Sauternes, c’est flou !

On le verra plus loin, l’affaire, si affaire il y a, n’est en rien condamnable. À entendre certains, on devrait même applaudir des deux mains ! Et puis, en pleine période des primeurs on en a vu d’autres en Bordelais.

Pourtant, deux jours après l’arrivée du faire-part (voir photo) sur mon écran de travail, je n’arrive toujours pas à me faire à cette idée. Songez donc, on m’invite, parmi d’autres journalistes et prescripteurs, à cautionner une renversante et novatrice trouvaille marketing destinée à marier le vin d’une prestigieuse appellation bordelaise – le Sauternes, en l’occurrence, avec un S majuscule, n’en déplaise aux typographistes – à une grande marque mondiale du groupe Nestlé, l’eau de Perrier ! Tout cela dans un restaurant branchouillard au sommet d’un immeuble décrépi de mon cher onzième arrondissement de Paris. Quelle merveilleuse idée, n’est-ce pas? Voila un événement qui ne manquera pas d’attirer dans quelques jours tous les médias sans oublier les auteurs désœuvrés des blogs vineux dont je fais partie ! Et tout le monde, à n’en pas douter, criera au génie créatif des Bordelais !

InvitationSOPERRIER

Pour un tas de raisons trop longues ici à expliquer, je ne pourrai être de la fête. De cela, d’ailleurs, on s’en fout. Vous pensez bien que ce n’est pas mon absence qui justifie un article dans ce blog. Non, ce qui me force à traiter du sujet, comme Nicolas de Rouyn auparavant, c’est que je n’arrive toujours pas à m’imaginer comment Sauternes, une AOP, ex AOC, décrétée en 1936 (avec Barsac, appellation souvent oubliée), a pu se fourvoyer de telle manière. Je le dis brutalement et sans prendre de gants: cette façon de procéder en créant le buzz, le flou fashionista, pour inciter un effet « nouveauté branchée », a quelque chose de franchement honteux qui ne sied en aucune manière à l’image que je me fais d’une appellation soit disant noble et protégée. On agirait de la sorte avec mon Fitou ou mon Corbières, que j’en serais tout aussi outré.

Photo©MichelSmith
Photo©MichelSmith

«L’appellation d’origine contrôlée Sauternes est réservée aux vins tranquilles blancs», peut-on lire en tête du décret rédigé il y a presque 70 ans. Par quelle idée étrange a-t-on pu penser qu’il serait utile voire nécessaire de faire pétiller de tels vins en leur ajoutant du Perrier aux vilains yeux de crapauds ? Pourquoi pas du Schweppes, pendant qu’on y est ? Par pur barbarisme ? Pour séduire les bobos qui s’emmerdent dans nos grandes cités? Par simple appât du gain? Serions nous tous devenus des pigeons au point de nous aligner sur cette nouvelle tendance?

Entendons-nous bien, chacun est libre de boire ce qu’il veut, de mettre un fond de crème de mûre dans un Beaujolais, d’ajouter de la limonade à un Chablis, de créer et de commercialiser aussi ce que bon lui semble. D’ailleurs, de tous temps, les barmen ne s’en sont pas privés eux qui n’ont jamais manqué d’idées en la matière. Il ne faut pas oublier que le Lillet, célèbre apéritif créé en 1872 à Podensac, dans les Graves, non loin de Sauternes, était pour l’essentiel composé de vins doux de la région, aromatisés au quinquina. Il ne faut pas non plus négliger un autre aspect du problème: depuis longtemps les ventes des vins d’appellations Sauternes et Barsac ne sont guère folichonnes. Ce marasme économique pousse certains à vouloir élargir leur clientèle comme on peut le constater ici.

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Et c’est, semble-t-il, en se basant sur ce constat qu’avec d’autres mystérieux viticulteurs, Florence Cathiard, l’entreprenante co-propriétaire du Château Bastor Lamontagne, membre de l’Union des Grands Crus de Bordeaux (avec sa famille, elle possède d’autres châteaux dont le fameux Smith Haut Lafitte, Grand Cru Classé de Pessac-Léognan) a décidé de lancer avec l’eau de Perrier son So Sauternes.

