhonneur !
      Et, pour ne pas faire que dans le con et méchant, ma fille unique et préférée, La Loute herself, est née le 29 janvier 1991. Donc, des Rhône nord, j’en possède pas mal (encore aujourd’hui).
      Au hasard (mais surtout à Cornas) : Robert Michel (ex boss de Thierry Allemand), Thierry lui-même (slurp-slurp), Colombo, Balthazar, Juge et Clape (presque « out of stock ») et puis des St Joseph de Rouvière. J’avais pas mal de Côte-Rôtie mais les restaurateurs me les ont rachetés quand j’ai quitté la Belgique. L’Hermitage est trop cher pour moi. Eh bien, tout cela est fort bon, je le confirme avec délectation. Venant après les 1988, 89 et 1990, dont les gens avaient rempli leurs caves, on ne les a pas payés cher en plus.

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    2. Alain Bradfer

      Avant toute chose, s’agissant du prix, ce n’est hélas pas moi qui le fixe et ne suis pas responsable de l’inflation de cette année, mais l’éditeur et lui seul. Lequel éditeur me rétribue une somme fixe au centime près, invariable depuis vingt ans, à ce point ridicule que ceux qui la connaissent me prennent pour un sombre crétin. Ceci posé, lisez la page éditoriale… J’y prends un malin plaisir à pourfendre les spéculateurs déguisés en amateurs de vin. La cote que j’établis est fondée sur la collecte annuelle de 50 à 60 000 transactions effectuées dans les salles de vente. Je ne puis donc me fonder que ce qui fait l’objet de transactions en ventes publiques. Et donc, hélas, pas de « quilles à 8 euros ».
      Je ne puis donc que vous conseiller de lire, de vous renseigner et de réfléchir avant d’asséner ce que vous imaginez être une leçon de morale.
      Sachez ensuite que lorsque je ne suis pas journaliste, je suis modeste vigneron dans les Corbières et que je vends à « 8 euros la quille » en y laissant ma chemise. Etant politiquement attaché à la cirrhose populaire et démocratique, je ne céderai pas aux admonestations de ma comptable qui m’enjoint chaque année d’augmenter mes prix.

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  17. mauss

    Purée : va falloir faire gaffe avec des sieurs comme ce Monsieur Barruol 🙂

    Impératif relire ses écrits sur au moins deux ans avant d’asséner des vérités qu’on ne s’applique pas à soi-même. Merci de la leçon !

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  18. alain rodicq

    Je me régale de tous vous lire gratuitement sans aller au kiosque en me demandant s’il faut que je dépense quelques euros sur une revue de vin.

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  19. Et voilà, tout le problème il est là, dans le modèle économique des nos écrits. La presse papier, pour la plupart, dépend de la pub et semble se moquer, de plus en plus, de la qualité et de la liberté de pensée du contenu (sauf quelques exceptions). Nous jouissons de cette liberté sur des blogs, mais au prix de travailler pour rien. Comment résoudre cette équation ? Je n’ai jamais été bon en algèbre !

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  20. Jean-Jacques Salvat

    Quelle belle discussion de café du commerce, en particuliers pour des initiés du vin et des observateurs avertis de la presse.
    Je vais défendre la RVF, parce qu’elle m’apprends pas mal de choses: technique de culture, terroirs, AOC confidentielles, magistrales verticales de Casamayor etc, mais je ne suis qu’un amateur de vins.

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    1. Pour qu’il n’y ait pas de mauvaise interprétation de votre part, voici ce que vous avez probablement évité de lire dans mon article à propos de la RVF : « L’autre presse pro qui m’intéresse, bien plus passionnante celle-là car de vieille et de noble extraction, se nomme «La Revue du Vin de France». J’ai pour elle beaucoup d’affection, n’en déplaise à certains vignerons qui l’ont à la gorge, si j’ose parler ainsi. » C’est parce que j’aime cette revue que j’égratigne son patron. Longue vie aux amateurs de vins !

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  21. Il est vrai la RVF peut énerver, par une certaine condescendance, et il est permis aussi de détester sa maquette et ses couverture d’être un brin racoleurs, mais elle « fait le boulot » en expliquant beaucoup de choses du vin, parfois avec un biais, certes, mais avec aussi beaucoup de compétence. Et je ne trouve pas qu’il est légitime d’accuser cette revue vénérable d’être « vendue » à ses annonceurs

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  22. À mon cher ‘vieil aigri’-

    Merci pour encore un bon sujet pour le débat. J’ai lu des articles de temps en temps dans « The World of Fine Wine » et je suis d’accord avec David que ses articles sont pour la plupart très intéressant, approfondi et bien écrit. À l’autre côté, je trouve ce genre de magazine un peu guindé à mon goût. Je suis aussi d’accord avec M Mauss qu’il y a trop des amateurs de vin qui ne s’intéresse que suivre les points les plus hauts des gourous, et tous les dernières modes. Peut-être ma ‘politique démocratique’ à influencé récemment ma perspective sur la consommation de vin, mais ce que j’appelle une bonne magazine de vins c’est celle qui fournit de l’information utile sur les vins, les régions et les vignerons – pendant à la même fois, à chercher et recommander des vins d’un bon rapport qualité-prix, pour les consommateurs des moyens limités (qui rarement ont l’occasion à déguster un Petrus ou Coche-Dury!)

    À mon avis, les meilleurs ‘blogueurs de vin’ ont déjà remplacer dans une certaine mesure, les magazines glacés, au moins pour les amateurs qui cherchent l’information plus spécifique. Peut-être c’est tout dont on a besoin!

    P.S. C’est intéressant à noter qu’il y avait une fois où M. Parker était vraiment 
    un défenseur pour les consommateurs moyens de vin (fin des années ’70). Mais ça s’a changé vite après qu’il a devenu bien connu (et plus puissant!) donc il pouvait accéder aux grande domaines du monde aussi bien qu’aux plus grands collectionneurs de vin – après quoi il a commencé à consacrer toute son énergie à faire appel aux élites.

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  23. Michel, un point de vue féminin, inutile et totalement superficiel pour répondre à votre question et mettre un peu de légèreté dans les commentaires, j’aime beaucoup le gilet de chasse sarde en cuir de buffle… Je vous image déjà le portant ;-))

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