Le Beaujolais, c’est extra !

Pas comme un Moody Blues qui chante la nuit, mais comme un Gamay qui tangue sur la langue et vous caresse les papilles d’un satin délicieusement fruité.

Hervé vous avait parlé des Fleurie, voici les Beaujolais tout court et les Beaujolais Villages. Ils ont leur place dans cette saga beaujolaise, une belle, une goûteuse. Je ne comprends pas les confrères – et pire, les consommateurs qui boudent encore cet agréable breuvage, tout à fait dans l’air du temps. Du fruit, de la fraîcheur, des tanins souples, une bonne structure, de l’immédiateté, bref, un vin de copain comme un vin de festin. Un style que n’importe devrait apprécier selon les attentes et les tendances actuelles des vins qui vous réjouissent le cœur et l’âme sans vous demander au paravent un cursus œnologique revêche. Voici une grosse poignée de cuvées abordables, tant par le prix que par le plaisir recherché.

Les Beaujolais 

Hédoniste 2019 Beaujolais Sophie et Guillaume Joncy

Grenat pourpre, il a le nez poivré nuancé de senteurs pivoine et violette ombrées de cacao. La bouche délicate, aux tanins fins et soyeux, se rafraîchit des fruits, fraise, griotte, groseille avec la violette sentie, finale délicate soulignée de réglisse.

Les Gamay de 40 ans poussent dans des colluvions calcaires mélangés d’argiles. Vendange manuelle. Macération carbonique de 8 à 10 jours. Élevage de 4mois en cuves en ciment. BIO

« 400 » Beaujolais Quincié 2018 Sophie et Guillaume Joncy

Rubis sombre, il offre une impression grillée, très poivré, constellée de effluves de gelée de framboise, de canneberge et de myrtille. La bouche pareille, impression presque toastée qui se fond dans la densité de la gelée de fruits rouges. De la richesse et de l’ampleur, mais avec de la fraîcheur, celle du cassis, de l’humus et de l’amertume gourmande du chocolat noir dont la texture grasse donne de l’onctuosité.

Les Gamay de 100 ans poussent dans des sols de quartz et de schistes. Vendanges manuelles. Macération semi-carbonique pendant 30 jours. 80% de vin de presse. Élevage de 11 mois en cuve béton. BIO www.domaine-joncy.com

La Rose Pourpre 2019 Beaujolais Vignerons des Pierres Dorées

Violet pourpre, au nez de rose ancienne poudrée de poivre, de cerise et de fraise noires soulignées de réglisse. Un délice ! La bouche ajoute la violette et le lis à la rose, puis se consacre aux fruits noirs pour ajouter du cassis et de la mûre bien épicés de poivre et soulignées de réglisse. La fraîcheur ambiante est des plus agréables. Plaisir gourmand.

Les Gamay de plus de 40 ans poussent dans des sols de sables granitiques et dans des calcaires à matrices argileuse. Vendange manuelle. Macération semi-carbonique en cuves thermo régulées d’environ 8 jours avant pressurage puis fin de fermentation à basse température. (6,90€) www.vignerons-pierres-dorees.fr

Le Ronsay 2019 Jean-Paul Brun

Grenat moyen au nez de marmelades de griotte et de prunelle, de pêche de vigne et de grains de grenade parfumées de poivre rose et de piment. La bouche délicate, aérienne, développe des notes de fruits rouges, groseille, framboise et fraise. Un fruité généreux qui déboule sur les papilles et les flatte de ses fragrances acidulées au raffinement floral d’iris et de violette. Un très joli coup à boire.

Les Gamay de 20 ans plantés à 9.000 pieds/ha poussent des colluvions calcaires à matrice argileuse. Vendange manuelle, égrappée et pigée. Élevage en cuve ciment. (7,50€) contact@terresdorees.fr

Les Beaujolais Villages

La Trad’ Nature 2018 Beaujolais Villages Sophie & Guillaume Joncy 

Rubis violet, il tente le nez avec ses parfums de cerise au marasquin, de gelées de prunelle et de framboise, ombrées de poivre blanc.  Le léger gazeux en bouche rend les tanins un peu pointus, ce qui apporte de l’éclat fruité. L’amertume de la réglisse renforce la fraîcheur. Il y a du croquant et le végétal frais du thym et de la gentiane qui nous suivent jusqu’en finale.