C’est sûr, elle me reprochera de critiquer sans même goûter, elle qui destine cette boisson hype aux «trentenaires et quadra jeunes, ouverts à la nouveauté, buveurs de cocktails et d’apéritifs conviviaux, auprès des sommeliers, barmen, bartenders, lady bartenders et mixologistes qui n’en peuvent plus de se voir refuser le précieux élixir en début ou en fin de repas», comme elle l’a récemment écrit sur le blog Bon Vivant.

Dessin de Rémy
Dessin exclusif de Rémy Bousquet !

Alors, qu’est-ce qui me choque au point d’embrayer sur le buzz enclenché par Madame Cathiard que j’ai connue jadis plus inspirée? Quatre choses au moins :

-Quand on a l’idée de s’associer à une marque internationale d’eau gazeuse pour vendre plus de vins, et en particulier ceux issus des jeunes vignes, comme le stipule encore Florence Cathiard (qui, dans sa jeunesse a baigné dans la communication), cela signifie que l’on ne s’est pas trop torturé les méninges. Si les vins de jeunes vignes ne sont capables que de produire des Sauternes destinés aux mélanges, alors pourquoi s’enquiquiner à leur donner une appellation contrôlée?

So Sauternes ne date pas d’aujourd’hui puisque Michel Garat, le directeur de Bastor-Lamontagne, y avait déjà songé au moins au début des années 2000, si j’en juge par ce très promotionnel et complaisant papier glané sur la toile… Lors d’un reportage pour Saveurs, je l’avais même goûté; sans grand enthousiasme, tout en comprenant l’idée que ce vin pouvait séduire la jeune génération. Sauf que dans ces années-là, si je me souviens bien, on ne parlait pas encore de promouvoir la «mixologie». Le vin était présenté comme une troisième ou quatrième étiquette: la cuvée «So» de Bastor-Lamontagne. Point.

-Associer le nom d’une appellation à une marque commerciale me paraît dangereux et peu compatible avec le code éthique d’une appellation protégée. On me rétorquera que le Kir Royal associe bien le vin de Champagne à la crème de cassis, ou que la Fine marie le Cognac à l’eau du robinet. Soit, c’est un fait que je ne peux nier. Sauf qu’aucune marque déposée ne propose « Kir Champagne » ou « Fine à l’eau de Cognac ». Sinon, sans être avocat, il me semble qu’elle serait attaquable et même condamnable.

-Et la simple pensée qu’un jour la Maison du Sauternes soit obligée de consacrer un espace à la petite bouteille verte pour pouvoir vendre ne serait-ce que le plus bas de gamme des vins de l’appellation, me hérisse le poil.

Michel Smith

47 réflexions sur “Sauternes, c’est flou !

  1. boris politi

    on fait le même sort au champagne en y rajoutant des glaçons…mais en champagne même si tout n est pas rose la situation est quand même meilleure qu en sauternais. a priori ni les glaçons dans le champagne ni l’eau dans le sauterne ne sont pour moi ..ce qui ne veut pas dire qu ils ne soient pas pour les autres…après tout les gouts etc…même si j ai un doute dans ce cas sur l’efficacité de la méthode et son résultat en terme de commercialisation

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  2. L’erreur n’est pas tant de proposer ce genre de mélange (le consommateur fait ce qu’il veut) que de nous les proposer à nous, journalistes spécialisés après nous avoir tellement bien expliqué les vertus du terroir de Sauternes.

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  3. Léon Corneillaner

    George Sandeman « promotionne » lui-même depuis longtemps l’additon de Schweppes (justement) à son porto blanc – il appelle cela « Jockey Club » ou qqchose de ressemblant – et les Charentais incitent depuis longtemps leur clientèle asiatique à allonger le cognac d’eau gazeuse ou d’Indian Tonic, également, pour le boire en long drink.

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    1. Oui, rien de nouveau : Beaujolais/crème de mûre, Bourgogne Aligoté/crème de cassis, Muscadet/limonade, Rosé de Provence/pamplemousse… Je n’ai rien occulté de cela dans mon article, cher Léon. Moi-même quand je vais en Italie, je me gave de Spritz et chez moi, je ne suis jamais à court de cocktails. Mais j’ai du mal à accepter le mercantilisme de bas étage qui marie mon Sauternes au Perrier, une appellation à une marque. Quant à la marque Sandeman, qui n’est qu’un bel exemple de réussite économique, elle mérite bien souvent que l’on associe ses vins bas de gamme à quelque chose d’autre. Notez avec moi qu’a priori, cela concerne uniquement le Porto blanc, un vin qui, selon moi, n’a pas grand chose à voir avec le Porto… même s’il s’appelle Porto.

