Nous poursuivons notre exploration de la macération carbonique, entamée la semaine dernière, en nous appuyant toujours sur l’exemple des Corbières; mais avec le millésime 2015, cette fois.
Le millésime 2015 en Corbières est qualifié de solaire, après un printemps sec et un été très chaud, des épisodes cévenoles sont venus perturber les vendanges. Les pluies capricieuses ont écrit les équilibres des vins. Redonnant de la fraicheur par endroit, finissant la maturité ailleurs mais détruisant une partie de la récolte quand la pourriture ne pouvait plus être maitrisée. Un millésime difficile qui a quand même été reconnu d’une exceptionnelle qualité par certains journalistes et qualifié de « promesse d’un des plus beaux millésimes en Languedoc depuis les 50 dernières années » selon le producteur-négociant Gérard Bertrand.
NB: Cette dégustation a été réalisée avec Marco, saurez-vous reconnaître ses commentaires ?
Château de Caraguilhes
Un des premiers gros domaines à être passé en bio en 1998 puis en biodynamie. 135 hectares de vigne et 500 ha de garrigues, un domaine présidé par Pierre Gabison. Sur place on connait bien Etienne Besancenot, le régisseur impliqué dans l’AOC Corbières-Boutenac. Tous les vins sont bons et plus ou moins chers.
Château de Caraguilhes, L’échappée belle, AOC Corbières Boutenac 2015
Le nez encore fermé, la robe d’un pourpre violine, les notes de fraicheur de cave le présentent comme mon oncle JC qui fait sa sieste. Un oncle fringant qui donne de la prune confite, du miel et des noisettes à son éveil. Fier aussi en bouche, les tanins sont serrés autour d’une fraiche amertume de camomille. C’est bon mais il n’est pas au pic de sa force. Peut attendre encore. On le referme pour quelques années.
Comment ça il n’y en a plus ? 25€
Carignan 70%, mourvèdre 30% vinifiés ensemble en MCO2
www.caraguilhes.fr
Château Ollieux Romanis
Un domaine historique et familial des Corbières, aujourd’hui dirigé par Pierre Bories, ancien président de l’AOC Corbières-Boutenac qui a su le développer comme une grande entreprise. L’essentiel des vignes est planté sur le massif de la Pinada, le terroir exemplaire du Boutenac. La cuvée Atal Sia en est un exemple régulier aussi bien fruitée que charnue.
Château Ollieux Romanis, Atal Sia, AOC Corbières-Boutenac 2015
Tout en épices et fruits compotés pour le nez et des épices poivrées pour les papilles avec le velouté fondant.
Un grenat sombre, un nez sanguin de gibier aux fruits des bois, airelles, thym et aiguilles de pin. La bouche aussi sauvage commence pourtant avec de la douceur, celle des fruits et des épices mais qui, vite, montre son caractère, sa puissance, sa détermination à occuper tout l’espace Palatin avec force. Tout s’installe, fruit, épices, minéral, fraicheur, amertume. Puis tout s’assagit, la place conquise par le charnu, la vivacité et le pointu, la longueur aussi, suave et enjôleuse et ça on ne l’aurait jamais cru. 27€
Carignan 65%, grenache 25%, mourvèdre 10% sur différents terroirs, en macération carbonique
Château La Voulte-Gasparets
La Voulte-Gasparets à Gasparets, hameau de Boutenac, indissociable de sa cuvée Roman Pauc, un des plus célèbres Corbières à base de carignan. Produit en macération carbonique. Il est probable que c’est ce qui lui donne son charme irrésistible.
Château La Voulte-Gasparets, Cuvée Roman Pauc, AOC Corbières Boutenac 2015
Ce qui plait c’est le côté savoureux en bouche, c’est un vin qui a bon goût et le partage volontiers. Minéral et fruité, camphré Grenat carmin au trouble suggestif qui nous trouble avec ses senteurs de camomille et de verveine maculées de jus de groseille. La bouche glisse comme une ombre, semble passer sans accroche. Mais dire cela c’est se tromper, ne pas voir sa rondeur fruitée, ne pas ressentir sa griffe tannique, ne pas palper sa présence épicée, faire fi de sa dynamique, snober sa jeunesse encore bien présente. Vous l’avez compris ce vin, explorez-le, auscultez-le, tâtez-le, vous lui ferez plaisir et vous y trouverez le même agrément.