Les Gamay de 50 ans poussent dans des sables granitiques. Vendanges manuelles. Macération carbonique de 15 jours. Vin non filtré sans intrant. Levures indigènes. Aucun ajout de sulfite. Élevage de 11 mois en cuve béton. BIO (13€) www.domaine-joncy.com

Gamay Noir Vignes d’Ecussol 2018 Beaujolais Villages Claude Geoffray

Rubis lumineux, au nez de prunelle sauvage, d’humus, de griotte et de framboise soulignés de réglisse et de poivre. La bouche aérienne, mais bien accrochée à la terre par la texture tannique offre un jus délicatement fruité, plein de fraîcheur. Et tout ça avec beaucoup de légèreté sans oublier la gourmandise.

Les Gamay de 45 ans poussent dans des granits roses. Macération en Grappes entières, vinification et élevage en cuve ciment. (8€) Terra Vitis www.chateau-thivin.com

Beaujolais Villages 2018 Château de la Terrière

La robe grenat foncé hume le réséda et la pivoine à l’accent bien poivré, la réglisse qui souligne la cerise confite. La bouche préfère la rose ancienne et l’abricot, tout autant que la pêche de vigne. Le grain des tanins en renforce son caractère. Bel équilibre entre fraîcheur et rondeur. Longueur épicée de poivre noir et de sauge.

Les Gamay de plus de 50 ans poussent dans des granits délités et des alluvions anciennes. Vinification traditionnelle en grappe entière. Macération de 15 jours environ. Élevage en cuve inox (7,80€) http://chateaudelaterriere.fr

Le Vin de ma Mémé 2019 simplement nature Beaujolais Villages Château de Champ-Renard

Grenat améthyste, il offre un superbe nez de rose et de pivoine, de gelées de fruits rouges. La bouche pimpante, croquante, fruitée comme le nez nous offre une pleine corbeille de framboise, de griotte et de fraise avec des accents floraux. Les tanins veloutés n’offrent aucune entrave à l’écoulement frais et gourmand du jus des baies.

 

Les Gamay de 60 ans poussent dans granits à manganèse. Vendange manuelle égrappée partiellement. Macération semi-carbonique de 3 semaines entre 22° et 25°C. Élevage de 7 mois en pièces. Cuvée sans sulfites ajoutés. (13,30€) Terra Vitis www.chateaudechamprenard.com

Cuvée 1787 Beaujolais Villages 2017 Château de Champ-Renard

La robe grenat-violet exhale des notes fumées et toastées, puis propose des herbes aromatiques comme la sauge et le thym. La bouche au léger toasté offre des goûts d’eucalyptus et citron, rafraîchit par l’amertume du quinquina. Les tanins bien fondus laissent couler le jus de quelques baies, framboise et groseille. Un Beaujolais particulier qui privilégie l’élevage.

Les Gamay de 40 ans poussent dans des granits. Vendange manuelle égrappée à 70%, les 30% subissent une macération semi-carbonique. Élevage de 18 mois en cuve béton pour 40% du volume et en fûts dont 30% de neufs pour le reste. (11,90€) Terra Vitis www.chateaudechamprenard.com

Sabotage Beaujolais Villages Famille Renard (pas de millésime)

Rubis violet dont le nez de prunelle sauvage, de framboise et de cerise noire ombrées de poivre et soulignées de réglisse fait friser d’envie les narines. La bouche croquante, très primesautière, bien juteuse, rafraîchit de son amertume de gentiane et d’écorces d’orange la texture veloutée du vin. Le caractère épicé de poivre et parfumé de fruits rouges contrebalance l’esprit vif de ce Beaujolais de plaisir immédiat.