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  4. Nous autres journaleux en vin (je n’ai pas dit pinard, le mot me hérisse) accordons parfois plus de valeur (s) aux appellations que pas mal de producteurs eux-mêmes. On attend la réaction de l’ODG, s’il y en a une…

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  5. Ping : Sauternes, c’est plus flou (fou) que jamais ! | Wine Planet

  6. Hugo Mazel

    J’ai pour habitude de ne pas juger avant d’avoir essayer, mais la franchement j’ai pas vraiment envie d’ouvrir une bouteille de Sauternes pour voir le résultat. Bref ça me fout le cul en larme cette histoire…

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  7. I imagine that the logical conclusion is that the best way to consume the Chateau Smith Haut Lafitte is mixed with a few slices of orange, some lemonade, add some sugar, stir it and serve it in a cool pitcher, et voila, there you have the proper way of serving this previously quite respectable Bordeaux wine.

    Tristesse.

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  8. Permettez-moi d’introduire une note discordante à votre propos, M. Smith.
    Je dis bravo à cette initiative, n’en déplaise aux puristes qui voudraient laisser crever nos prestigieux vins moelleux dont le consommateur malheureusement se détourne.
    Rendons le Sauternes plus sexy, voilà le but de cette campagne. Evidemment, nous les vieux croulants, nous ne sommes pas la cible.
    Saviez-vous M. Smith que les Français ne consomme quasiment plus de Cognac ?
    Si des Maisons comme Hennessy parviennent à survivre, c’est grâce à la clientèle asiatique qui le consomme en long drink. Oh! Shocking !
    Bienvenu au So-Sauternes + Perrier, je gouterai volontiers ce brevage sans a priori ni esprit de chapelle.
    Mon souhait le plus cher est que les producteurs de Sauternes, Barsac, Cadillac ou Sainte Croix du Mont retrouvent le moral.

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  9. Jean-Philippe,

    D’une certaine manière je suis d’accord avec vous. Mais la conclusion logique d’un tel raisonnement c’est de tout simplement supprimer les règles AOC, les ODG et les autres mesures dites « d’origine » et « de qualité ».

    Il n’y a pas de sens à garder une règlementation stricte et couteuse si l’objectif final est de faire des cocktails et de mélanges anodins.

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  10. Comme je le laissais entendre dans mon texte Jean-Philippe, qu’ils fassent des vins moelleux bas de gamme et sans AOP, ou simples Bordeaux doux, mais qu’ils ne viennent pas polluer l’idée d’une éthique d’appellation. Maintenant, chacun boit son vin comme il veut ! 😉

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  11. georgestruc

    Cela n’entrerait-il pas dans le domaine de la prostitution ? Je te file des bubulles et tu me donnes ta belle robe jaune… après… advienne que pourra. Cela ressemble au « rouge limé » ou au « blanc limé » (association d’un pinard de bas de gamme avec de la limonade), que des gens de Haute-Savoie (une branche de mes ancêtres) consommaient à la sortie de la messe. Pour nous, rhodaniens, c’était non seulement inconcevable, mais aussi, imbuvable !! Tout à l’air bon pour faire du buzz, comme on dit aujourd’hui. Je suggère des mariages encore plus audacieux : Yquem avec Châteldon, eau minérale gazeuse « rare » du Massif Central.

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  12. Non, rien de dangereux pour eux. Moins en tout cas que la ligne à grande vitesse Bordeaux/Toulouse. Mais pour le système des appellations c’est peut-être l’ouverture au grand n’importe quoi.