Carignan 50%, grenache 25%, mourvèdre 25%, syrah 10%
Château Jérémie
Ce château situé sur la commune de Fabrezan a été repris par les Domaines Paul Mas.
Château Jérémie AOC Corbières 2015
Robe brune et grenat. Un nez de fruit confit et de tomates séchées, c’est très ensoleillé. La bouche est suave, les tanins cotonneux, enrobés d’épices et de réglisse. Un léger déséquilibre entre la promesse riche et fruitée du nez et la relative fermeté des tanins. Un peu en dessous des autres… 12€
Carignan 45%, grenache 30%, syrah 15%, mourvèdre 10%
Castelmaure
La cave coopérative d’Embres et Castelmaure a été la première à comprendre l’indispensable association entre qualité et communication. La qualité acquise avec un peu de rigueur au vignoble et d’intelligence à la cave. La stratégie comprise et mise en place par le président et le directeur de la cave (en l’occurrence Patrick de Marien et Bernard Pueyo, dans les années 2000). La communication construite avec la complicité habile de Vincent Pousson. Un joli terroir minéral et une soixantaine de vignerons. Résultat, Castelmaure produit d’excellents Corbières, dont une bonne partie en macération carbonique et ils se vendent très bien.
Castelmaure, cuvée La Pompadour, AOC Corbières 2015
La fraîcheur du fruit frais sur un velouté tendre et doux. Bien joué.
Il lui reste un rubis accroché à la robe améthyste. Un petit nez coquin comme un grain de café. Mais c’est en bouche qu’il plait. Non par démonstration, mais par élégance et raffinement. C’est de la soie mon cher et de belle qualité, parée d’un brocard fruité d’une merveilleuse texture veloutée. C’est le touché qui ici prédomine, détermine la présence du vin, le fruit, framboise, burlat, groseille vient soutenir, amplifier le grain de la trame succulente. Le tanin, lui, en tisse les coutures d’un fil de réglisse qui semble amer et nous rafraichit avec grâce. La Pompadour n’aura aucun mal à nous séduire.
Carignan 52% et syrah 26% en MCO2, grenache 22%
Domaine Prieuré Sainte Marie d’Albas
Au pied de l’Alaric, la montagne totem des Corbières, située au nord-ouest de l’appellation.
Prieuré Sainte Marie d’Albas, Clos de Cassis, AOC Corbières 2015
Quelle richesse, quelle chaleur, quelle sucrosité. IL y a du fruit confit comme le pruneau et l’abricot sec, du miel et une pincée de noix. On est dans le Sud, l’été bat son plein. Pour autant, les tanins reprochent un peu ce superlatif de vin, faudrait-il qu’on patiente encore un peu ? Ou bien on l’apprécie dans cette opulence sucrée sur un plat tout aussi méditerranéen comme un tajine d’agneau aux fruits secs ou confits. Il saura faire fondre les tanins. C’est si riche que c’en est rassurant.
Il a du souffle qui lui apporte de la fraicheur, alors qu’il a peu d’acidité. 17€
https://www.saintemariedalbas.com
En guise de conclusion
Sept ans, c’est l’âge de raison pour ces vins issus principalement de carignan en macération carbonique. On sent qu’il y en a encore assez pour jouer les prolongations, même quand le millésime est chaud. Une information intéressante, vue de cet été caniculaire…
Les 5 du Vin 
Après les deux supers articles de Nadine qui n’aurait pas envie de tester quelques millésimes de quelques années. Sept ans, c’est à la fois peu et beaucoup, tout dépend du vin bien entendu. Mais n’hésitez pas, vous avez une cuvée abandonnée dans la cave, sortez-la des ténèbres et régalez-vous !
Marco
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Je prépare un article sur l’âge du vin pour septembre histoire de convaincre encore quelques ignorants….
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Top!
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