 

Les Gamay de 50 ans poussent dans des sols granitiques en coteaux. Macération semi-carbonique. Moins de 15 mg de soufre ajouté. Élevage cuve béton et 5% en fût. (7,50€) BIO www.les-renard-en-beaujolais.fr

Beaujolais Villages 2019 Domaine du Clos du Fief Michel et Sylvain Tête

Grenat cramoisi au joli nez de confiture de cerise et de groseille qu’accompagnent des gelées de prunelle et de cynorhodon. La bouche fraîche aux tanins fins structure avec fermeté ce vin certes assez classique. Toutefois,  le juteux teinté d’une belle amertume rafraîchissante au goût de réglisse apporte un réel plaisir de dégustation boosté encore par la suavité de la texture.

Les Gamay de 40 ans poussent un sol sablo-argileux à pierres bleues. Vendange manuelle. Macération semi-carbonique de 8 à 10 jours. Élevage en cuve béton. (6,90€) www.micheltete.com

Gamay de Guigui 2019 Beaujolais Villages Domaine Striffling

Rubis cramoisi, nez de pêche de vigne, d’abricot avant le défilé des fruits rouges framboise en tête suive des groseille, griotte et fraise. La bouche aérienne offre beaucoup d’élégance, affermie par une amertume racée et beaucoup d’épices qui courent sur toute la longueur. Les tanins au léger croquant rendent ce Beaujolais tout guilleret.

Les Gamay de 70 ans poussent dans des granits. Vendange manuelle. Macération semi-carbonique de 6 jours. Élevage en cuve. (7,90€) www.domainestriffling.fr

Le Vin des Roches 2018 Beaujolais Villages 2018 Domaine Longère

Carmin pourpre, nez léger de chocolat fourré de noisettes grillées, ganache framboise et cerise. Une note de silex pressent le minéral. Bouche fraîche, très cerise, ample et dense aux tanins serrés assez corpulents, du jus de la fluidité.

Les Gamay de 75 ans poussent dans des granits. Vendange manuelle. Macération semi-carbonique de 16 jours. Élevage de 10 mois. (10€) www.domaine-longere.com

Rift 69 SS 2018 Beaujolais Villages Jean Loron

Violet-noir, le nez légèrement vanillé et poivré vient épicer la framboise et la fraise  noire. La bouche ample, structurée, se rafraîchit grâce à l’acidité du citron et l’amertume de son zeste. Une jolie fluidité, un développement floral de pivoine et de bouton de rose rendent d’un coup le vin beaucoup plus élégant. Le fruit arrive, confitures de prunelle et de myrtille rafraîchies de rhubarbe. Les tanins restent bien présents. Belle longueur épicée.

Rift évoque la formation de la grande faille nord-sud lors de l’orogénèse alpine, 69 le numéro du département du Rhône. Les Gamay poussent dans granits. Vendange manuelle partiellement égrappée macère pendant 5 jours. Élevage de 9 mois sur lies fines en barriques. (9€) www.loron.fr

à bientôt pour quelques crus…

Ciao

Marco

12 réflexions sur “Le Beaujolais, c’est extra !

  1. David Cobbold

    Quel plaisir de découvrir tant de vins délicieux et à des prix si raisonnables !

    Sur un autre sujet, la description des couleurs des vins me pose constamment problème. Parfois je la tente, parfois pas. Et je pense que c’est aussi un sujet de subjectivité, auquel se rajoute la complication de la nomenclature. A cet égard, regardez un peu cet article sur un blog anglais :

    240 color names in English


    Je pense que c’est mission impossible !

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  2. Vite vu, très drôle « 240 color names in English « , effectivement mission impossible. La couleur est un indicateur de l’âge et de la densité du vin, c’est réel, on peut donc la mentionner sans en faire une fixation.
    MLB

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  3. Je parle toujours de la couleur, même si chacun les voit un peu différemment. Cela donne une indication et prévient les surprises du type : t’as vu ce grenache comme il est clair, il doit être dilué. Parler de ce grenache ou de ce Beaujolais qui est plus foncé plutôt rubis, couleur pure ou grenat plus terne et très légèrement brun, les nuances violettes, sont des indications, comme le sont le reste des commentaires. Que ce soit à propos du type de fruits, d’épices ou de fleurs, tout autant que de la fraîcheur, de la texture, de la structure, de l’équilibre, de l’harmonie. Tout ça ce sont des indications relatives, rien n’est précis.
    Et pour en revenir à la couleur, même quand je parle d’huile d’olive, je mentionne la couleur, c’est une bonne indication pour le consommateur qui s’il est habitué à une huile bien verte, sera décontenancé s’il en achète une toute jaune, il peut même la croire oxydée.
    Le débat est lâché.
    Marco