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  13. Ping : Sauternes, c’est flou ! | Wine Planet

  14. Luc Charlier

    Vous n’aimez tjs pas qu’on touche à vos vaches sacrées. Les liquoreux du Bordelais ont conquis dans l’imaginaire franchouillard (et anglo-saxon) une place que leur qualité seule ne justifie pas. Leur statut est somme toute assez similiare à celui du champ’. Il existe dans le monde – et notamment en France – des dizaines (je pèse mes mots) d’appellations produisant des liquoreux de qualité, pour un DIXIEME du prix des Barsac ou Sauternes. mais ces petits noblions ont tellement bien embobiné les « meneurs d’opinion » et autres « prescripteurs » qu’une partie de ce qu’on appelle les « connaisseurs » n’y voit que du feu. Après, on peut toujours discuter des goûts. A titre perso – et mon ancienne activité de chroniqueur m’avait permis de goûter fréquemment à tout cela: de Krug à Yquem, de Petrus à Lafitte, des Montrachet aux Barons de L etc… » que du bluff! – Je choisirai tjs un Jurançon, un Chaume, une VT de gewurz, un Plageoles, un Haut-Lieu etc … (pour ne rester qu’en France) plutôt qu’un Sauternes (il reste pourtant du Climens ’88, ’89 et ’90 dans ma cave: à vendre, niveau parfait).
    Allez, le coup de grâce: j’élabore des VDN (Maury et Rivesaltes) assez concentrés. Parfois, l’été, quand il fait chaud, j’y ajoute une rondelle d’orange, de l’angostura et un glaçon: ma sangria spéciale à moi. Où est la honte?

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  15. Luc, monte le son, le Monsieur te dit que chacun fait son mélange comme il veut, mais qu’il n’aime pas qu’on associe une AOP à une marque (en utilisant des raisins qui ne mériteraient peut-être pas l’AOP, ou en tout cas dont ce n’est pas la destination première, mais c’est une autre histoire).
    A part ça, je note que tu emploies l’adjectif « franchouillard » pour les Français, mais « anglo-saxon » pour nos amis d’Outre Manche et d’Outre Atlantique. Pourquoi pas « rosbifs », « yankees »,ou tout simplement « impérialistes ». Pourquoi seuls les Français auraient-ils droit à un qualificatif méprisant de ta part?

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    1. Luc Charlier

      D’une part parce que ce terme ne vise qu’une seule nationalité, tandis que l’autre est plus générique. D’autre part parce que c’est toi-même qui lui confère cette connotation. Et enfin, parce que je vis depuis 10 ans dans ce pays et constate depuis quelques mois (ou peut-être un peu plus) une crispation importante, accentuant les défauts « classiquement » attribués à ce pays (à tort ou à raison). Tu vis largement en Belgique, Hervé. J’avoue me sentir très mal à l’aise en tant qu’étranger dans l’hexagone pour le moment. A ceux qui répondront – c’est la réaction habituelle – « eh bien dégage, alors », j’objecterai que j’y ai apporté TOUT ce que je possède (sans contrepartie mais je n’en demandais pas) et que j’exerce une activité professionnelle qui exige de la stabilité et de le pérennité. Il y a donc des raisons IMPERIEUSES pour me maintenir. En outre, ma compagne est de nationalité française (depuis 5 générations, bcp ne peuvent pas en dire autant) et a ici toutes ses attaches. Et enfin, je rappelle que je suis fondamentalement un internationaliste: la terre appartient à tout le monde, je ne m’intéresse que peu aux drapeaux et aux hymnes nationaux. Cela te va?

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  16. Pas vraiment. Je pense que dans une même phrase, sauf raisons impérieuses, il vaut mieux distribuer équitablement les sarcasmes. Non que je réprouve l’usage du mot franchouillard si tu le trouves justifié; c’est juste que je pense que le chauvinisme n’est d’aucun pays, et qu’en matière de méconnaissance de l’autre, je crois que nos amis anglais ou américains n’ont pas vraiment de leçon à nous donner.
    Quant à te dire de dégager, c’est contraire à mes principes de Français et d’Européen. Et de buveur!

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  17. Oh mon Léon, on se calme… Réponds donc à la première partie de la question de l’autre Monsieur, celui qui vit en Belgique. J’ajoute la mienne : serais-tu d’accord pour vendre ton Maury à une marque comme Pepsi dans le seul but de lancer une nouvelle boisson ? Je pense que oui si tu savais que ça va rapporter gros. Tout cela pour dire que ce qui me navre le plus dans cette histoire c’est que ce n’est qu’une affaire de gros sous qui me dépasse. Rien de plus. Pour le reste, reste chez nous : tu as un toit, des vignes, une femme délicieuse et du soleil à ne plus savoir qu’en faire !

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  18. mauss

    Oulàlà !!!!

    Ça part de tous les côtés ! Décidément le défaut majeur d’internet de monter des « choses » en épingle avec un pschitt qui suit 2 jours plus tard, voilà que cela vient polluer ce bon blog des 5 !
    Si on dit simplement que chacun a le droit de faire ce qu’il veut avec ses vins, ses eaux et autres olives et qu’on ne va pas légitimer tel ou tel projet, on arrête de se scandaliser pour si peu ?
    On aurait bien d’autres choses bien plus importantes à discuter dans le monde du vin, telles que : « comment aider à se faire connaître des vignerons qui n’ont pas dans les veines les outils de communication « à la Bizeul » ?

    Bon : pas grave : on s’est une peu chatouillé là 🙂

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  19. T’as raison François : on rigole… Tiens, le Pschitt justement, t’as essayé avec ton Riesling de Moselle ? 😉
    Pour ce qui est de la com « à la Bizeul », suffit déjà de faire du bon vin, et du très bon vin !

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  20. mauss

    Beau Ténébreux !

    Laisse moi t’écrire l’idée derrière mon billet. Tu vas voir que, niveau « déconne un max », je suis un petit champion.

    Voilà l’idée :

    Un petit salon où les journalistes du vin, du style toi, Lalau, Bettane, Dupont, RVF, Pousson, inviteraient chacun 10 vignerons qui seraient un peu leurs chouchous du moment. Je me trompe peut-être, mais va savoir Charles, je crois dur comme fer qu’un tel salon à Paris aurait un réel succès : ne serait-ce pour les amateurs que de voir vos tronches in vivo !

    Ça aurait de la gueule, non ?

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    1. Luc Charlier

      Euh, comparer Bettane et Smith, ce n’est pas très gentil pour Smith. Un Michel n’en cache pas toujours un autre! Et puis « inviter », avec quel fric? En demandant une »participation » aux vignerons bien sûr. Cela s’appelle, chez Kottler et les autres, le « droit d’entrée sur le marché ».

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  21. Riche idée ! Te reste plus qu’à la mettre sur pieds ;-). Mais méfie-toi : Tronches de Vins c’est déjà pris par les naturistes ! Et puis moi, j’serais d’avis de l’organiser loin de Paris. Tiens, quelque part en Italie où je pars m’exiler bientôt. On pourrait rajouter Suckiling, quelques British, Espigouins, Ritales…