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  4. David Cobbold

    Dans la liste des couleurs qui est admise dans la cours du WSET, il n’y a que quatre tons pour le vin rouge ; violacé, rubis, grenat et tuilé. Mais on peut aussi varier l’intensité de chacun, sur une échelle de 3, ce qui donne 12 combinaisons. Cela me semble suffisant. Je suis d’accord avec Marie-Louise dans la mesure où je ne parle que rarement de la couleur d’un vin car cet élement ne me semble pas être un indicateur utile sur la qualité d’un vin, même s’il s’agit d’un descripteur qui pourrait sembler à peu près objectif.

    Le problème est que tous n’entendent pas la même chose avec un mot identique, ou bien utilisent des mots différents pour décrire la même chose. Un exemple : j’ai récemmment rédigé des commentaires de synthèse d’après des notes de dégustation rédigées par différentes personnes (3 en principe), membres de jurys pour un guide bien connu. Dans plusieurs cas je suis tombé sur des observation très contradictoires sur le même vin, y compris sur la robe du vin en question. Dans un cas (et pas qu’un !), la couleur était indiqué comme violacée par l’un, rubis par un autre, puis grenat par le troisième ! Faut être créatif dans pareil cas !

    Puis, pour revenir à l’essentiel, c’est à dire comment traduire une appréciation qualitative d’un vin, je trouve que la couleur peut mener le lecteur vers des erreurs au niveau de certaines correlations. Par exemple, le gamay est très foncé dans sa jeunesse mais très faible en tannins. Le nebbiolo c’est tout le contraire. Il est vrai qu’un lecteur averti saura décoder tout cela, mais pas tout le monde.

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    1. C’est comme j’ai dit dans mon commentaire par rapport au tien, tout est sujet à caution, depuis la couleur jusqu’à la longueur en passant par la fraîcheur ou la douceur, même l’équilibre. Donc à chacun d’essayer de décrire un vin le mieux qu’il peut et stop à la standardisation. Il faut aussi faire un peu rêver le lecteur. Marco

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  5. David Cobbold

    Mais à force de choisir chacun sa voix et son langage, on finit par être trop perso et personne ne comprend plus rien. Je pense qu’il faut des bases qui sont partagées (ou partageables) par le plus grand nombre. Il ne s’agit pas de « standardiser » comme tu dis, mais juste de se comprendre. Sinon c’est peut-être de de la poésie, mais sûrement pas de la communication.

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    1. Je sens comme une critique de ma façon de décrire un vin. Et j’admets que cela peut dérouter certains lecteurs, mais c’est mon style qui a ses fans et ses détracteurs. Mais regarde les fiches de dégustation des concours sucées des directives de l’OIV, là tout le monde comprend, mais tous les vins sont bons, sauf ceux qui ont vraiment un défaut majeur. On pourrait imaginer, à l’instar du WSET, une liste avec couleurs – celles que tu as dites, fruits 4: 2 rouges, 2 blancs, fleurs pareil, structure, tanins…, tout sous le même régime. Quelle pauvreté de langage! Si c’est ça, le prix de la compréhension de tout un chacun! Le meilleur des mondes de la dégustation est à notre portée…
      Marco

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  6. Bonjour,
    Pour être honnête avec toi c’est une région ou finalement je vais rarement (gustativement parlant) et j’ai probablement tord.
    A la lecture de ton article, ça me donne l’envie, j’ai un faible pour le Gamay Noir Vignes d’Ecussol 2018 Beaujolais Villages Claude Geoffray, il va falloir que je le cherche sur la Belgique.
    Je découvre ton blog que je trouve bien intéressant, depuis 2 mois je m’y suis mis aussi et je raconte mes dégustations au fil du temps, tu es bien évidement le bienvenue.
    Belle journée à toi.
    Rohnny

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