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  22. Luc Charlier

    Eh bien, mes petits amours (que vous pouvez mettre au féminin si vous préférez), moi, j’adore ces évolutions. Je ne suis jamais favorable à un consensus mou. Discuter avec des gens qui sont d’accord avec vous, ce n’est pas discuter. C’est perdre son temps ou bien, au mieux, se rassurer. J’ai rencontré Madame Cathiard et son mari au moment où ils ont repris SHL à Eschenauer, peu avant l’arrivée de Marie-Louise Banyols. Nous avons même mangé à quatre (avec mon ami Xavier), chez eux. Pour le couple, qui avait remis son affaire (des supermarchés du sport ou qqchose comme cela) un peu comme Olivier Decelle devait le faire plus tard, il s’agissait d’un challenge et d’un JEU de gosses. Et cela continue. Sur le fond, additionner systématiquement d’eau gazeuse un vin de sauternes n’a pas de sens, mais cela ne constitue pas un crime contre l’humanité non plus. La cryoextraction consiste à enlever de l’eau au vin de sauternes (pour simplifier) et l’osmose inverse à enlever de l’eau aux vins des Graves. Pour moi, il n’y a pas de différence fondamentale. Après, il s’agit d’entreprises commerciales, qui procurent du travail, qui génèrent – non pas des richesses, c’est une vue de l’esprit capitaliste – du cash et réalisent parfois un bénéfice, chose dont je me montre incapable. Cela fait bien longtemps que le « top » du bordelais ne cherche plus à produire des vins aussi remarquables que possible, mais simplement à rentabiliser un investissement. C’est un autre monde.
    Je ne vois pas en quoi le fait qu’il s’agit d’un « grand liquoreux de Bordeaux », plutôt qu’un petit sans grade rend cette démarche plus saugrenue. Il s’agit de fourguer la camelote bas de gamme qui trouverait plus difficilement preneur sans cela.
    Quand au ton, il est évident qu’il devient moins feutré (pas le mien, j’ai tjs fait dans la provoc’ et je trouve même que je me calme un peu, avec l’âge) et je m’en réjouis. Par contre, je maintiens que la France a les nerfs à vif (« l’histoire Taubira « est un bon excemple) et que sa polarisation « droite/gauche » frise la caricature. Et ce d’autant plus qu’il n’y a plus de gauche dans cette histoire, et que les partis « traditionnels » ont réussi le tour de force (c’est ce que voulait l’agro-alimentaire et ils l’ont obtenu) à faire passer à la trappe toute pensée écolo, toute autorité écolo, toutes les personnalités écolo. Dans les PO, leur porte-parole (ai oublié son nom) a la rhétorique des vieux staliniens, avec leurs formules vides et toutes faites, la réflexion d’une « cargole » badigeonnée d’aïoli, le charisme de feu Golda Meir sur son lit de mort et … ils se sont d’aileurs alliés au front de gauche, le mal nommé.
    Par contre, j’ai retrouvé avec un bonheur énorme mon pote Gauby (le papa) à Trilla l’autre jour et adhère à 100.000 % à tout ce qu’il nous a dit. A propos, même s’il garde ses purains – c’est son droit – il les applique par dizaines de litres à chaque souche (pas de manière homéopahique) et ne se réclame PLUS DU TOUT de la biodyn. CQFD.
    Voilà: réponse circonstanciée et modérée à MS et pendant à l’allusion de Mauss à un vigneron célèbre du département (avec qui je ne partirais pas non plus en vacances mais dont je suis très heureux qu’il existe dans les PO). Les « petits » comme moi ne jouent pas dans la même compétition que les Cathiard ou les Gérard Bertrand (pour faire plaisir à Michel), dont on se passerait sans problème mais qui ne nous font pas d’ombre non plus. Nous avons par contre besoin de quatre ou cinq leaders charismatiques, célèbres et faisant de bons vins. Longue vie à eux.

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  23. Micka

    Sauternes est juste jaloux de ne pas participer à la délirante inflation des Grands Crus, si demain la rive droite voit ses ventes baisser, vous pouvez être sûr qu’on nous sortira le Saint-Emilion au Nespresso pour sublimer les notes de café du vin rouge.

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  24. Pierre Sauvage

    « chacun fait ce qu’il veut ». Bof. Oui et non, ça ne veut strictement rien dire.
    Chacun a le droit de trouver ça idiot, irrespectueux (d’abord de soi-même), ou détestable sur le principe. Ridicule même.

    Les droits…
    La seule valeur est le pognon ; et à Sauternes il y a trop de patrimoine à « protéger ».
    Donc on choisi de protéger par un mariage avec la vulgarité (Nestlé??) et l’absurde (de l’eau gazeuse).
    Rien de nouveau… c’est juste ridicule vu de l’extérieur. Un peu pathétique, même.

    On continuera à ne pas en boire. On aura même un nouvelle raison pour ainsi dire…

    @Luc Charlier : si dur que çà d’être belge en France ? Pourtant je suis prêt à parier qu’il est nettement plus difficile d’être Wallon (ou Français…) en Flandres.

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    1. Luc Charlier

      Sur le fond: le procédé qui consiste à comparer deux situations difficiles pour montrer que l’une n’est pas si grave est, à mes yeux (mais qui suis-je?) sans intérêt. Il est du niveau du « c’est pas moi, c’est lui ». Mais en l’espèce, il s’agit de deux choses différentes. J’ai choisi de passer les 15 (20 ?) dernières années de ma vie dans un autre pays de l’UE, légalement, en y investissant TOUT ce que je possédais, en y contractant un emprunt, en ne demandant AUCUNE aide (ce qui est rare dans l’agriculture) et en ne percevant aucune prestation sociale en dehors du remboursment de mes médicaments, ce pour quoi je paie près de 4.000 € par an à la MSA et 400 € de mutu complémentaire. J’ai bien dit choisi, et je ne me plains donc pas. Je respecte les lois, paie mes taxes et parle couramment la langue – je crois que vous pouvez en juger. Après, 10 ans plus tard, je crois que je regrette ma décision, en toute sincérité, mais je ne peux pas faire marche-arrière. Il n’y a aucune animosité « anti-luc-charlier » en France, c’est simplement l’état d’esprit général qui ne me plaît pas. Je me suis trompé sur la capacité d’accueil et d’hospitalité de ce pays, nombriliste, égoïste et archi-latin, en fait Vous avez laissé tomber Voltaire et Hugo pour récupérer Bonaparte et de Gaulle à la place. On ne gagne pas au change.
      L’autre moitié de l’interrogation: il existe un DIFFEREND spécifique entre les Flamands et la partie francophone du pays, pour des raisons multiples qu’il nest pas possible d’analyser ici. En gros, l’état belge a été une construction artificielle contre nature qui n’a jamais réellement été solidaire et, maintenant que la crise économique renforce les irritabilités et alimente les polémiques, la fracture se creuse. On peut vraiment parler d’une forme de « racisme anti-francophones ». Je le déplore bien entendu. Je précise que tous les Flamands n’ont pas ce sentiment, loin de là mais qu’il faut aussi le considérer comme un retour du balancier de l’histoire – ce qui n’excuse RIEN mais explique bien des choses. Les Wallons ont occupé le haut du pavé pendant 150 ans et le vent a tourné en leur défaveur. En outre, à quoi reconnaît-on un francophone s’il s’exprime en flamand dans les lieux publics?
      Enfin, les dirigeants actuels de la région flamande – et dans une certaine mesure du pays – sont des nationalistes; des démocrates, mais des nationalistes. Ils ne s’en cachent pas. Mes options politiques personnelles désapprouvent cette tendance. On me surnomme « Léon » par taquinerie car le côté internationaliste de Trotsky (pas forcément tout le reste de sa doctrine) me ressemble assez bien.
      Voilà une réponse complète, sinvcère et modérée: oui, j’ai de plus en plus de mal à me sentir bien en France et non, les francophones ne sont pas les bienvenus en Flandres (mais ils le savent en arivant). C »est dommage. Ce n’est pas ma faute cependant.

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      1. Luc Charlier

        PS: il y a bcp de « typo’s « , des coquilles dans mon txt. Je m’en excuse auprès des lecteurs. J’ai des petits problèmes de brillance avec l’écran et le résultat n’est bien visible qu’une fois qu’il apparaît …. validé. Trop tard donc.

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      2. Pierre Sauvage

        La crispation, elle est partout, Luc. Je connais bien la société (archi-?) « Germaine », j’y vois malgré la (relative) prospérité économique, une montée du nationalisme, d’un sentiment de supériorité et son corolaire : le problème c’est les autres (ils sont pas comme nous, ces cons…). Quant à l’égoïsme et à la mesquinerie, sur ce plan ils n’ont absolument rien à nous envier (je rajouterai l’esprit petit-comptable et le manque cruel d’individualité…entre autres… autant dire que c’est plutôt chiant).

        « En France c’est soit très convivial, soit très violent » : des « amis » québécois m’ont dit ça un jour de visite dans notre beau pays.
        Assez vrai, non ?
        C’est pas chiant, quoi.

        C’est dur d’être un immigré. N’importe où. C’est dur d’éprouver l’altérité quotidiennement.
        Mais parfois ce n’est pas qu’une question de nationalité et de culture.

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      3. Pierre Sauvage

        Je rajouterai, Luc, que la France n’est pas archi-latine (certes les PO le sont plus que le Finistère ou la Nièvre mais la France l’est moins que TOUS les autres pays latins) et qu’ « archi-latin » n’est pas un problème en soi.

        Pourquoi le monde (l’Europe, la France…) devraient se plier encore et toujours plus à une idéologie, une façon de penser, de vivre, de travailler… uniforme et … anglo-saxonne ?

        Quand il y a colonisation, don’t blame the victims.

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  25. J. Gervais

    Cette initiative me fait penser à un titre de Zappa, Montana … ‘Gonna be a Dental Floss tycoon’. Tu parles d’avant-garde 😀

    I might be movin’ to Montana soon
    Just to raise me up a crop of Dental Floss Raisin’ it up
    Waxen it down
    In a little white box
    I can sell uptown
    By myself I wouldn’t
    Have no boss,
    But I’d be raisin’ my lonely Dental Floss
    Raisin’ my lonely Dental Floss
    Well I just might grow me some bees
    But I’d leave the sweet stuff
    For somebody else…
    but then, on the other hand
    I’d Keep the wax N’ melt it down
    Pluck some Floss N’ swish it aroun’
    I’d have me a crop
    An’ it’d be on top

    (that’s why I’M movin’ to Montana)

    Movin’ to Montana soon
    Gonna be a Dental Floss tycoon
    (yes I am)
    Movin’ to Montana soon
    Gonna be a mennil-toss flykune
    I’m pluckin’ the ol’ Dennil Floss
    That’s growin’ on the prairie
    Pluckin’ the floss!
    I plucked all day an’ all nite an’ all Afternoon…
    I’m ridin’ a small tiny hoss
    (His name is MIGHTY LITTLE)
    He’s a good hoss
    Even though He’s a bit dinky to strap a big saddle or
    Blanket on anyway
    He’s a bit dinky to strap a big saddle or
    Blanket on anyway
    Any way I’m pluckin’ the ol’ Dennil Floss
    Even if you think it is a little silly, folks
    I don’t care if you think it’s silly, folks
    I don’t care if you think it’s silly, folks
    I’m gonna find me a horse
    Just about this big
    An’ ride him all along the border line
    With a Pair of heavy-duty
    Zircon-encrusted tweezers in my hand
    Every other wrangler would say
    I was mighty grand
    By myself I wouldn’t
    Have no boss
    But I’d be raisin’ my lonely Dental Floss
    Raisin’ my lonely Dental Floss
    Raisin’ my lonely Dental Floss
    Well I might Ride along the border
    With my tweezers gleamin’
    In the moon-lighty night
    And then I’d Get a cuppa cawfee
    N’ give my foot a push…
    Just me ‘n the pymgy pony
    Over the Dennil Floss Bush
    N’ then I might just Jumb back on
    An’ ride Like a cowboy
    Into the dawn to Montana
    Movin’ to Montana soon

    (Yippy-Ty-O-Ty-Ay)

    Movin’ to Montana soon

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  26. Thomas Déjean

    Bonsoir à tous.
    Il ne me semble pas que le Sauternes soit vendu à pérrier, il s’agit là de com sur un mariage possible…tout est criticable.
    Je pense que nous pourrions avoir la même discussion sur de la « mixologie » déjà existante marriant des AOP avec des… patés: mousse de foie au sauternes, payé de lapin au Banyuls,etc…
    @Pierre Sauvage: pour mon enrichissement personnel, pourriez vous m’expliquer « La seule valeur est le pognon ; et à Sauternes il y a trop de patrimoine à « protéger ». »

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    1. Pierre Sauvage

      Parce que c’est un vignoble traditionnellement riche, qui n’a plus rien à prouver ni à construire, mais plutôt tout à protéger, à commencer par ses ressources financières (je sais que ça va mal).
      Manque de bol, le marché prouve : soit que c’est trop cher, soit que c’est pas assez bon pour le prix. Dans les 2 cas, c’est la loi du marché mais, peut-être, est-on dans le Bordelais un petit plus conservateur que libéral ?

      Et puis, seule valeur pognon car quand on se vend à de l’eau minérale, ce n’est ni une démarche qualitative ni la valorisation du produit que l’on recherche. Ca fait un peu manque de respect de soi-même. Tristouille.

      Bien sûr « on » pardonne moins à Sauternes qu’à une appellation inconnue, sans tradition et sans image. La rançon d’une certaine position, d’un certain statut, à assumer. Bref, le beurre, l’argent du beurre… pas de chance.

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  27. Je me suis fait retoquer à deux reprises pour des histoires de marque par l’inao :
    – « Clairet de Ballan » (utilisation interdite d’une AOC dans un nom commercial)
    – « Château Peynaud-Champagne » composé du nom de deux parcelles cadastrales, marque enregistrée par le précédent propriétaire, refusée lors du renouvellement à l’occasion du transfert de propriété.
    Du coup, j’ai un peu de mal à comprendre par quel miracle la marque commerciale « So Sauternes » par un acteur privé a pu être validée sans réaction de l’inao…

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